Viser une pression artérielle de 120 mm Hg présente des avantages et des risques qui sont à discuter avec certains patients, explique la Revue Prescrire dans son numéro de septembre.
Chez les personnes atteintes d'hypertension, « le risque cardiovasculaire augmente de manière continue avec la pression artérielle à partir de 115/75 mm Hg
», indique la revue. « Un traitement hypotenseur a pour but de réduire la mortalité et les accidents cardiovasculaires
», rappelle-t-elle.
Chez les personnes en santé « sans atteinte cardiovasculaire ni rénale et sans diabète, et hors grossesse, certains médicaments hypotenseurs sont justifiés quand la pression artérielle est supérieure à 160/90 mm Hg
», selon la revue. Le traitement de premier choix est alors un diurétique thiazidique ou un inhibiteur de l'enzyme de conversion (IEC).
« Dans l'essai randomisé Sprint, mené aux États-Unis d'Amérique sur fonds publics et fortement médiatisé, abaisser la valeur-cible de pression systolique autour de 120 mm Hg a diminué la mortalité totale par rapport à une valeur-cible autour de 135 mm Hg : 3,3 % de morts en environ 3 ans dans le groupe traitement "intensif" versus 4,5 % dans le groupe traitement "standard".
Mais il s'agit d'un essai non aveugle dont les patients inclus ne sont pas représentatifs de la majorité des patients hypertendus : les patients de l'essai étaient à risque élevé d'accident cardiovasculaire, souvent en surpoids mais non diabétiques, sans antécédent d'accident vasculaire cérébral ni insuffisance cardiaque symptomatique. L'avantage sur la mortalité a été obtenu au prix de deux fois plus d'effets indésirables graves, notamment rénaux. Pour tenter d'atteindre une pression artérielle systolique autour de 120 mm Hg, la plupart des patients ont eu à prendre trois médicaments hypotenseurs ou plus, augmentant les risques d'effets indésirables et d'interactions médicamenteuses. Mi-2016, ces résultats restent à confirmer par d'autres essais.
Mieux vaut ne retenir cette valeur-cible de 120 mm Hg que chez des patients informés de la balance bénéfices-risques, et renoncer à atteindre ce seuil quand l'accumulation de médicaments expose à trop d'effets indésirables. »
En 2013, la revue rapportait que chez les personnes dont la pression artérielle se situe entre 140/90 mm Hg et 160/95 mm Hg, sans autre facteur de risque d'accident cardiovasculaire, il n'est pas démontré que la balance bénéfices- risques d'un traitement antihypertenseur médicamenteux soit favorable. En 2014, des experts estimaient aussi dans le British Medical Journal qu'une hypertension inférieure à 160/100 ne devrait pas être traitée par médicaments.
Psychomédia avec source : Prescrire.
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