Il y a ensuite les risques de complications potentiellement graves que le Dr. Dupagne catégorise ainsi:
La pneumonie bactérienne
La pneumonie bactérienne est la complication grave de la grippe la plus fréquente. Elle touche plus souvent des personnes qui ont une maladie préexistante (diabète, sida, bronchite chronique...), dit-il (ce que les autorités américaines ont remis en question la semaine derniere en ce qui concerne la grippe A). Le manque de repos pendant une grippe peut aussi favoriser sa survenue. Sa fréquence est mal connue et évaluée entre 1/10 et 1/100 des grippés. Cette pneumonie se guérit généralement bien avec des antibiotiques.
Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) indiquaient au cours de la semaine dernière une augmentation des pneumonies bactériennes (à pneumocoque) à travers le pays et recommandaient le vaccin pneumoccocique pour les personnes à risque telles que les fumeurs. Selon les analyses dans 9 villes américaines, les cas de pneumonies seraient trois fois plus nombreux qu'à la même période l'an passé (à Denver par exemple, 58 comparativement à 20). Alors que les cas les plus sévères se produisent habituellement chez des personnes âgées, indiquait les CDC, 62% des personnes atteintes cette année à Denver sont des personnes âgées entre 20 et 59 ans. Une analyse de 75 cas mortels de la grippe a révélé la présence de la bactérie dans 1/3 des cas.
Le syndrome de détresse respiratoire aigu sévère (SDRAS)
Le syndrome de détresse respiratoire aigu sévère (SDRAS), parfois désigné par les termes grippe fulminante ou de grippe maligne, est une complication rare et grave. Il s’agit d’une pneumonie qui n’est pas due à une bactérie, mais au virus lui-même. Cette complication peut toucher n’importe qui, jeune, vieux, personne en bonne santé le plus souvent. Elle touche probablement entre 1 personne par 100.000 et 1 par 1.000.000. Elle est mortelle dans un nombre de cas compris entre 1/10 et 1/2 selon la gravité initiale. On parle alors de mortalité directe de la grippe. Des séquelles pulmonaires graves peuvent persister.
Les complications neurologiques
La principale complication neurologique est le syndrome de Guillain Barré, indique le Dr. Dupagne. Il s'agit d'une maladie inflammatoire auto-immune dans laquelle le système immunitaire attaque les nerfs périphériques. La myéline, une gaine protectrice des nerfs, est endommagée, ce qui entraîne un ralentissement de la transmission du signal nerveux. Ce syndrome est de gravité variable. Les symptômes vont d’un simple fourmillement passager à une paralysie définitive très rare. Il n’est pas spécifique de la grippe et peut être déclenché par de nombreux facteurs, y compris la vaccination mais dans une mesure moins importante. Après 4 semaines, indique le site WebMD, la plupart des personnes atteintes commencent à aller mieux. La plupart récupèrent leurs capacités physiques au bout de 3 à 6-12 mois. Environ 10% gardent des séquelles motrices. Jusqu'à 5% peuvent en décéder.
La grippe provoque aussi très rarement des encéphalites. La fréquence des atteintes neurologiques graves (non réversibles) est très basse et inconnue, se situant probablement entre 1/100.000 et 1/1000.000 des grippés.
Le décès
Un rapport de l'Invs portant sur la saison 2004-2005 en France pour la grippe saisonnière évaluait la mortalité globale à environ 1 par 10.000. Ce qui rejoint les chiffres constatés en Nouvelle -Zélande pendant l’épidémie hivernale due au nouveau virus de la grippe A H1N1. L’analyse de ces décès en France montre qu’il s’agit essentiellement de personnes âgées.
Le décès de personnes jeunes grippées est plutôt dans la fourchette 1/100.000 à 1/1000.000 et est souvent associé à une maladie préexistante. Les chiffres récents de mortalité, provenant de pays où l’épidémie est importante (USA), sont compatibles avec cette estimation. Néanmoins, les données des épidémies précédentes concernent le virus H3N2 qui était dominant ces dernières années. Il est possible que la mortalité chez les personnes jeunes s'avère supérieure avec le virus H1N1. Elle pourrait atteindre, dans le pire des cas 1/100.000 chez l’enfant et la personne jeune en bonne santé, selon le Dr. Dupagne. Néanmoins, dans la mesure ou cette grippe touche peut-être dix fois plus de jeunes que les autres années (car ils ne sont pas immunisés), il est normal et attendu que les cas graves et les décès chez les jeunes soient dix fois plus nombreux.
La femme enceinte présente un excès de risque de décès qui ne dépasserait par un facteur de 5, d’après les études disponibles. Une femme enceinte en bonne santé qui contracte la grippe aurait donc environ 49.999 chances sur 50.000 de ne pas mourir.
Psychomédia avec sources: Faut-il ou non se faire vacciner contre la grippe ? par Dr Dominique Dupagne (site Atoute), CNN, WebMD.