Environ 1% des gens infectés par le virus du sida contrôlent l’infection et ne développent pas la maladie malgré plus de 10 ans de séropositivité et en l’absence de traitement.
Des chercheurs français de l'Institut Pasteur et de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en collaboration avec une équipe de l'hôpital Bicêtre ont identifié une particularité de leur système immunitaire qui explique cette protection.
Cette étude pourrait avoir des implications importantes pour la recherche en immunothérapie du sida et la recherche vaccinale.
En 2005, l’équipe du Pr. Jean-François Delfraissy du CHU Bicêtre avait identifié des patients infectés par le virus mais ne développant pas la maladie. L’étude a porté sur 11 de ces patients, dont certains ont été diagnostiqués dès 1983. Chez ces individus on ne détecte pas (ou rarement) de multiplication du virus dans leur sang, en l’absence de traitement.
Les chercheurs ont d’abord démontré que leurs lymphocytes T CD4, les cellules cibles du VIH, étaient sensibles au virus, comme dans la population générale, et qu’il n’y avait donc pas une résistance intrinsèque à l’infection.
Leurs recherches se sont ensuite axées sur la réponse d’autres lymphocytes T, les CD8 dont certains sont de véritables cellules tueuses capables de reconnaître très spécifiquement des cellules infectées et de les tuer.
La nouvelle information apportée par cette étude est que leurs T CD8, mis en contact avec leurs propres T CD4 (les lymphocytes sensibles au sida), sont capables, sans aucune stimulation préalable, d’inhiber totalement leur infection in vitro. Il n’y a plus trace de production virale dans les cultures des lymphocytes T CD4 infectés et l’étude démontre que ceci est dû à une destruction puissante et rapide des cellules infectées.
Plus important encore, les chercheurs ont réussi à caractériser le profil de ces lymphocytes T CD8. En comparant les lymphocytes T CD8 de ces patients avec ceux qui développent la maladie, ils ont montré que deux « marqueurs d’activation » de ces lymphocytes - des molécules à leur surface - étaient exprimés en quantités très différentes dans les deux populations de patients.
Des recherches futures pourraient viser, par des méthodes de stimulation du système immunitaire, à obtenir des lymphocytes T CD8 du même profil que ceux des patients qui résistent à la maladie.
Source:
La Gazette du Laboratoire