À l'occasion de la 4e Conférence francophone VIH-sida, le journal Libération a interviewé Christine Katlama, coprésidente de la Conférence et professeure de maladies infectieuses à l'hôpital la Pitié-Salpêtrière, à Paris sur les avancements actuels de la recherche sur les traitements.
Pour Dr. Katlama, témoin depuis vingt ans de toutes les étapes des traitements contre le sida,
nous sommes actuellement à un moment décisif avec l'arrivée de nouvelles molécules qui permet de revenir au concept d'éradication après plusieurs années où cela semblait une frontière impossible à franchir (Libération)
"Aujourd'hui arrivent de nouvelles molécules qui vont agir avec d'autres dans la réplication [reproduction, note de libération] du virus. En particulier des molécules qui agissent sur l'entrée du virus dans la cellule, et d'autres sur l'intégration du virus dans le génome. Ces nouvelles molécules peuvent être associées à celles qui, aujourd'hui, attaquent la machinerie virale à différents points vitaux pour le virus. (...)
On a toujours dit et pensé que c'était l'intégration du virus dans la cellule qui posait problème, car c'est là que le virus arrive à se cacher et à demeurer. Si l'on parvient à faire en sorte que le virus ne s'intègre plus, on peut alors imaginer la disparition complète du virus dans le système immunitaire. (...) Et c'est d'autant plus nécessaire que, du côté des vaccins, on est toujours dans des perspectives lointaines et plutôt moroses.
(...) Ces nouvelles molécules (...) arrivent. Elles devraient être commercialisées en 2008. Très honnêtement, pour ceux qui ont pu en bénéficier, cela a bouleversé leur vie. Ces patients étaient dans le multiéchec thérapeutique, on n'avait plus guère d'espoir pour eux, et là tout redevient possible.
(...) Les traitements classiques, marchent aussi de mieux en mieux. "80 % des patients suivis dans les hôpitaux ont une charge virale [taux de particules virales circulant dans le sang] indétectable. C'est-à-dire qu'il n'y a plus de traces de la multiplication du virus, même si on sait que le virus persiste, intégré dans les cellules et tapi dans des lieux réservoirs où le virus demeure. (...) Il y a quelques années, nous étions à 50 %. (...) Le défi, maintenant, c'est d'une part d'empêcher toute réplication du virus, condition essentielle à l'absence de développement de la résistance, d'autre part d'imaginer les traitements qui pourront être efficaces et bien tolérés pendant des dizaines d'années par les patients. Ces nouvelles molécules sont des produits bien tolérés. Pour la première fois, on pourra combiner une très grande puissance antivirale et une bonne tolérance."
Source: Libération