Il existe un lien entre la qualité de l'alimentation et la santé mentale, confirme une analyse de la littérature scientifique publiée dans la revue Molecular Psychiatry.
Et cette relation va au-delà de l'effet de l'alimentation sur le poids corporel ou d'autres aspects de la santé qui peuvent à leur tour affecter l'humeur.
Camille Lassale de l'University College London et ses collègues du Royaume-Uni, d'Espagne et de France (1) ont analysé les données de 41 études, dont 20 études longitudinales.
Sur les 41 études, quatre portaient spécifiquement sur le lien entre le régime méditerranéen et la dépression chez 36 556 personnes. Les participants qui suivaient le régime méditerranéen avaient un risque de dépression réduit de 33 % comparativement à ceux dont l'alimentation se rapprochait le moins du régime.
Une alimentation pro-inflammatoire, riche en graisses saturées, en sucre et en aliments transformés, était aussi associée à un risque accru de dépression dans cinq études longitudinales portant sur 32 908 personnes en France, en Australie, en Espagne, aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Favoriser les aliments anti-inflammatoires riches en fibres végétales, vitamines, minéraux et polyphénols, comme les fruits, les légumes, les légumineuses, le poisson, l'huile d'olive et les noix, réduisait le risque de dépression.
« Un régime pro-inflammatoire peut induire une inflammation systémique, ce qui peut directement augmenter le risque de dépression.
» (Les aliments pro-inflammatoires sont liés à la dépression.)
« Il y a aussi de nouvelles données qui montrent que la relation entre l'intestin et le cerveau joue un rôle clé dans la santé mentale et que cet axe est modulé par les bactéries gastro-intestinales, qui peuvent être modifiées par notre alimentation
», explique la chercheure.
« Si l'on considère que, de plus, des essais randomisés ont montré les effets bénéfiques de l'amélioration de l'alimentation sur la dépression, il y a maintenant de solides arguments amenant à considérer l'alimentation comme une approche importante en médecine psychiatrique
», concluent les chercheurs. (La psychiatrie nutritionnelle : traitement de l'avenir en santé mentale - ex. de nutriments.)
« Ces résultats appuient le recours à un counseling diététique de routine dans le cadre d'une visite chez le médecin, en particulier chez les praticiens en santé mentale. Ceci est important au niveau du patient, mais aussi au niveau de la santé publique, en particulier dans un contexte où l'alimentation de faible qualité est désormais reconnue comme la première cause de mortalité précoce dans les pays à revenu moyen et élevé et où les troubles mentaux sont la première cause d'invalidité.
»
Il est urgent de mener des études d'intervention pour examiner la capacité du changement alimentaire à améliorer la santé mentale, concluent les chercheurs.
Pour plus d'informations sur la dépression, la dépression et l'alimentation et sur la psychiatrie nutritionnelle, voyez les liens plus bas.
(1) Tasnime Akbaraly du CHRU de Montpellier et Amaria Baghdadli de l'Université de Montpellier.
Psychomédia avec sources : University College London, Molecular Psychiatry.
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