Qu'est-ce qui fait que l'on considère qu'une personne est sage ? Que l'on recherchera, par exemple, son opinion lorsque des décisions doivent être prises dans des situations complexes comportant des incertitudes ?

Des chercheurs de 26 institutions en Amérique du Nord et du Sud (Canada, États-Unis, Équateur et Pérou), d'Asie (Chine, Inde, Japon et Corée du Sud), d'Afrique (Maroc et Afrique du Sud) et d'Europe (Slovaquie) ont mené une étude dans huit régions culturelles afin de vérifier comment les gens de différentes cultures identifient la sagesse.

Leurs résultats ont été publiés en août 2024 dans la revue Nature Communications.

Les différences de traditions philosophiques entre les cultures suggèrent que la perception sociale de la sagesse peut varier considérablement d'une société à l'autre, soulignent les chercheurs. On peut s'attendre, par exemple, à des différences dans les cultures individualistes et collectivistes. Mais certaines théories en psychologie laissent entrevoir une convergence possible dans la perception de la sagesse entre les cultures.

Afin d'élucider la question, les psychologues Maksim Rudnev et Igor Grossmann de l'Université Waterloo (Ontario, Canada) ont, avec leurs collègues, interrogé 2 707 participants issus de 8 régions culturelles représentant 13 langues à l'aide d'un questionnaire qui leur demandait de comparer la sagesse de paires de personnes fictives (ex. scientifique, professeur, politicien…) dans des contextes de choix difficiles, selon 19 caractéristiques qui ont été liées à la sagesse dans la littérature philosophique et psychologique.

Deux dimensions de la sagesse

Dans les différentes cultures, les jugements des participants convergeaient vers deux dimensions :

  • l'orientation réflexive, qui comprend des caractéristiques telles que la pensée logique, le contrôle des émotions et l'application des connaissances ;

  • la conscience socioémotionnelle, qui comprend des caractéristiques telles que l'attention aux sentiments des autres et l'attention au contexte social.

Bien que ces deux dimensions fonctionnent ensemble, « les gens associent davantage la sagesse à l’orientation réflexive. Si une personne est considérée comme incapable de réfléchir et de penser de manière logique, alors les perceptions selon lesquelles elle est compétente sur le plan socioémotionnel et moral ne compenseront pas », explique Igor Grossmann.

L'orientation réflexive peut être considérée comme l'élément principal de la perception de la sagesse à travers les cultures, tandis que la conscience socioémotionnelle intervient comme un élément secondaire, dépendant du contexte et de la culture.

Dans la plupart des sociétés, les gens se considéraient eux-mêmes comme étant supérieurs aux personnes données en exemple dans le questionnaire en ce qui concerne les compétences socioémotionnelles et inférieurs en ce qui concerne les compétences réflexives. Ce qui s'inscrit, notent les chercheurs, dans le prolongement de recherches antérieures sur la personnalité (une plus grande valorisation de l'agréabilité par rapport à la tendance à être consciencieux) et sur le rôle de facteurs culturels tels que la valorisation de la chaleur humaine plutôt que de la compétence. Contrairement à des données existantes, cette tendance à la valorisation de soi était présente en Asie de l'Est ainsi que dans d'autres parties du monde.

Pour plus d'informations sur la psychologie de la sagesse, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : University of Waterloo, Nature Communications.
Tous droits réservés.