Une forte identification à une idéologie politique, qu'elle soit de droite ou de gauche, est liée à une capacité plus faible de flexibilité cognitive, selon une étude de l'Université Cambridge (Royaume-Uni) publiée dans le Journal of Experimental Psychology.
Cette rigidité mentale rend plus difficile de tenir compte de nouvelles informations ou de s'adapter à de nouveaux environnements.
Leor Zmigrod et ses collègues (1) ont mené cette étude afin de déterminer, en utilisant des tests psychologiques, si les personnes les plus « extrêmes » sur le plan politique partagent un certain « type d'esprit ».
Ils ont recruté 743 hommes et femmes d'âges et de niveaux d'éducation différents, issus de tous les horizons politiques, au moyen de la plateforme Amazon Mechanical Turk.
Les participants ont rempli deux tests psychologiques de flexibilité cognitive (un test d'association de mots et un test de tri de cartes). « Il s'agit de tests cognitifs établis et normalisés qui quantifient dans quelle mesure les individus s'adaptent aux environnements changeants et avec quelle souplesse leur esprit traite les mots et les concepts
», explique la chercheure.
Ils ont aussi complété un exercice dans lequel ils avaient deux minutes pour imaginer les utilisations possibles des objets du quotidien.
Les participants rapportaient également leurs sentiments à l'égard de diverses questions sociales et économiques qui divisent et l'étendue du « chevauchement » de leur identité personnelle et celle des partis républicains et démocrates américains.
L'« extrémisme partisan » - l'intensité de l'attachement des participants à leur parti politique favori - était un prédicteur important de rigidité mentale dans les trois tests cognitifs. Les participants plus indépendants démontraient une plus grande souplesse cognitive que les fervents démocrates et républicains.
« Les résultats suggèrent que les processus mentaux fondamentaux qui régissent la capacité à passer d'un concept ou d'une tâche à l'autre sont liés à l'intensité avec laquelle les gens s'attachent aux doctrines politiques, quelle que soit l'idéologie.
»
« Ceux qui ont le moins de flexibilité cognitive voient le monde en noir et blanc et ont de la difficulté avec des perspectives nouvelles et différentes. L'esprit le plus inflexible peut être particulièrement sensible à la clarté, à la certitude et à la sécurité souvent offertes par une forte loyauté envers les idéologies collectives
», souligne-t-elle.
D'autres traits cognitifs, comme l'originalité ou la fluidité de la pensée, n'étaient pas liés à une partisanerie politique accrue, ce qui, selon les chercheurs, suggère la contribution unique de l'inflexibilité cognitive.
« Des études passées ont montré qu'il est possible de cultiver la flexibilité cognitive par la formation et l'éducation. Nos résultats soulèvent la question de savoir si l'amélioration de notre flexibilité cognitive pourrait aider à construire des sociétés plus tolérantes. »
-
La curiosité est le meilleur antidote contre la désinformation selon une étude en psychologie
-
Opinions publiques et politiques : qu'est-ce que la fenêtre d'Overton ?
Pour plus d'informations sur la psychologie de la politique, voyez les liens plus bas.
(1) Peter Jason Rentfrow and Trevor W. Robbins.
Psychomédia avec sources : University of Cambridge, Journal of Experimental Psychology.
Tous droits réservés