Depuis les années 1980, la proportion d'Américains qui se disent seuls a doublé, passant de 20 % à 40 %, rapporte Dhruv Khullar de l'Université Harvard dans le New York Times.
Chez les personnes âgées notamment, environ 1/3 des personnes âgées de plus de 65 ans et la moitié de celles de plus de 85 ans vivent seules.
Des recherches récentes, souligne-t-il, suggèrent que les personnes ayant moins de connexions sociales ont tendance à avoir des habitudes de sommeil perturbées, un système immunitaire altéré, plus d'inflammation et des niveaux plus élevés d'hormones de stress.
Une étude a montré que l'isolement augmente le risque de maladie cardiaque de 29 % et d'accident vasculaire cérébral (AVC) de 32 %.
Une autre analyse regroupant les données de 70 études menées avec un total de 3,4 millions de personnes a montré que les personnes socialement isolées avaient un risque accru de 30 % de mourir dans les 7 années subséquentes, et que cet effet était plus important à l'âge moyen.
Des études, rapporte-t-il, suggèrent que la solitude n'est pas nécessairement le résultat de compétences sociales déficientes ou d'un manque de soutien social, mais peut être causée en partie par une sensibilité inhabituelle aux signaux sociaux. Les personnes seules seraient souvent plus susceptibles de percevoir négativement les signaux sociaux ambigus et d'entrer dans un état d'esprit d'autopréservation qui aggrave le problème.
De cette façon, la solitude peut être contagieuse : quand une personne devient solitaire, elle se retire de son cercle social et amène les autres à faire de même.
John Cacioppo, chercheur en psychologie à l'Université de Chicago et ses collègues, a testé différentes approches pour traiter la solitude. Son travail a montré que les interventions les plus efficaces visent à aborder la « cognition sociale inadaptée », c'est-à-dire à aider les gens, au moyen de la thérapie cognitivo-comportementale, à réexaminer leur interaction avec les autres et leur perception des indices sociaux. (1)
La pierre angulaire de cette intervention consiste à apprendre à identifier les pensées négatives automatiques et à les considérer comme des hypothèses à tester plutôt que des faits.
Ces résultats, estimaient les auteurs, sont cohérents avec un modèle de la solitude comme étant une boucle de régulation dans laquelle les personnes seules ont une sensibilité et une surveillance accrues face aux menaces sociales, portent surtout attention à l'information sociale négative, se souviennent plus des aspects négatifs des événements sociaux, et sont plus susceptibles de se comporter de manière à confirmer leurs attentes négatives.
Des programmes originaux pour combattre l'isolement apparaissent, rapporte Dhruv Khullar.
Par exemple, Paul Tang de la Palo Alto Medical Foundation a lancé un programme, appelé linkAges, qui est un service d'échange intergénérationnel inspiré par l'idée que tout le monde a quelque chose à offrir.
Le programme fonctionne en permettant aux membres de publier en ligne des demandes d'aide : leçons de guitare, partenaire de Scrabble, transport pour un rendez-vous médical… D'autres peuvent alors offrir leur temps et leurs compétences pour combler ces besoins et accumuler une « banque » d'heures pour lorsqu'ils auront besoin de quelque chose eux-mêmes.
« En Amérique, vous avez presque besoin d'une excuse pour frapper à la porte d'un voisin », souligne Tang. « Nous voulons briser ces barrières. »
Par exemple, une étudiante peut voir le message d'un homme âgé qui a besoin d'aide pour son jardinage. Elle l'aide à planter une rangée de fleurs. Quelques mois plus tard, quand elle veut cuisiner un repas malaisien pour son petit ami, un chef à la retraite vient par lui donner des leçons de cuisine.
Vous n'avez pas besoin d'aide ou de compagnie tous les jours, dit-il. « Mais savoir que vous êtes valorisé et que vous êtes un membre de la société qui contribue à celle-ci constitue une incroyable réaffirmation
», dit-il.
Le programme compte maintenant des centaines de membres en Californie et prévoit s'étendre à d'autres régions grâce à la subvention d'une fondation.
(1) Cette approche s'avérait plus efficace que celles visant à améliorer les habiletés sociales, à renforcer le soutien social ou à accroître les possibilités de contacts sociaux.
Psychomédia avec source : New York Times.
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