La perte de moralité est ce qui entraîne, chez les proches d'une personne atteinte de démence, l'impression que cette dernière n'est plus elle-même, qu'elle a perdu son identité, selon une étude américaine publiée dans la revue Psychological Science.
La psychologue Nina Strohminger et le philosophe Shaun Nichols, respectivement des universités de Duke et de l'Arizona, ont mené cette étude avec des proches de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, de démence frontale temporale et de sclérose latérale amyotrophique (SLA).
Les personnes atteintes de SLA (aussi appelée maladie de Charcot ou de Lou Gehrig) constituaient un groupe comparaison. Dans la démence fronto-temporale, la forme de démence la plus commune après l'Alzheimer, le dysfonctionnement préfrontal conduit à un déficit de la moralité (malhonnêteté, mépris des normes sociales, et perte d'empathie).
Des conjoints et enfants des malades ont complété des questionnaires portant sur les symptômes de la personne malade incluant différents types de perte de mémoire, sur ses traits de personnalité et son caractère moral ainsi que sur les changements depuis la maladie, sur la qualité de leur relation avec la personne malade et finalement sur leur perception de l'identité de cette dernière (À quel point avez-vous l'impression que la personne est toujours la même ? Est-ce que la personne semble comme une étrangère pour vous ?)
L'identité se désintégrait principalement lorsque la moralité était altérée, selon les analyses des chercheurs. La primauté de la morale, comme facteur déterminant de l'identité, était vraie même lorsque la déficience morale n'était pas le trait dominant de la maladie. Les autres déficits cognitifs, dont l'amnésie, n'avaient pas d'impact mesurable sur la persistance de l'identité.
Les résultats montrent également que la perception des familles d'un changement de l'identité, un sentiment que l'être cher est en train de disparaître ou est parti, était la principale cause de la détérioration des relations familiales dans les cas de démence.
Ces résultats, notent les chercheurs, apportent une contribution à des questions philosophiques de longue date au sujet de la nature de l'identité, suggérant que la capacité morale est plus importante que la mémoire ou le système émotionnel pour la préservation du soi.
Psychomédia avec source : Association for Psychological Science.
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