Les bases neuronales de l'amusie congénitale, un trouble caractérisé par un déficit des compétences musicales pouvant aller jusqu’à l’incapacité à reconnaître des mélodies simples, commencent à être connues.
Selon une étude française, publiée dans la revue Brain, les personnes amusiques présentent un traitement altéré de l’information musicale et des anomalies anatomiques dans le cortex cérébral auditif et le cortex frontal, surtout dans l’hémisphère droit.
Ces travaux apportent des informations précieuses non seulement sur la compréhension de l’amusie mais aussi, plus généralement, sur les réseaux cérébraux impliqués dans le traitement de la musique.
L’amusie congénitale, qui touche entre 2 et 4 % de la population, peut se manifester de diverses façons : par une difficulté à entendre une « fausse note », par le fait de « chanter faux », voire parfois par une aversion à la musique. Elle n’est due à aucun problème auditif ou psychologique, et ne semble pas liée à d’autres troubles neurologiques.
Selon des travaux antérieurs, les personnes amusiques présentent une difficulté particulière à percevoir la hauteur des notes et à mémoriser des suites de notes.
Philippe Albouy et ses collègues du CNRS et de l’Inserm à l'Université Claude Bernard Lyon 1 se sont intéressées à l’encodage de l’information musicale et à la mémorisation à court terme des notes. Ils ont effectué, sur un groupe de personnes amusiques en train de réaliser une tâche musicale, un enregistrement de Magnéto-encéphalographie (qui mesure, à la surface de la tête, de très faibles champs magnétiques résultant du fonctionnement des neurones). La tâche consistait à écouter deux mélodies espacées par un silence de deux secondes et à déterminer si elles étaient identiques ou différentes.
Lors de la perception et la mémorisation des notes, les personnes amusiques présentaient un traitement altéré dans le cortex auditif et le cortex frontal, essentiellement dans l’hémisphère droit.
Des images par résonance magnétique (IRM) ont aussi montré, au niveau du cortex frontal inférieur, un excès de matière grise accompagnée d’un déficit en matière blanche dont l’un des constituants essentiels est la myéline. Celle-ci entoure et protège les axones des neurones, permettant au signal nerveux de se propager rapidement. Des anomalies anatomiques dans le cortex auditif étaient également observées.
Ces données renforcent l’hypothèse selon laquelle l’amusie serait due à un dysfonctionnement de la communication entre le cortex auditif et le cortex frontal. L’amusie est ainsi liée à un traitement neuronal déficitaire dès les toutes premières étapes du traitement d’un son dans le système nerveux auditif.
Ces travaux permettent d’envisager un programme de réhabilitation de ces difficultés musicales, en ciblant les étapes précoces du traitement des sons par le cerveau et de leur mémorisation.
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