Je n'en peux plus, je suis à bout de forces… J'espère que vous pourrez m'éclairer sur ce que je peux faire pour me sortir de là
Je vis une situation extrêmement difficile professionnellement…
Jusque là, ça allait, disons que j'arrivais à supporter. Je serrais les dents, et j'avançais. Aujourd'hui, lundi 8 décembre, je n'y arrive plus. Je n'ai plus de forces, elle m'ont quittées. Je n'avance plus, je bloque. Comme prostrée… Je suis arrivée au boulot ce matin à 9 heures. Il est 14 heures… et je n'ai toujours rien fait… je bloque littéralement. Envie de rentrer chez moi… mais je sais qu'une fois chez moi, je culpabiliserai… et je ne ferai rien de la soirée que rester prostrée devant la télé
Pour comprendre : ça fait presque 6 ans que je bosse dans la même société (un cabinet de conseil). Je suis manager, c'est-à-dire que je vends des missions, et je gère les missions que j'ai vendue… Jusqu'à il y a un an, tout allait (à peu près) bien. Bonne ambiance de travail, beaucoup d'autonomie, etc.
Depuis quelques mois, la boite va, paraît-il, moins bien. Gros problèmes de cash, selon le directeur financier.
Les managers, dont je fais partie, ont toujours autant d'autonomie mais là, ça devient même trop… Nous avons beaucoup d'autonomie, mais pas de moyens : pas d'outils, pas de méthodo, pas d'assistante pour nous aider dans des tâches administratives… bref, ça devient contre-productif en même temps que démotivant… Je passe tellement de temps à faire de l'administratif (mettre en forme des présentations,…) que je n'ai que peu de temps pour faire le boulot de fond, qui a une vraie valeur ajoutée…
L'ambiance se dégrade de jours en jours. La boite n'est pas structurée, les associés ne veulent pas, ils aiment bien le côté « bordel ambiant bohême »… mais tout le monde est fatigué du manque de structure… tout est à la tête du client… les salaires… tout
Avec mon équipe, nous avons bossé (et sommes en train de terminer), une mission très très difficile. Ca fait 1 an et demi que nous sommes dessus. Nous sommes ébranlés et fragilisés par cette mission qui a été éprouvante. Le client est difficile, le sujet aussi… et les associés du cabinet ont viré le chef de projet du jour au lendemain cet été parce qu'il commençait à devenir gênant (il voulait progresser… voulait une augmentation… bref, il revendiquait…) et n'ont pas voulu le remplacer… Je me suis donc retrouvée avec son boulot plus le mien à assurer… une mission avec des ressources insuffisantes à terminer… Démerde-toi pauvre conne…
Ca, il n'y a personne pour m'aider. En revanche, le directeur financier vient tous les jours me demander quand le client va payer la dernière facture envoyée il y a 5 jours… Il m'épuise… Un vrai charognard… Je peux crever sous le boulot et le stress, demander que le chef de mission soit remplacé parce qu'on ne peut pas continuer la mission dans de bonnes conditions… il s'en fout total… il veut juste que le fric rentre… fût-ce par le harcèlement quotidien… Maintenant, je l'envoie promener, il m'insupporte.
A elle seule, la mission ramène 20% du chiffre d'affaire de l'année… en mobilisant seulement 7% des ressources de la boite… Nous sommes 12 managers à devoir vendre et produire des missions…
Je représente 8% de l'effectif manager, 8% des effectifs mobilisés… et je ramène 20% du CA…
La récompense : aucune. Zéro reconnaissance. Rien rien rien. Pendant que je bosse comme une conne, les mecs lisent des journeaux et fument des clopes… Faut que je la ferme parce que je les déconcentre, et faut que je pense bien à ramener du fric, hein surtout. Le reste, ça ne les intéresse pas.
L'apothéose est arrivée en novembre.
A l'issue de cette mission, chaque consultant qui a bossé dessus doit recevoir une prime, en fonction des résultats obtenus. Les règles de cette prime, très précises (quel montant ? quand la prime est-elle payée…) ont été fixées (et écrites) au lancement du projet (mai 2002), avec une estimation du montant de la prime. Nous avons bien travaillé. Nous avons demandé aux associés et au directeur financier s'ils ne pourraient pas nous payer une partie de la prime « en avance » (cet été, au lieu d'être payée à la fin de la mission), car la mission était finalement plus longue que prévue et que nous avions prévu de toucher la prime mi-2003. Ils ont dit ok. Mais qu'il fallait attendre que la situation de trésorerie de la société s'améliore… alors le paiement aurait plutôt lieu en septembre-octobre qu'en juillet. Ils nous ont donné le montant qu'on recevrait, selon la règle de calcul. On a dit ok, c'est toujours ça de pris. Ca m'a permis de payer mes vacances (j'ai avancé la tréso pour 3 mois…). Un consultant s'est acheté une voiture en avançant aussi quelques mois de tréso.
Finalement ils n'ont rien payé… disant qu'il n'y a pas d'argent….
On attend toujours qu'ils paient, et on est à cran, parce qu'on a avancé de l'argent (pour les vacances, pour acheter une voiture) en pensant qu'en octobre, on pourrait rembourser…
Mais ils disent qu'ils ne peuvent pas payer… « Il n'y a pas d'argent dans la caisse, vous comprenez ?... Parce que on aimerait bien vous payer vous savez… si ça ne tenait qu'à nous…. »…
Pas d'argent dans la caisse ??? En novembre, j'ai appris que les 3 associés fondateurs se sont versé une prime de… 1 million d'euros cet été… Cet été… juste quand ils nous disaient que pour la prime (dont les montants n'ont rien à voir avec 1 million en plus !!), ça allait être difficile hein… la tréso… serrée… vous comprenez…
Le coup de grâce, c'était la semaine dernière… quand je suis tombée sur une facture… pour payer, là, début décembre, les frais de « sponsoring dans les Courses Automobiles » (un des associés se fait financer ses loisirs, en l'occurrence, la course automobile, par la société… sous couvert de sponsoring…. Hum… abus de bien social ???)… qui s'élèvent à…. 183 000 euros (encore bien plus que nos primes…).
Ca m'a achevée.
Je travaille dans une boite où mes efforts ne sont pas récompensés : je bosse et eux empochent le fric (enfin, ça, je ne serai pas la première à qui ça arrive… )… où les patrons mentent… et maintenant insultent, en se versant des primes mirobolantes, en finançant leur train de vie par la boite… et en disant, au même moment « Ahhh… désolé… on ne va pas pouvoir te verser ta petite prime qu'on t'avait promise… on n'a pas d'argent… ».
Je suis dégoutée… Mais à un point… Du coup, je n'arrive plus à avancer. Trop d'humiliation. Bosser pour quoi ??? Pour ces sombres connards qui me prennent pour la dernière des connes… ? Je n'en peux plus. Je bloque.
Que faire ? Démissionner ? Je ne peux pas, j'ai besoin d'argent pour vivre ! Je ne peux pas plaquer mon job sans rien derrière ! Et j'ai vraiment besoin qu'ils me versent l'argent qu'ils me doivent !
Je sais qu'il faut que je cherche un nouveau job, parce que là, la confiance est détruite. Je les méprise, je ne peux pas continuer dans ces conditions.
Mais le marché du travail est si difficile… quand vais-je trouver ? Je suis tellement épuisée et cassée que je n'ai même pas l'énergie de chercher
J'ai peur… dans quel état serai-je, quand j'arriverai à sortir d'ici ??
Tout n'est pas si noir dans ma vie, car, heureusement, j'aime un homme qui m'aime comme un fou… Mais ma tristesse commence à déteindre sur notre couple. Je n'ai goût à rien, pas d'énergie… J'ai envie qu'on avance tous les deux… et en même temps, je suis tellement fatiguée que je n'ai d'énergie que pour m'affaler sur le canapé le soir… et pour m'endormir… me reposer… On fait de moins en moins l'amour, j'ai la libido à zéro
Je ne sais pas comment m'en sortir
Je n'ai pas envie d'aller voir un médecin pour qu'il me file du Prozac et revenir, comme un des managers ici, avec un pêche à tout casser… oubliant qu'il se fait toujours autant insulter !
Que puis-je faire ?