Bonjour Terk,
Oui, moi ! moi !, j'ai vécu la même situation (deux fois en plus, c'est terrifiant).
Je ne sais pas si mes deux expériences t'aideront énormément, mais bon, je pense que mon témoignage peut t'éclairer un peu quand même.
Première fois. J'étais avec mon ami depuis presque 3 ans. On va l'appeler Chapi, pour faire simple. Je l'aimais énormément, je n'avais aucun doute sur le fait que je voulais faire ma vie avec lui, qu'il était l'homme de ma vie. Comme dans ton cas, il y avait eu des hauts et des bas, notre relation n'avait pas toujours été "facile" (mais existe-t-il des relations faciles ???), il avait rompu deux fois dans les 3 ans (pour revenir toujours un mois après en se traitant de tous les noms d'oiseaux possibles, et m'assurant qu'il m'aimait comme un fou). C'est alors que j'ai rencontré Chapo : je venais d'intégrer un cabinet d'audit financier, et tous les nouveaux arrivants partaient deux semaines en formation. Dans le lot, il y avait Chapo (que je ne connaissais pas encore) et moi. En partant, je n'avais aucune mauvaise pensée (genre : tiens, et si j'en profitais pour être infidèle ? Bien au contraire, j'aimais Chapi, ça ne m'effleurait même pas qu'un truc comme ça puisse m'arriver... L'amour pour Chapi serait toujours le plus fort... Je saurais résister si un jour je ressentais du désir pour quelqu'un d'autre). Bon, ça a été totalement raté, parce que j'ai connu Chapo, nous nous sommes très bien entendu, et le désir, irrésistible, était là. J'ai voulu résister, mais impossible. Voilà, une histoire, je devrais dire un enfer d'un an, a donc commencé. Nous avons eu une liaison durant ce seminaire, et ce n'était pas simplement physique, c'était très fort. Mais j'avais un ami, lui une amie, donc nous avons décidé d'en rester là. A contre-coeur, on disait "Il faut qu'on en reste, c'est pas bien, notre histoire est impossible et puis nous sommes très attachés chacun à notre ami(e)" et 5 minutes après, on s'embrassait passionnément...
Rentrés à Paris, nous avons repris notre vie où nous l'avions laissée. Seulement, ce que j'aurais tellement aimé pouvoir prendre comme un simple écart sans conséquence était resté gravé en moi, et continuait son chemin, malgré moi, malgré toute ma volonté. J'étais avec Chapi, au quotidien, et je me disais que notre histoire était belle, mais mon coeur et ma tête s'enfuyaient régulièrement vers Chapo. Etait-ce un fantasme dû à la séparation ou y avaut-il vraiment quelque chose ?? Impossible de savoir ! J'étais déchirée. Le temps a passé, et je n'arrêtais pas de penser à Chapo, que je croisais en réalité très très rarement. Un jour, j'ai appris qu'il s'était séparé de son amie. Et qu'il avait demandé de mes nouvelles à une amie/collègue. Ca m'a beaucoup perturbée. Mais pour autant, j'étais incapable de l'appeler sur le champs. Je me disais : tu vas l'appeler et puis quoi ? Appelle-le si tu es prête à quitter Chapi, sinon, tu vas lui faire du mal, peut-être, et à toi, certainement. Puis, je l'ai revu à l'occasion d'un dîner. Terrible. La flamme, l'attirance étaient toujours là, intactes. Nous avons terminé la nuit ensemble, merveilleuse (Chapi était en déplacement). Chapo a eu un discours bizarre : alors que nous allions chez lui, il m'a dit "Bon, ben moi, je suis célibataire..."; J'ai répondu que je savais, il avait l'air étonné, et que moi, pas. Il m'a dit "Mais attention, je n'ai pas envie de me relancer dans une histoire sérieuse...". Ca m'a perturbée. J'étais tiraillée dans mes sentiments, mais là, il ne me donnait aucune raison de quitter Chapi pour lui de toute façon... Bref, nous avons passé la nuit ensemble et puis plus rien. Je ne lui ai pas fait part de mon tiraillement. Il ne m'a pas dit "Choisis" non plus. Bref, c'est parti en eau de boudin comme on dit. Mais pourtant, je n'arrêtais pas de penser à lui. Ma vie était devenue un enfer : chaque pas que je faisais pour ma relation avec Chapi m'éloignait de Chapo et je n'étais pas sûre que c'était ce que je voulais... Et chaque pas que je pourrais faire avec Chapo devait m'éloigner de Chapi, et je n'étais pas prête, j'en étais malade. Donc, j'étais immobile. N'arrivais pas à vivre à fond ma relation avec Chapi et oublier Chapo. N'arrivais pas non plus à quitter Chapi pour vivre pleinement mon amour pour Chapo et tenter le coup. Ca me rendait malade. Je me disais :"Mais enfin, tu aimes Chapi. Tu sais ce que tu vas perdre (même si ce n'était pas rose tous les jours), mais tu ne sais pas ce que tu vas gagner... Finalement, Chapo sera peut-être décevant... Si ça se trouve, ça ne marchera pas... Si ça se trouve, ça ne sera ni mieux, ni moins bien, alors quel intérêt ??? Qu'est-ce que tu cherches ??? Rien ne sera peut-être jamais mieux qu'avec Chapi !!!". Je crois que j'étais très "sage" et lucide sur les écueils et épreuves de la vie de couple. Le seul hic, c'est que ça ne m'enlevait pas Chapo de la tête et du coeur. Je suis partie en voyage au bout du monde pendant 1 mois avec Chapi. Et je n'arrêtais pas de penser à Chapo. Mais je n'avais toujours pas de réponse à mon problème (je crois qu'on n'en a jamais). Dans l'avion du retour, seule (Chapi continuait le voyage encore 4 mois), j'ai décidé d'appeler Chapo en rentrant, et d'aller vivre avec lui. Et au bout des 4 mois, si j'étais heureuse, alors, je quitterais Chapi. En vivant librement et vraiment ma relation avec Chapo, j'aurais assez de billes pour décider de partir ou rester. C'est moche comme idée, mais bon... Finalement, je n'ai pas pu, parce que quand je suis rentrée, j'ai appris que Chapo s'était tué en vacances. Ca a été horrible. Et un grand soulagement en même temps. Je me suis sentie libérée. Dieu avait choisi pour moi, là où j'avais échoué. Du coup, j'ai retrouvé tout l'amour que j'avais pour Chapi. Plus de tiraillement. Sauf que Chapi m'a quittée en rentrant de voyage et pour de bon cette fois. Affreux. Et là, je me suis dit que j'avais été complètement con. J'ai hésité entre deux hommes, j'ai perdu les deux. Le pire, c'est que j'ai réalisé que si j'avais tellement aimé Chapo et pensé que quelque chose était possible et voulu le vivre, c'est parce que je sentais que quelque chose n'était pas viable avec Chapi... Et donc, j'aurais dû sûrement quitter Chapi, pas seulement pour Chapo, mais parce que Chapo ou non, quelque chose n'allait pas, et n'irait jamais. Chapo avait été le révélateur. Il était peut-être celui qui m'aurait donné le courage de partir, finir cette relation... Sans "parachute", je n'aurais jamais eu le courage de quitter Chapi, pour me retrouver seule... Je n'ai pas vu les signes, je me suis battue au contraire pour rester avec Chapi, rongée par les doutes, les remords, la culpabilité si jamais mon histoire avec Chapo ne marcherait pas. J'aurais dû comprendre que de toute façon, un jour ou l'autre, mon histoire avec Chapi se serait terminée... Que je devrais donc construire autre chose avec quelqu'un... Et si je rencontrais Chapo à ce moment-là, je n'hésiterais pas... Le timing était "contre-nature" (je rencontrais Chapo avant de finir mon histoire) et je ne pouvais l'accepter...
Voilà, si c'était à refaire, je trouverais le courage de quitter Chapi. Mais bon, plus facile à dire qu'à faire...
Seconde fois. Le temps a passé. J'ai un ami depuis plus d'un an. Nous sommes heureux, prévoyons de nous installer ensemble, de nous marier, tout ça. Tout semble parfait, et je pense que ça l'est, très sincèrement. Il y a bien des petits trucs qui clochent, mais ça ne me parait pas fondamental...
Et pif, rebelote, je rencontre un homme, attirance très forte, je ne résiste pas et voilà. Nous entretenons une liaison intense, je suis dingue de lui. Puis, comme dans ton cas, le "nouveau" me lance un ultimatum, me disant qu'il a la sensation que je m'installe confortablement dans une double-vie, que ce n'est pas possible, etc etc... Et me dit "Bon, ben alors quitte ton ami, et on en reparle.". C'est difficile de choisir, il y a tellement de choses différentes des deux côtés de la balance !!! Je laisse une dernière chance à mon couple (je me dis : bon, avant de tout foutre en l'air, on va quand même tout essayer...). Finalement, je n'arrête pas de penser à mon "amant" (même configuration que la dernière fois). Mais cette fois-ci, j'ai été radicale et tranchée. Je me suis dit que ce n'était pas anodin, que ça signifiait qu'il y avait un vrai problème, indépendamment du fait que j'ai un amant. Le problème était en amont. Qu'il fallait que je parte, et pas pour vivre avec mon amant, mais parce que l'histoire que je vivais avait un problème. J'y ai réfléchi pendant quelques semaines. J'ai quitté mon ami. Je sais que j'ai trouvé le courage de le faire parce que quelqu'un m'attendait. Mais ce qui était important, c'est que j'avais réussi à prendre cette décision pour moi avant tout. J'avais checké avant : je me disais : bon, tu quittes ton ami. Si jamais ça ne marche pas avec ton amant ? Au début, je me disais "Ah non, quelle horreur !!!" puis peu à peu, j'ai intégré cette possibilité. Je me suis dit que j'espérais bien que ça marcherait quand même, sinon, pourquoi quitter un homme avec qui je m'apprêtais tout de même à faire ma vie, une vie qui je suis sûre aurait pu être jolie... Et puis, non, je me suis dit que je voulais m'offrir cette chance de vivre une histoire top plutôt que de garder la garantie (et encore, sait-on de quoi est fait l'avenir) de vivre une histoire bien (mais j'allais le tromper encore combien de fois...?). Je suis partie, j'ai vécu des mois merveilleux avec mon amant. Je n'ai JAMAIS regretté. Depuis, l'histoire avec mon amant s'est terminée, et néanmoins, je n'ai jamais regretté mon choix. Ok, je me suis retrouvée seule le "bec dans l'eau" à un moment, un peu con... Mais pas de regret. Je savais que j'avais pris la bonne décision, que ma vie était de toute façon ailleurs, pas avec cet homme que j'avais trompé. Cet homme ne m'apportait pas tout ce dont j'avais besoin, 100% des cas dans une vie de couple, je le sais et ça ne me gêne pas. Mais ce qui me gênait, c'est que je ne pouvais pas m'y faire, me faire une raison (et c'est pourquoi j'étais allée chercher ailleurs) et je ne pourrais jamais m'y faire avec cet homme... J'ai su que l'homme avec lequel je ferai ma vie aura cela de plus que, même s'il ne m'apporte pas tout, les manques ne sont pas fondamentaux. Je n'aurai pas ce besoin irrépressible et durable d'aller puiser ailleurs... Ou alors, ce ne sera pas le bon...
Bon, voilà. Je ne sais pas si ça t'aide beaucoup. Je ne peux pas te conseiller, parce que chaque histoire est unique. J'ai juste envie de dire qu'il y a un risque à partir. Mais à vrai dire, je pense qu'il y a autant de risque, si ce n'est plus, à rester avec quelqu'un qui ne fait pas le point...
Réfléchis, sens les choses. N'attends pas qu'une réponse tranchée arrive par la magie du Saint Esprit ou avec le temps : elle ne viendra jamais. Quitter, est un acte volontaitre et forcément risqué. A toi de voir ce que tu veux pour ta vie, à toi de voir si tu es prête à prendre un risque. Mais fais un choix, un vrai. Tu te tromperas peut-être. Mais tu regretteras forcément si tu laisses le temps "choisir" pour toi.
Tu sais, ne crois pas que tout doit être facile. Même si tu quittes ton ami pour l'autre et que ça marche, il t'aura de toute façon fallu du courage pour le faire. Si tu attends que ça vienne facilement, comme une évidence, tu vas attendre très très longtemps.
Imagine-toi dans les deux situations (Je quitte mon ami pour l'autre : comment je me sens...? Je reste avec mon ami et mets un croix sur l'autre : comment je me sens ?... Imagine tous les scénarios, du pire au meilleur... et vois où va ta Vérité... et ose la vivre... On n'a qu'une vie, et elle n'est pas forcément un cheminement linéaire... le tout c'est qu'elle soit un cheminement vers ce que tu es ou veux être vraiment...)
Courage !