Mon cher Domino,
Merci pour ton optimisme à toute épreuve. Le mien fléchit aujourd’hui et j’accuse la grippe qui me laisse sans force et me donne des douleurs dans le dos et les membres.
Voilà pour la présentation. Maintenant je peux me laisser aller.
Oui, il a rompu. Mais j’avoue que je n’en reviens pas qu’on se voie si peu du coup ! Et bien sûr j’ai peur de ce qui s’en vient.
C’est vrai, tu as raison, il est prudent. C’est une qualité – il est aussi doux, attentif à ses proches, délicat… Moi je suis impulsive, passionnée, impatiente… sauvée par ce besoin vital de raisonner à propos de toute ma vie. Mais alors que je croyais passer facilement à travers cette nouvelle sorte d’attente, je découvre que je n’ai plus du tout de réserves de patience. C’est peut-être la fatigue qui en est la cause ; je l’espère.
Tu as bien compris, il n’y a plus que son côté à elle (en gros) qui ne sache pas qu’il a rompu. Et aussi le petit qui s’entend apparemment si bien avec le fils de sa ENCORE conjointe. Je ne connais pas toutes les réactions, sauf celle de sa fille de 16 ans qui sait les dessous et qui nous semble favorable. J’en suis très heureuse mais je me demande si elle ne m’idéalise pas un peu : mes talents d’écriture, le fait que j’aie fait de la scène en tant que chanteuse, que j’aie beaucoup voyagé, ce que son père a pu lui raconter… Et puis l’échange de messages assez long entre son père et moi sur lequel elle est tombée a pu, en plus la faire rêver : lui avec ses mots d’amour intenses, moi dans le rôle de l’amante désespérée qui décide de renoncer… Une belle romance pour cette adolescente qui rêve de grand amour ! Elle vient de dire à son père qu’elle avait parfois envie que sa (qu’est-ce que je dis maintenant ? sa conjointe ? son ex ?)… bref, qu’elle parte. J’avais cru comprendre qu’elle l’aimait beaucoup !
Tu me dis que tu as l’impression qu’il ne pourra pas tenir longtemps sans lui dire qu’il y a quelqu’un d’autre. Impression venue d’où ? Ma logique à moi, à première vue, me dit la même chose. Mais rien n’est logique là-dedans. Par contre
Par contre je songe à après : s’il est vrai qu’ils réussissent à préserver des liens entre les deux enfants, elle ne disparaîtra pas totalement de notre vie. Ce n’est pas ce qui m’ennuie au fond. Mais si elle doit rester dans le paysage, il me semble important qu’elle sache que je ne suis pas juste celle qui lui succède. Est-ce que c’est simplement une réaction primaire et instinctive qui est complètement injustifiée ? J’ai du mal encore à démêler mes sentiments du reste dans cette idée qui ne m’est venue que tout à l’heure (mais avec force).
Peut-être surtout qu’il est impensable qu’elle puisse rester dans notre entourage et ne jamais savoir. Mais il me paraissait déjà impensable qu’une telle relation demeure cachée bien longtemps et ça fait plus de deux ans !
Oui, oui, je me souviens très bien de cette vieille chanson de Jonasz. À vrai dire j’y ai pensé à quelque reprises ces derniers temps. J’imagine qu’il n’y a pas une vérité absolue en réalité. Mais c’est vrai qu’en ce qui la concerne, tout ce qui touche à une autre femme l’a toujours fait réagir très fort. Dernièrement elle s’est offusquée qu’il discute avec une femme qu’il avait rencontrée en accompagnant son fils à un match parce qu’ils n’étaient pas encore physiquement séparés. Si elle savait !
Pour le fait qu’elle ait tout deviné et le garde pour elle, je pense au bout du compte que c’est toi qui as raison : elle ne voit sans doute toujours rien. Ses reproches sur ses échanges avec une autre (tellement puéril ! Non ?) en sont un signe. Elle voit le danger où il n’est pas. Ce qui lui évite probablement, d’ailleurs, de le fixer sur moi. Parce que c’est une autre chose qui me stupéfie : il rompt avec elle un mois après qu’elle lui ait écrit une lettre pleine d’angoisse sur sa relation avec moi (lettre à laquelle il n’a pas répondu) et elle ne songe pas pour autant que ça puisse avoir un rapport.
Je ne sais pas pourquoi elle veut faire comme si de rien n’était à Noël. Cette femme est une énigme pour moi. Peut-être qu’elle espère rétablir son rêve d’ici là, le convaincre. Ou bien elle veut prendre le temps de préparer son attitude… Je ne sais pas. Être vigilante m’écris-tu… Je suis morte de peur (non, pas à ce point-là…) mais quelle vigilance exercer de l’extérieur ? Et puis on se voit peut-être encore moins en ce moment où il ne veut plus lui laisser son fils, où il évite peut-être plus encore de lui donner des raisons de croire
L’avantage c’est que je lui manque beaucoup ; ça lui évitera peut-être de faiblir.
L’inconvénient c’est qu’il me manque ; beaucoup.
Pour les jeunes enfants on en parle beaucoup. Tout un travail à faire avec eux ! Mais moi ça m’enthousiasme plutôt. Tes mots laissent entendre que tu aurais été un jour un enfant dans cette position. Est-ce le cas ou n’ai-je rien compris ? Peux-tu m’en parler un peu pour me donner une idée des dangers ?
Voilà ! Je vais te laisser là-dessus Domino parce que le temps file à toute allure. Tu as raison, il a besoin de mon support. Ce n’est pas du tout le moment de flancher. Je tâche de regarder les jours un à la fois jusqu’à Noël ; seulement après je ne sais pas ce qui m’attend
Je ne suis pas tout à fait sûre qu’il ait l’impression que j’ai toujours respecté sa façon de faire. Si je l’avais fait, « l’autre » ne se douterait peut-être encore même pas qu’il souhaite s’en aller. Enfin… je n’en sais rien. J’espère qu’il ne s’est pas senti forcé. Il m’en parlera sans doute de lui-même quand tout ça sera derrière.
Il est presque 16 h 30. La journée est bien avancée. C’est toujours ça de passé.
Je vais tâcher de bien dormir, de me soigner et de te revenir débordante de joie et de confiance (si vite ?).
À bientôt,
Je t’envoie plein de pensées affectueuses (pas de baisers, ils seraient trop plein de microbes).
Livie