Salut Christine,
Désolée du retard, j'ai eu quelques imprévus. Je ne t'ai pas oubliée et notre discussion m'intéresse toujours autant.
C'est pas sûr que je puisse reprendre mes études. Déjà je me demande si j'arriverais à étudier correctement, mais revenir dans la même branche, dans la même école, ça me referais plonger dans un lieu et une ambiance qui me font trop rappeler les moments les plus dificilles de ma dépression. J'hésite entre finir ces études au Brésil ou commencer autre chose ici. Mais bon, dans les deux cas ça me demande beaucoup d'énergie, je sais pas si j'ai de quoi.
Tu as fait des études de quoi? Tu pourrais pas simplement changer de domaine sans changer de branche? Et de reprendre à 0 autre chose, où sens-tu la difficulté? Est-ce le fait d'être plus âgée que les autres, d'être au point mort intellectuellement parlant, des handicaps dûs à la dépression ou autre chose?
Dans la clinique où j'ai été je voyais le psychiatre tous les jours, j'avais droit aussi à des entretiens avec une psycologue et on mettait à notre dispositions plusieurs activités. Je crois que j'ai fait un peu de tout. Je faisais tous les jours 1h de gym. (musculation, badminton, vélo, course à pied, ping-pong...) J'ai fait aussi une sorte d'art-thérapie: j'ai dû choisir entre le dessin-peinture et les "travaux manuels" càd peinture sur soie, dessin sur bois, poterie etc. Ce que j'ai préféré c'était la musico-thérapie. On prenait n'importe quel instrument et on essayait de se communiquer avec. Note bien qu'on ne faisait pas de musique, mais un dialogue de sons. Ce que j'ai pas du tout aimé c'était la rélaxation. J'étais particulièrement pleine d'énergie à ce moment et ça m'énervait profondément de rester tranquille sans trop bouger. J'ai été à une ou deux séances et j'ai séché les autres. Autre chose très bien était la physio. Avec moi c'était surtout des massages pour relaxer certains muscles tendus. Certains massages m'enlevaient l'angoisse que je portais tout le temps avec moi. J'y croyais pas du tout au début et j'ai été très surprise du résultat.
A coté de toutes ces activités j'ai eu des bons contacts avec les patients et on faisait plein de choses ensemble. Cela te paraîtra peut-être étrange, surtout que dans mon bâtiment on souffrait tous de "troubles de l'humeur", pour ne pas dire dépréssion, mais on s'amusait énormément, on avait de ces fous rires à ne plus pouvoir s'arrêter de rire. On s'est fait gronder plus d'une fois à table par le serveur pour nos rigolades. Pis les soirs on se racontait des betises, on se faisait des massages, on mettait la musique et on dansait... Comme une vraie colonie de vacances. Certes, des fois on n'était pas d'humeur à s'amuser avec les copains, mais alors l'avantage par rapport à d'autres amis, c'est qu'on savait tous ce que c'était ces crises dépressives et on était respectés. on pouvait êtres tranquilles ou être soutenus, comme on le préferait. Sincèrement je n'ai que des bons souvenirs de là-bas, mais bon, ma mémoire est quand même sélective. Pis pas tout le monde s'intègre totalement comme moi autant aux activités qu'au groupe des patients.
Tout ça c'est mon expérience personelle qui a été très positive car je suis sortie dans un état incomparable à celui de l'entrée. C'est le but, bien sûr, mais les choses ne sont pas toujours aussi faciles. Si ta psy te propose une hospitalisation c'est que ça peut t'aider. Tu devrais t'informer avec elle et avec la clinique en question comment se passe le train-train quotidien chez eux. Demande aussi de faire une visite pour avoir les choses au clair dans ta tête. Tu as peur de quoi exactement?
Je ne sais pas si je pourrai te répondre avant vendredi, mais je ne t'oublierai pas. Tiens-moi au courrant si tu pars à la clinique.
Bon courage, Isis.