La fatigue de compassion

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Les limites dans les deux sens !

#42 Posté le par DCF__5637
Bonjour,
Par la présente je tiens à vous signifier ce que j'ai moi-même vécu.
Tout d'abord, j'étais en service militaire. J'ai eu de sérieux ennuis à mon poste de coopérant à l'étranger et je me suis rapatrié puis ai consulté un psychiatre car mes rectorragies n'étaient pas détectable à la colioscopie...
J'ai mis un temps énorme à me confier de coeur et d'âme à ce psychotérapeute, car dans mon enfance, on m'a souvent très négativement parlé de ce genre de "sorciers". Je me suis rendu compte, avec le temps, que ces "sorciers" étaient plus humains que ma propre famille et que les membres de ma famille n'ont fait que projeter sur les "psy." l'image de ce qu'ils reflétaient par leur essence même...
Certes, une fois réformé, je ne pouvais voir mon psy que tous les 15 jours car j'habitais à 100 kilomètres de là. Mais quel travail !
Au bout de deux ans je crois, peut-être qu'une année seulement, je ne sais plus guère; l'hôpital militaire devait fermer (réformes budgétaires de l'état français oblige). J'ai donc, avec l'aide de ce dernier "psy.", trouver un autre "psy."
Celle-ci était froide, distante, écoutait sans donner de réponses aux problèmes, et c'était gratuit... car pris en charge par l'hôpital. Bref, un vrai travail de fonctionnaire : "Tu vas pas, voilà ton ordonnance d'antidépresseurs. Tu parles quand ca te chante, et trente minutes après, STOP ! Voici ton rendez-vous pour dans 3 semaines, avant j'ai pas l'temps..." Je suis peut-être un peu vulgaire dans ma deuxième description, mais toujours est-il que je ne consulte plus depuis cette expérience, et je garde mes problèmes avec moi comme une tortue garde sa carapace sur son dos.
CONCLUSION : Je pense qu'il est tout à fait normal que des psychologues ou des psychiatres, ou encore des psychanalistes, étant des hommes, aient leur vie privée, leurs horaires, leur temps de repos, et leur vie intime. Mais je considère aussi qu'il est nécessaire sinon indispensable que, lors de consultations, ils laissent transparaître "l'amour de leur métier", et un certain climat relationnel. Ce climat ne doit être ni trop sec, ni trop "humide" (larmoyant sur le sort du patient), mais tempéré, humain quoi ! Aussi, je comprends tout à fait qu'en tant qu'hommes, les professionnels de la santé mentale ne soient pas pourvu d'un "paratonnerre" anti émotionnel. Le cas d'un patient peut devenir obsessionel ou pire, possessionel. Je n'en sais rien, je ne suis pas professionel de la santé mentale. Je conçoie que cela doit exister, et il n'y a rien d'anormal à cela... Nous sommes des hommes, pas des dieux !
BON COURAGE...

Aider l`autre pour soi-même

#41 Posté le par DCF__9399
Après avoir lu quelques lettres sur ce site que je viens de découvrir, je me suis retrouvée.
En effet, sans trop savoir mes motivations de départ, j`ai entrepris une formation d`assistante sociale. J`ai découvert le plaisir d`aider l`autre. Touchée par cette humanité, j`ai également découvert mes faiblesses. Au fur et à mesure, j`ai appris à me protéger tout en développant mon écoute. Aujourd`hui, en fin de formation, j`ai décidé de suivre une thérapie. Fatiguée et parfois saturée, je ne pouvais pas être disponible pour l`autre en souffrance. Prenant conscience de cette opportunité comme un cadeau que je me fais, je sais que je pourrai continuer à aider l`autre, avec mes limites.

Remercier ses confrères et consoeurs

#40 Posté le par DCF__0559

Mon Dieu qu'il est rare de faire une telle démarche! Pourtant, ce sont souvent eux qui sont les premiers sur la« ligne de feu »à nous aider et à nous écouter.

Beau geste de les remercier et cela ne demande pas de budget supplémentaire!!!!

Je crois qu'un tel geste, répéter en plusieurs exemplaires, rendraient nos emplois moins difficiles.

Merci de votre témoignage.

Devenir l'écouté pour un écoutant.

#39 Posté le par DCF__4458

Je ne pourrais plus travailler sans pouvoir partager mes émotions véhiculées par le contact d'une personne en souffrance. Être capable de devenir l'écouté pour quelques instants permet une meilleure reconnaissance de soi.

Merci à tous mes confrères et consoeurs de travail qui m'aident à me dépasser en tant que personne pour ainsi développer de meilleures stratégies de travail.
Line.

sauvons à tous prix.....

#38 Posté le par DCF__3217
Très bonne résolution que cet arrêt de travail..Nous commencons tous dans ce métier en croyant que nous sommes les sauveurs du monde car c'est ce que nous entendons lorsque nous sommes sur les bancs de classe. OUF que l'on prend une méchante dégringolade lorsque nous nous retrouvons dans l'action!!!!! Ne jamais oublier que nous sommes là pour guider , supporter écouter mais pas pour faire à la place de ...Nous ne pourvons aider ceux qui ne sont pas près à être aider. bonne chance à toi

remise en question

#37 Posté le par DCF__3217
Actuellement mon temps d'arrêt me permet justement de nettoyé, faire le grand ménage du printemps et voir plus clair. Je ne crois pas que je changerait de direction car j'adore travailler en relation d'aide . Mais il est assuré que je n'agirais pas de la même facon lorsque je retournerai au travail. Et oui moi aussi je me paye des consultations "Quel plaisir... demeurez prudent....

S'enlever du poids...

#36 Posté le par DCF__0559

Quelle belle découverte!

À l'époque, j'avais lu sur la notion d'appropriation. ON disait qu'il fallait redonner du pouvoir au client sur son changement. J'avais fait une découverte semblable à la vôtre. Sans les pourcentages!!!!

Ces chifres me confortent dans l'idée qu'il faut laisser «ramer» le client et nous, tenir le gouvernail. Il me semble que cela est beaucoup mieux, c'est lui qui décide de la vitesse à laquelle va le bâteau.

Je fais de la supervision dans une jeune équipe qui intervient avec des jeunes en difficulté en hébergement. Et encore, j'ai l'impression que si l'équipe avance, va bien, fait de bonnes interventions, c'est grâce à moi! Imaginez l'inverse est aussi vrai...


Je me donne du recul, je me dis qu'ils sont des adultes «consentants» et qu'ils ont un grand bout qui leur appartient. Quel bonheur.

Encore bravo à vous.

L'équilibre dans le changement

#35 Posté le par DCF__6672

Le médecin m'a mis en arrêt de travail pour quelques semaines et effectivement, je ne pouvais voir clair tout en étant au travail. Je suis à la maison depuis 1 semaine seulement et déjà je comprends certaines choses. J'ai relu des notes d'université que j'avais oublié et un élément m'a sauté aux yeux; j'ai le goût de vous le partager.

Dans tout processus de changement, 65% du résultat est attribué au client, 10% à la technique utilisée et 25% au thérapeute. 25% seulement...! J'ai compris que depuis quelques temps, je m'attribuais 100% du succès ou de l'échec des démarches que j'entreprenais avec mes clients! Dernièrement, j'avais connu plusieurs succès et je m'en glorifais; je me "pétais les bretelles"! Le danger c'est lorsqu'un client n'est pas prêt ou ne veut pas faire de changement, on le vit comme un échec, une incompétence de notre part, ce qui n'est pas le cas; pas plus que le succès que l'on s'attribue.

J'en ai parlé à mon employeur et comble de surprises, il était d'accord avec moi!!! Quel poids de moins sur mes épaules! Et croyez-moi, si jamais à mon retour il me fait un reproche sur une de mes interventions, je lui rappellerai ce fait! Peut-être pourrais-tu faire la même chose? Juste de savoir çà, je me sens déjà mieux.

L'arrêt

#34 Posté le par DCF__0559

Oui, je me suis déjà réenligné dans un autre travail où la relation d'aide est différente et moins éprouvante.

Mais lorsque je travaillais en relation d'aide, j'ai pris du temps et de l'argent pour aller consulter. MOn dieu! Quel bienfait! Il me semble que j'ai nettoyé des parties qui s'empoussiéraient...et je me suis énergisé. Tant personnellement que professionnellement. Et puis, à l'époque, j'ai eu un merveilleux patron qui m'a offert beaucoup de support.

Maintenant, je suis prudent.

Trouver l'équilibre!!!!

#33 Posté le par DCF__3217
Je comprends bien ce que vous vivez actuellement car je vit moi aussi un épuisement . Comment effectivement pouvons-nous respecter nos limites, prendre soin de nous qui sommes notre principal outil de travail et en même temps être assuré que nous N'aurons aucun reproche soit de nos patrons ou de nos clients. Une chose est certaine. pour ma part je dois absoluement reviser mes positions , j'ai pris un moment d'arrêt car je ne croit pas qu'on puissent se réajuster lorsqu'on est dans l'action. Un moment d'arrêt serait peut-être le bienvenue pour vous. ????

Sécurité professionnelle ou bonheur personnel?

#32 Posté le par DCF__0559

C'est la question que je me pose parfois. Est-ce que mon travail vaut tant la peine que je me rende malade, épuisé ou «burnouté»?

J'ai eu peur d'arriver là lorsque je travaillais avec des clientes en grande difficulté. J'investissais tellement que je n'étais qu'éducateur. Il ne restait plus rien de mon goût de lire, d'écrire, de courir, de faire du vélo et j'en passe.

Plus j'en donnais, plus elles en voulaient.

Mais je suis d'accord avec vous quant à l'argent, surtout si vous êtes en privé. C'est d'autant plus difficile de s'ajuster. Une dernière question que je me pose encore aujourd'hui: est-ce que je suis plus important que mon travail? est-ce que j'ai assez d'importance à mes yeux pour me permettre un ajustement de mon horaire?

Difficile question qui me tarabuste longtemps l'esprit avant d'y répondre...
Merci

S'investir

#31 Posté le par DCF__0559

Bonjour

Moi aussi je suis assez nouveau dans les forums. Mais je vais essayer de vous donnez mon avis sur votre point de vue.

C'est sûr que cela m'a beaucoup apporté de travailler avec des gens en difficulté. Cela m'a nourri et me nourris encore. Ils m'apportent beaucoup au niveau professionnel et personnel. J'apprends à me connaître davantage, à trouver mes limites, à me trouver comme personne et je ne considère pas cela négatif. Mais je reste prudent, je ne voudrais pas outrepasser cette mince ligne entre nos deux personnes. Je demeure avant tout un aidant.

J'ai réalisé que beaucoup de «souffrances» de ces gens ressemblent aux miennes, autrement. Lorsque je leur parle, il y a des fois où je ME parle!

Effectivement, on ne travaille pas en relation d'aide si cela ne nous apporte rien. Je suis en accord avec vous.
Merci
Jean

limites

#30 Posté le par DCF__3136

Bonjour,
Je viens de lire tous les messages du forum, ce que je n'avais pas fait avant de laisser mon premier message. Je me rends compte que je ne sais rien des difficultés du métier d'aidant. Si ce forum est réservé aux personnes qui pratiquent ce métier, merci de me le dire, je vais alors m'abstenir d'intervenir...

Je pose une hypothèse : se peut-il que vous considériez tellement les personnes aidées comme des victimes impuissantes que vous leur permettez inconsciemment de se dé-responsabiliser complètement par rapport à vous? Vos clients peuvent vous dire n'importe quoi, c'est ok : ils ont besoin d'aide; il peuvent prendre plus de temps que celui que vous pouvez donner sans vous brûler : c'est ok ils ne s'en sortiront pas sans ça et ils vont aller voir ailleurs pour obtenir plus.

Pour tirer un exemple de mon expérience personnelle; mon thérapeute a pris soin de m'expliquer qu'il ne pouvait pas accorder plus que le temps prévu à ses clients sous peine de payer de sa propre santé mentale. Et cela ne l'a pas empêché de vraiment m'aider...

Bonne chance et bon courage dans votre travail, je trouve que c'est bien dommage que des personnes en viennent à se brûler en aidant les autres. Je trouve difficile à accepter l'idée que la personne aidante puisse bénéficier, en général, de moins de support que la personne aidée.

Au revoir
Nicole

limites

#29 Posté le par DCF__3136

Bonjour Jean,
Tout d'abord vous dire que c'est ma première intervention dans ce forum en particulier, (et dans tout forum en général), et que je ne suis pas une spécialiste... Par contre, comme j'ai consulté un psychologue pendant quelques temps, je me questionne sur le problème dont vous parlez ici. Malheureusement, ou heureusement, ma réponse à votre message se formule surtout en d'autres questions...

Ce qui me frappe le plus dans vos questions : vous semblez vous refuser le droit d'avoir quelque besoin que ce soit par rapport à vos clients. Je sais que certains professionnels ont pu commettre des fautes graves en tenant plus compte de leurs besoins que de ceux de l'un de leurs clients. Est-ce une raison pour en arriver à l'autre extrème et nier tout besoin? Etes-vous un praticien sans scrupules qui devrait être surveillé? J'en doute,vous me semblez être quelqu'un de bien. Pourquoi ne voyez-vous pas cela selon une autre optique : si votre pratique vous permet de consolider votre personnalité, de vous valoriser, de bâtir votre identité, comme vous le dites, n'est-ce pas justement vos clients qui vont en profiter? Ne faut-il pas avoir beaucoup reçu pour pouvoir beaucoup donner?

Et si vous vous investissez tant avec un client, peut-être est-ce parce que vous sentez au fond de vous-même que c'est important, et qu'en plus il y a quelque chose là-dedans qui vous nourrit. Votre travail vous met en contact avec tellement de souffrances, je pense qu'il faut absolument que ça vous apporte quelque chose sinon vous ne pourrez pas continuer indéfiniment. Et je trouve que c'est jeter le bébé avec l'eau du bain que de nier le fait que votre client peut vous apporter ce quelque chose. Il reste à prouver que cela se ferait au détriment de votre client. Il se pourrait même qu'au contraire cela enrichisse le lien thérapeutique.

S'il y avait un peu plus d'équilibre dans la relation d'aide, au moins dans le cas de quelques clients moins perturbés, vous ressentiriez peut-être moins le besoin d'un support professionnel à votre tour.

Je vous remercie de prendre ce message pour ce qu'il est, je vous questionne sur vos questions pour trouver des réponses à mes questions. Et peu importe si ce sont d'autres questions que j'obtiens!

Au revoir
Nicole