Pensée de bienvenue

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le chêne et le roseau

#5 Posté le par DCF__1103
Message modifié le 13-jan-00 à 22h00  (EST)

Bonjour Yossi,

Je relis ce vers, et chaque phrase peut-elle correspondre à des étapes de notre vie?

Des moments de ma vie où je me voyais comme ce chêne, fort, imposant, solide et je voulais à tout prix que les gens autour de moi voient cette image. A d'autres moments, je me suis sentis comme ce roseau, si petite mais avec une force incroyable de vouloir ne pas plier devant les tempêtes, vouloir vivre à tout prix pour prouver qu'on est là, qu'on existe même si la faiblesse se fait une amie de nous.

Et que dire de ce jeune enfant terrible qui se retrouve parfois en ces jours adultes où cette porte du Nord s'ouvre pour crier à ce monde toute la colère qu'il a à l'intérieur de ne pouvoir "être" simplement.

Et pourquoi ces vents redoublent-il d'effort? Serait-ce pour nous apprendre à faire semblant à tenir la tête bien haute et les pieds bien en terre et ainsi se redresser entre le noir et le blanc, survivre à notre histoire, et baisser les armes devant ces larmes qui, à chaque fois nous font grandir... "J'en reste convaincu". Et j'ai confiance car entre le noir et le blanc il y a une multitude de couleurs.

Jean de la Fontaine connaissaît bien la vie sous ces grandes lignes...:) Merci Yossi

Volet xx

pensée

#4 Posté le par DCF__1103
Message modifié le 13-jan-00 à 21h12  (EST)

Bonjour Natine,

Cette pensée je l'ai lu dans "Aime-toi, la vie t'aimera". Je ne me rappelle pas l'auteur.

Je t'offre un autre extrait de ce livre.

"Et si nos pas nous mènent vers une connaissance plus approfondie et de nous-mêmes et du monde dans lequel nous vivons, toujours dans le sens d'un mieux-être et d'un mieux-faire, nous guérirons peu à peu de ces maladies de la pensée qui nous empêcheaient jusque-là de vivre."

Ce livre viens me chercher quelque part.

Volet xx

C'est bon de vous lire

#3 Posté le par DCF__4548
Bonjour,

Juste l'envie de vous saluer, de vous faire un grand sourire et de vous dire merci... c'est bon de vous lire )

Aquarelle

Pensée.

#2 Posté le par DCF__3949

"Notre force consiste alors dans la connaissance de notre fragilité afin de savoir la préserver, et non dans l'acharnement à la nier par des comportements qui nous donnent l'illusion d'être forts."

Cette pensée reflète parfaitement la prise de conscience que j'ai eue il y a 1 an environ, au sujet de mon état intérieur : avant, je me mentais à moi-même (je me fabriquais une image qui n'était pas la réalité) ; à présent, depuis que j'ai accepté d'être comme je suis, c'est-à-dire fragile, je souffre moins.

De qui est cette pensée ? Dans quel livre l'as-tu lue ?

A bientôt.

Natine

Le Chene et le Roseau

#1 Posté le par DCF__0012

Bonjour Volet,

Ca me fait plaisir que tu aies aime mon message.

Elle est belle ta phrase. Elle est belle et elle est surtout vraie! Ca ne te rappelle pas ces vers?

Le Chene un jour dit au roseau:
...................................................
Tout vous est aquilon, tout me semble zephyr.
La nature envers vous me semble bien injuste.
_ Votre compassion, lui repondit l'arbuste,
Part d'un bon naturel; mais quittez ce souci:
Les vents me sont moins qu'a vous redoutables;
Je plie, et ne romps pas. ....................................
...................................................
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
que le Nord eut portes jusque-la dans ses flancs.
L'arbre tient bon; le roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il deracine
Celui de qui la tete au ciel etait voisine,
Et dont les pieds touchaient a l'empire des morts.

Le Chene et le Roseau - Jean de La Fontaine

Je reproduis ici a ta demande ma reponse a Evandre.

Amicalement,
Yossi

Conseil a mes parents: Il faut vivre avec la jeunesse de son temps et non pas avec le temps de sa jeunesse. (Anonyme)


Salut Evandre,

J'ai plein de choses a te dire!

Sur ma jeunesse passee...
Et sur ta vieillesse future...
Mais certainement pas sur sur ma "vieillesse" face a ta "jeunesse" presente!

Mais auparavant, excuse-moi si je suis egocentrique, et laisse-moi d'abord te parler de moi-meme!

Tu ne peux pas t'imaginer l'immense plaisir que j'ai eprouve en lisant tes lettres (y compris et meme surtout la premiere, figure-toi!) ainsi que les reactions qu'elles ont suscitees. Tu vas vite comprendre pourquoi!

Il faut te dire que j'ai toujours ete quelqu'un de tres solitaire, et ce depuis l'enfance. Pendant les recres, j'etais seul dans mon coin a revasser, je n'avais presque pas d'amis, les autres enfants se moquaient de moi, bref, j'etais le "Agnan" de la classe, si tu as lu les aventures du Petit Nicolas de Rene Gossigny. Je passais mon temps a me demander: "Mais pourquoi les gens ne m'aiment-ils pas?".

Depuis, beaucoup d'eau a passe sous le pont, et la vie m'a appris certaines choses. J'ai aujourd'hui quelques bons amis. Je suis en general considere par les autres comme quelqu'un de tranquille, peut-etre trop reserve, mais neanmoins sympathique. Pourtant, j'ai encore beaucoup de difficultes a communiquer. C'est bien simple: quand je suis avec les autres, souvent meme avec mon entourage proche (et avec les gens que je ne connais pas, a fortiori), j'ai le sentiment de ne rien avoir a dire.

Il y a quinze jours par exemple, j'ai ete invite par un groupe de francophones a Jerusalem, a l'occasion du nouvel an. Je connais le principe selon lequel en societe, il ne faut pas se mettre en avant. Bien au contraire, il faut ecouter les autres, et ne parler que lorsqu'on sent qu'on apporte vraiment quelque chose. (On a une bouche et deux oreilles pour ecouter deux fois plus qu'on ne parle...). Mais malgre cela, je t'avouerai franchement que je me suis ennuye a mourir. Pourtant, les gens avec lesquels j'etais, n'etaient ni vulgaires, ni ininteressants. Il s'agissait de personnes d'un niveau social et culturel semblable au mien, et je n'avais a priori aucune raison d'eprouver envers eux une gene, du a des sentiments d'inferiorite ou a l'inverse du mepris. Untel par exemple, a raconte avec force details un sejour dans le desert du Sinai, ou il avait assiste a un concert de jazz. Or, j'avais beau me repeter: "Mais ecoute, Yossi, ecoute! Ne reste pas perdu dans tes pensees! C'est interessant ce que ce type raconte!". Eh bien, malgre tout, je n'arrivais pas a suivre. Peu a peu, je me suis mis a somnoler et a partir de ce moment la, j'ai concentre le reste de ma soiree a lutter contre le sommeil. Si j'avais habite Jerusalem, je me serais excuse aupres des autres et je serais rentre chez moi. Seulement, j'habite Tel-Aviv a 70 km de Jerusalem, et je dependais pour rentrer, du minibus qui devait nous raccompagner. Je suis rentre finalement chez moi vers 2 heures du matin, decu de ma soiree.

Je n'avais poutant pas ete totalement muet pendant la soiree. J'avais echange quelques mots, avec des gens que je connaissais. En plus, au cours du repas, lorsque les gens avaient appris que j'etais ingenieur-informaticien, ils s'etaient mis a me poser des tas de questions sur le bogue de l'an 2000, qui etait d'actualite puisque on etait a trois jours de la date fatidique. J'avais repondu comme j'avais pu, avec assurance, ce qui constituait deja un progres par rapport a il y a quelques annees, ou je me serais mis a bredouiller s'il avait fallu que je parle a voix haute devant toute une assemblee.

Je crois que le probleme que j'avais par rapport aux autres convives ce soir-la, etait que je n'avais pas les memes preoccupations qu'eux. Moi ce qui m'emplit la tete en ce moment, ce sont les sujets sur lesquels je discute avec vous mes amis sur le forum: la depression, le suicide, la timidite, la confiance en soi, les regrets que l'on eprouve sur son passe, le vide de son quotidien, les apprehensions quant au futur, la morale. Je sais bien que les autres, les gens "normaux" ont aussi ce genre de preoccupations. Seulement, comme ils sont un peu plus solides que nous, ces pensees les obsedent moins et ils arrivent a les releguer au second plan. J'aimerais etre a l'aise et parler moi aussi de "futilites" (j'ai mis le mot entre guillemets pour bien preciser que ce que je veux dire est que ces sujets n'arrivent pas a me toucher, mais non qu'ils ne sont pas importants)

Tu dis dans un de tes messages (Re: sur quelle planete me suis-je echoue?): "Et je suis phobique social." Donc, les problemes dont je te parle ne te sont peut-etre pas totalement etrangers. Est-ce que tu es aussi timide ou seulement phobique social? Comment se manifeste cette phobie sociale? Quand, pourquoi et comment a-t-elle commence selon toi? Est-ce que tu te reconnais dans la description que j'ai faite de ma phobie sociale? Est-ce que tu as des tuyaux a me donner a ce sujet? Si ca t'interesse d'avoir de plus amples details sur mon analyse du probleme de la timidite, tu peux lire ma contribution au forum "Le Monde": www.lemonde.fr section: FORUMS, rubrique: AUTRES SUJETS. Tu trouveras un fil intitule: "Peut-on guerir la timidite", signe par Frank Lotan (C'est moi. C'est le pseudonyme que j'ai utilise). Tu peux lire tout le fil, y compris les reponses que l'on m'a faites, et mes repliques. Si ce que j'ai ecrit te suggere des remarques, ne te prive pas de les faire! Je les lirai avec interet et attention.

Toute ma vie, Evandre, je me suis senti seul. Ca me rassure tout de meme un peu, que des gens tres sociaux, et devant lesquels je me sens infiniment petit, ont eu parfois le meme sentiment de solitude.
Je te cite les premiers mots du "Petit Prince" d'Antoine de Saint-Exupery:
"J'ai vecu seul, sans personne avec qui parler veritablement..."

Il y a eu des periodes dans ma vie, par exemple a Paris entre 1982 et 1989, ou je me sentais tellement seul, que j'aurais bien aime qu'un jour, un dingue que je ne connaisse ni d'Eve, ni d'Adam, passe a cote de moi, me crache a la figure, et me dise: "Monsieur, vous etes un beau salaud!".

Tout, plutot que vivre seul comme j'ai vecu a cette epoque la, a me promener dans la foule indifferente.

Une nuit, j'ai meme eu ce reve significatif, que je trouve un peu comique:

Je suis sur un grand paquebot, et sur le pont il y a une foule de personnes. Je m'adresse a l'une d'elle, prise au hasard et lui demande:
- Pardon Monsieur, quelle heure est-il?
Le monsieur en question s'illumine soudain et me repond:
- Ca me fait tellement plaisir que vous me posez cette question, parce que figurez-vous que c'est la premiere fois que quelqu'un m'adresse la parole depuis dix ans!

Tu comprends maintenant, Evandre, pourquoi je te disais au debut de ma lettre: "Tu ne peux pas t'imaginer l'immense plaisir que j'ai eprouve en lisant tes lettres et les reactions qu'elles ont suscitees"

Je me suis retrouve au centre d'une polemique, avec un protagoniste qui croit m'agresser, mais qui ne fait que m'amuser, qui se fait, le pauvre, critiquer vertement pour son attitude a mon egard, qui revient un peu sur son message dans un deuxieme temps, puis s'excuse platement, et se rend meme malheureux du mal qu'il m'a fait. Et qui se fait consoler par les autres! Je n'avais jamais eu autant le sentiment d'exister pour les autres!!!

Maintenant, j'en viens a tes lettres. D'abord, rassure-toi, je ne me suis pas vexe une seule seconde en lisant ton premier message. Sans vouloir me vanter, j'ai immediatement compris que tu avais pris pour toi le terme de "boy-scout", qui n'etait pas de moi mais de JST comme tu as appris depuis. Et que tu repondais sous l'emprise de la colere. Je n'avais du reste aucun merite a interpreter ton message pour ce qu'il etait: un mouvement d'humeur. N'avais-je pas ecrit ceci la veille dans mon message a JST: "Vous n'etes pas seuls!":

"Tu sais, bien entendu, que notre ame comprend deux parties: le coeur et la raison, ou si tu preferes: le cerveau droit et le cerveau gauche. Un piege, dans lequel il nous arrive a tous de tomber PJT (je dis bien a TOUS, PJT et je reprends mon refrain: je ne suis pas seul, tu n'es pas seul, ...) est de laisser gouverner sa raison par ses sentiments."

Maintenant, je vais te faire mes commentaires sur tes lettres qui sont souvent tres interessantes, temoignent d'un grand coeur, et de beaucoup de sensibilite. Quant aux quelques maladresses, c'est tout a ton honneur de les reconnaitre, mais ne t'en mortifie pas! Des conneries de ce genre, j'en fais moi-meme a la pelle, et tout le monde aussi du reste, sauf les mediocres qui ne savent jamais reconnaitre leurs torts. A chaque fois que l'on trebuche, puis qu'on se releve, on doit retenir la lecon qu'on a apprise, et non la honte qu'on a eprouvee. Dans ton cas: "Quand je suis en colere, il faut que je sache m'en rendre compte. Me calmer d'abord (en t'offrant du bonheur, comme je l'ai propose a JST, ne serait-ce qu'en songeant dix secondes a un truc rigolo), et ne reagir qu'apres et a froid". Mais surtout, je veux que tu saches que ton desir d'aider les autres est on ne peut plus louable, et pour citer Dragonfly: "une erreur ne doit pas t'arreter, c'est en faisant des erreurs qu'on progresse.".

Mais avant de continuer a te parler de mes malheurs et des tiens, decompressons un peu, en nous foutant un peu des autres! Il n'y a que ca de vrai! Tu vas voir que dans le domaine de la connerie, on a encore fort a faire, toi et moi, pour monter sur le podium!

Il y a quelques jours, j'etais dans un autobus a Tel-Aviv, quand une dispute a commence entre une passagere (la trentaine) assise au premier rang et le chauffeur. Le probleme etait le suivant: l'autobus venait de quitter un arret lorsqu'une vieille dame est arrivee en courant en faisant signe au conducteur de s'arreter. Celui-ci a neanmoins continue son chemin. Jusqu'a present, histoire archi-classique qui arrive des millions de fois par jour! Notre passagere donc, a reproche au chauffeur de ne pas s'etre arrete.

Le chauffeur: Madame, lorsque j'ai quitte l'arret, je n'ai plus le DROIT de m'arreter!
La passagere: Mais vous ne voyez pas qu'il s'agissait d'une vieille dame! Un peu d'humanite! Est-ce trop demander, un peu d'humanite?

Ils ont continue a discuter quelques secondes comme ca, quand un vieux monsieur, assis lui aussi au premier rang, mais du cote oppose, est intervenu.

Le vieux: Il a raison, madame! S'il s'arrete hors de la station et qu'un policier passe par la, c'est le conducteur qui aura l'amende, pas vous!
La passagere: Non, mais de quoi vous melez-vous, vous?

C'est alors qu'a commence un echange de propos tres vifs entre la jeune femme et le vieux. Comme on vient d'en parler, c'est hallucinant, ce que les gens (toi, moi, tout le monde) peuvent dire comme enormites a partir du moment ou ils laissent leur raison dominer par leurs emotions. Tres vite, ils ont ete amenes a se dire des choses qui n'avaient strictement plus aucun rapport avec l'aventure de notre pauvre vieille dame et du chauffeur trop respectueux du reglement. Ca a dure un bon quart d'heure, dont je te donne ici les meilleurs moments, avec mes commentaires entre parentheses.

Le vieux: Comment osez-vous me parler ainsi? Vous savez l'age que j'ai? Vous savez l'age que j'ai?
J'ai 86 ans, madame! 86 ans! Je pourrais etre votre pere! Qu'est ce que je dis, votre pere! Le pere de votre pere! Votre pere etait encore un mouflet, quand je faisais mon service militaire!

(Tu vois, de la vieille dame, on en etait deja arrive au service militaire du vieux, et ce n'etait pas fini!)

La passagere: Comment mon pere? Comment osez-vous insulter mon pere? Et d'abord, vous savez qui c'est mon pere, hein, vous savez?

(Tu auras remarque que le vieux n'avait nullement "insulte" le pere de la jeune femme, mais tant pis!)

Le vieux: (qui se fout comme de l'an 40 de savoir qui est le pere de la jeune femme) Pendant la deuxieme guerre mondiale, madame, mon fils a perdu la vue! Jamais je ne tolererai qu'une pauvre idiote comme vous me manque de respect!

(La perte de la vue du fils du vieux pendant la seconde guerre mondiale est effectivement une histoire triste, mais encore une fois quel est le rapport avec la vieille dame?)

La passagere: (qui continue sur sa lancee) Alors, vous ne savez pas qui est mon pere? Eh bien, je vais vous le dire moi, Monsieur, qui est mon pere!. Mon pere, c'est le general M.. Mon pere, il parle a Ehoud Barak (le premier ministre israelien) comme je vous parle, et des gens comme vous, il les emmerde, mon pere!

(Le general M. est effectivement une personnalite tres connue en Israel, et je ne doute pas une seconde que la jeune femme ait dit la verite en se presentant comme sa fille. Je dirai meme que son cote hysterique, et son incapacite a controler ses emotions, sont dus a la base a un manque de confiance en soi, lui-meme provoque par le fait d'avoir vecu a l'ombre d'une personnalite importante. Devant un tel pere, il arrive souvent qu'on se dise: "Mais qui je suis, moi? Jamais je ne serai a sa hauteur!", et qu'a cause de cela, on n'arrive pas a prendre conscience de sa valeur intrinseque, et developper une personnalite equilibree. Ce n'est pas une regle generale. Il y a des hommes celebres, qui ont su aussi etre de bons educateurs, et qui ont eu des enfants aussi brillants qu'eux. Une petite remarque en passant, Evandre. Ne crois pas, ici non plus que je suis un donneur de lecons, et que je parle de choses que je ne connais pas. Mon propre pere a ete (il n'est plus de ce monde) un grand bonhomme dans son genre aussi, et j'ai bien connu longtemps (en fait, jusqu'a sa mort) ce qu'etait le sentiment de ne pas avoir le droit d'exister par moi-meme.

Evidemment, je pose ici aussi la meme question: qu'est-ce que l'intimite du pere de cette passagere avec Ehud Barak peut bien avoir a foutre, bordel de bordel, avec le sort de cette vieille dame qui n'avait pas eu la chance d'arriver a temps a l'arret d'autobus?!)

Ils ont continue comme ca pendant un bon moment, malgre les protestations des autres voyageurs qui leur demandaient de se taire.

J'etais assis juste derriere la passagere. Finalement, je me suis decide a intervenir.

Moi: (tout bas et calmement) Madame, ne lui repondez pas! Si vous ne dites plus rien, il ne repondra plus rien non plus!
La passagere: Comment, je ne vais pas le laisser insulter mon pere tout de meme!

Je n'ai pas repondu. Mais la passagere avait bien capte mon message. Elle s'est tue. Dix secondes plus tard, on n'entendait plus personne.

Tu me diras peut-etre: pourquoi m'as tu raconte une histoire aussi banale! On en voit a longueur de journee des scenes comme celle-la! Oui, mais justement, on en voit a longueur de journee! On agit tous, par moments comme ce vieux ou comme cette jeune femme, et il faut absolument que tous, nous apprenions a controler nos emotions. Parce que ca commence par des histoires comme celle-la, et ca finit par les guerres les plus meurtrieres! (Si, si!)

J'en reviens a ta lettre:

> Je me doute de ta reponse, je me prends pour plus important que je ne le suis, je m'imagine des trucs dans ma petite tete pas assez eprouves par la vie etc...

Certainement pas, Evandre! N'ecoute jamais de la vie les gens qui te disent et qui te diront:

· A 10 ans: ne te mele pas des conversations des grandes personnes! Tu n'es qu'un enfant!
· A 20 ans: Tu t'imagines des trucs dans ta petite tete pas assez eprouves par la vie!
· A 43 ans (mon age): Tu n'es plus dans le coup! Tu n'es qu'un vieux con de bourgeois!
· A 70 ans: Alors pepere, tu as encore ton avis a donner!

Non! Tu as le droit de vivre et de penser, et a tout age! A 10 ans, a 20 ans, ... et je te souhaite de depasser le record de Jeanne Calment!

Edith Piaf, dans "La goualante du pauvre Jean" chantait:
"Profitez de vos vingt ans!"
"On ne les a qu'une fois!"

Profitez de vos 20 ans, d'accord! A condition de ne pas vivre une enfance et une adolescence malheureuses, avant de les avoir. A condition de ne pas se sentir comme un anormal, quand on les a mais qu'on ne mene pas la vie "que l'on devrait mener a 20 ans". Et a condition, de ne pas se considerer comme un dechet, qui est passe a cote du bonheur au seul age ou il etait possible, quand on les a depasse.

Moi, je crois qu'il faut se dire:
· Profitez de vos 10 ans.
· Profitez de vos 20 ans.
............................................
· Profitez de vos 90 ans.
· Profitez de chaque jour de votre vie.

Tu as le droit et tu auras toujours le droit de t'exprimer a tout age, ca veut dire que si tu as un message a faire passer, tu as absolument le droit de le faire:

· En y mettant les formes.
· Parfois de maniere detournee pour ne pas heurter certaines susceptibilites.
· En restant toujours a l'ecoute du point de vue des autres.
· En te demandant toujours comment, tout en restant de bonne foi, on peut malgre tout soutenir un point de vue contraire au tien.
· En gardant toujours a l'esprit que tu peux te tromper, et en considerant l'eventualite de faire machine arriere le cas echeant.
· En testant l'impact de tes opinions sur les autres, en les exprimant d'abord mezza-voce, au lieu de passer sans transition du silence au fanatisme.
· En acceptant parfois d'avoir une opinion minoritaire.
· Dans les cas ou tu nages decidement a contre-courant, quand tu es dans une situation ou la liberte de t'exprimer sur un sujet t'est carrement otee (et ca n'arrive pas seulement dans les pays totalitaires, loin de la, contrairement a ce que certains voudront te faire croire: dans tous les milieux ou l'on sejourne, les contraintes de la bienseance, la peur du ridicule, la peur de la violence verbale et physique, et de toutes formes de represailles t'empecheront souvent de t'exprimer), tu as le droit quand meme de t'exprimer au moins pour toi-meme, de penser tout simplement!
· En te disant a la lecture de ceci, que toutes ces regles ne constituent somme toute, que les opinions personnelles de Yossi, et en te reservant le droit par consequent d'y passer outre!

> (...)si je ne faisais que te caresser dans le sens du poil, que j'apparaitrais a tes yeux
comme un sermonneur hypocrite de plus.(...)

"J'ai raison les autres ont tort dis-tu."

Je ne dis pas cela du tout! Voila ce que je dis:

· Si je ne fais que te critiquer, je te montre ipso facto, que je me considere comme infiniment superieur a toi.
· Et si par contre, je ne fais que te caresser dans le sens du poil, tu auras sans doute raison la aussi de croire que je me considere comme infiniment superieur a toi. Car tu te sentiras dans la situation du fou, auquel le psychiatre dit: "Mais oui, monsieur! Vous etes bien Napoleon, monsieur! Vous etes bien Napoleon!"

La synthese est celle qu'exprime Beaumarchais: "Sans la liberte de blamer, il n'y a pas d'eloge flatteur!".

>D'ailleurs, je ne veux donner AUCUNE lecon dans cette contribution au forum
DEPRESSION (...)

Mauvaise foi totale :) Tu termines ton texte par : >"Et rappelle toi: Tu n'es pas
SEUL et tu n'es pas LE SEUL!" Ceci n'est-il pas la morale de ta lecon ?

Quand je dis que je ne veux donner AUCUNE lecon dans cette contribution au forum, je veux bien entendu dire que je ne veux pas donner de lecon BIDON, nuance! Je veux dire que je ne veux pas donner de lecons pour avoir le plaisir de donner des lecons! Je veux dire que si je donne des lecons (et je suis tout a fait d'accord avec toi: c'est un vilain terme, message est bien mieux), c'est pour faire profiter de tuyaux qui m'ont aide, et non pas parce que j'estime avoir la science infuse!

Je dis dans mon message a JST:
"Il faut a la fois recevoir, toujours recevoir, et donner, toujours donner."

Evandre, je suis toujours pret a RECEVOIR des lecons de toi, de lui, d'elle et de tout le monde, quand la personne qui me donne ces lecons le fait dans le but sincere de me faire partager ses richesses, et sans essayer de m'imposer ces lecons. Je me reserve toujours le droit de rejeter tout ou une partie du message, sans pour autant rejeter la personne qui a essaye de bonne foi de m'aider.

De meme, je suis toujours dispose a DONNER des lecons a toi, a lui, a elle et a tout le monde qui, je l'estime, le merite, dans le but sincere de faire partager mes richesses, et sans essayer de les imposer. Je peux concevoir que l'autre rejette tout ou une partie de mon message, sans pour autant estimer me rejeter moi-meme.

Permet-moi de te citer une phrase qui se trouve a la fin de mon message a JST:

"Sois heureux des aujourd'hui! Essaye d'appliquer les recettes que je te propose, sans a priori. Rappelle-toi, je suis depressif comme toi, suicidaire comme toi, et j'abhorre comme toi les inepties de boy-scouts. Si je me suis permis malgre tout de te faire quelques suggestions, c'est parce celles-ci se sont revelees benefiques dans mon cas, bien que j'aie encore aujourd'hui le sentiment que la route vers le bonheur est encore longue."

Evandre, as-tu deja remarque qu'avec des mots, on peut dire tout et le contraire de tout? Ce qu'il faut a mon sens, c'est saisir le message que l'autre veut faire passer, l'examiner sans passion, bien le comprendre, et alors seulement se demander si on l'accepte, totalement, en partie ou pas du tout!

Tu constateras qu'en jouant sur les mots, et en avancant des arguments specieux, il est toujours possible de ridiculiser et de demolir n'importe quoi!

(J'ouvre une parenthese pour bien te preciser ceci: je ne suis pas en train de refuter tes arguments un a un par sadisme, mais pour essayer de t'aider:

· Te mettre en garde contre toi-meme, afin que tu evites le plus souvent que possible de "raisonner" comme la passagere de l'autobus et le vieux monsieur.
· Pour que lorsque l'on te critique A TOI, tu ne prennes pas toujours pour argent comptant tout ce que l'on te dit. Demande-toi dans le calme et en toute objectivite si les critiques que l'on t'adresse sont bien justifiees, ou bien si l'autre n'essaye pas de t'impressionner, de t'abuser, ou meme de s'abuser lui-meme par des arguments fallacieux.)

(...)"Oh no love! you're not alone
You're watching yourself but you're too unfair
You got your head all tangled up but if I could only make you care
Oh no love! you're not alone
No matter what or who you've been
No matter when or where you've seen
All the knives seem to lacerate your brain
I've had my share, I'll help you with the pain
You're not alone"(...)

David Bowie, Chapitre THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE
SPIDERS FROM MARS (1972), verset Rock'n'roll Suicide.

Amen ! :)

Mais il est magnifique ce poeme Evandre! C'est tout a fait le message que j'ai adresse a JST:
You're not alone: tu n'es pas seul!

Je disais a JST quil fallait etre le premier a considerer son sort avec humour, qu'il fallait etre conscient du fait que les autres sont des gens tout a fait comme nous, et les considerer pour cela avec humour non moqueur.

Je ne resiste pas au plaisir de te raconter cette anecdote personnelle:

Il y a quelques annees de cela, a Paris, j'avais 28 ans et je cherchais du travail. Un des entretiens que j'avais passes dans une societe, m'avait paru concluant, et j'etais presque sur que j'aurais la place. Malheureusement, je venais ce matin la de recevoir une reponse negative de la societe en question. Ca m'avait mis de mauvaise humeur, et je m'etais tout a coup decide a faire ce qu'aujourd'hui je considere comme une gaminerie. Je m'etais dit: "Ils ne sont pas censes savoir que je viens deja de recevoir leur sale lettre!". Je leur ai telephone:

Moi: Bonjour monsieur! Je suis monsieur Yossi X, j'ai pose ma candidature a un poste dans votre societe, il y a quelque temps. Malheureusement, je voulais vous informer qu'entre temps, j'ai ete accepte dans une autre boite, et que par consequent je retirais ma candidature!

L'employeur: (qui avait tout de suite compris mon jeu) Eh bien, ca tombe bien parce que figurez-vous que je venais justement de vous envoyer une lettre de refus. Mais apparemment, vous ne l'avez pas encore recu! J'allais du reste vous rappeler, parce que j'ai parle de votre candidature a un confrere a moi, qui lui est tres interesse par votre candidature!

Moi: (naivement) Ah oui? Vraiment?

L'employeur: Mais oui monsieur, mais oui! Mais puisque d'un autre cote, vous avez trouve du travail, cette possibilite la n'a plus d'importance. Au revoir, monsieur!

Il a raccroche. Je suis restait stupefait avec mon telephone dans les mains pendant 10 secondes. Puis, je suis parti d'un fou rire. Il m'avait fait ma journee!

J'ai beaucoup aime ton Tantra. J'ai pris le temps de le lire et de le relire. Puis, je me suis amuse au jeu suivant: pour chacune des phrases du Tantra, j'ai ecrit une autre phrase, signifiant la meme chose, mais avec des mots tout a fait differents.

Je n'ai que 43 ans et je suis loin encore de me considerer comme un vieux. Bien qu'extremement frise et hirsute a 18 ans, j'ai perdu une bonne partie de mes cheveux depuis. Mais je ne suis pas trop gene par ma calvitie, je trouve qu'elle me va tres bien au contraire!

Du reste, pour certaines choses, j'ai encore un age mental de six ans. Par exemple, j'adore observer les reactions de ma chienne quand je la promene, et qu'elle rencontre un autre chien, qu'elle n'a jamais vu bien entendu. Parfois elle lui saute au cou et lui fait des grands amours, parfois, c'est l'indifference la plus totale, parfois encore, elle se met a gueuler comme une forcenee et veut s'attaquer a lui, ou bien au contaire tire de toutes ses forces sur sa laisse pour s'enfuir. Pourquoi? Je n'ai jamais compris! Pour moi, tous ces chiens se ressemblent!

A propos de la vieillesse, j'aime l'humour de ces vers de Thomas Corneille (le frere de Pierre, le tragedien)

Madame, si mon visage a quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'a mon age, vous ne vaudrez guere mieux!
Le temps, aux plus belles choses, se plait a faire un affront.
On m'a vu ce que vous etes, vous serez ce que je suis!

Salut jeune Evandre!

Ton vieux,
Yossi