Des altérations de l'activité du système nerveux autonome sont bien établies dans la fibromyalgie, rapportent les auteurs d'une étude publiée en octobre 2020 dans la revue scientifique PLOS One.
Le système nerveux autonome est constitué de deux systèmes, les systèmes parasympathique et sympathique, qui régulent les processus corporels automatiques, tels que la circulation sanguine (fréquence cardiaque, pression artérielle), la respiration, la digestion, le maintien de la température (transpiration…).
Ces deux systèmes ont des fonctions opposées. L'activation du système parasympathique amène un ralentissement général des fonctions, ce qui correspond à la réponse de relaxation, alors que celle du système sympathique prépare l'organisme à l'action, ce qui correspond à la réponse dite de stress.
L'une des fonctions du système nerveux autonome les plus systématiquement étudiées en relation avec la fibromyalgie est la régulation cardiovasculaire. Ces études ont montré, chez les personnes souffrant de fibromyalgie, une réduction de l'activité et de la réactivité des systèmes parasympathique et sympathique.
Certaines études ont également fait état d'anomalies du fonctionnement du système autonome en termes de conductance cutanée, de température et de débit sanguin, tant au repos qu'en situation de stress. Mais les résultats sont contradictoires.
Afin d'étudier l'activité du système sympathique, Gustavo A. Reyes del Paso et Pablo de la Coba du département de Psychologie de l'Université de Jaén (Espagne) ont étudié la conductance de la peau, en tant que mesure indirecte de la transpiration, car la transpiration est exclusivement contrôlée par des mécanismes sympathiques.
Ils ont mené cette étude avec 45 femmes atteintes de la fibromyalgie et 38 femmes en bonne santé.
Les niveaux de conductance au repos ont été enregistrés pendant une période de 4 minutes et une manœuvre de respiration consistant en une respiration profonde avec retenue du souffle a été utilisée pour évoquer des réponses de conductance et mesurer la réactivité. Les associations de la conductance au repos avec l'état d'anxiété et la température corporelle ont été explorées pour déterminer la fonctionnalité de la transpiration.
Les résultats ont montré des niveaux de conductance au repos réduits et une réactivité émoussée chez les participantes atteintes de fibromyalgie par rapport aux participantes en bonne santé.
Des associations de la conductance avec l'anxiété et la température corporelle ont été observées chez les participantes en bonne santé, mais pas chez celles atteintes de fibromyalgie.
Dans l'ensemble, ces résultats et ceux d'études précédentes suggèrent une réduction globale de la régulation du système nerveux autonome au repos, tant au niveau sympathique que parasympathique, et une réduction de la réactivité, concluent les chercheurs.
Ce qui réduirait la capacité à faire face aux exigences environnementales, favorisant ainsi l'augmentation des niveaux de stress et de douleur, estiment-ils.
La réduction de la transpiration est en accord avec les données montrant une neuropathie des petites fibres nerveuses dans la fibromyalgie, expliquent-ils.
La transpiration est contrôlée par les fibres C sympathiques non myélinisées. Une neuropathie des petites (fibres nerveuses intraépidermiques non myélinisées) et même des grandes fibres nerveuses périphériques, généralement dans les parties distales du corps, a été observée chez une proportion de patients atteints de la fibromyalgie, ce qui entraîne une densité plus faible de ces fibres par rapport aux personnes en santé.
Une réduction de la densité des petites fibres, expliquent les chercheurs, est compatible avec l'augmentation du nombre de symptômes neurologiques tels que l'engourdissement, les picotements et l'augmentation des seuils sensoriels de chaleur et de froid chez les personnes atteintes de fibromyalgie. Cette neuropathie périphérique semble affecter exclusivement les petites fibres somatiques myélinisées A-delta et les fibres autonomes non myélinisées C (vers les muscles lisses, les glandes sudoripares eccrines…), ce qui peut entraîner des symptômes sensoriels (douleur, picotements, brûlure, engourdissement) et autonomes (vertiges, sécheresse des yeux et de la bouche, gêne vésicale, constipation, diminution de la transpiration, décoloration de la peau).
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Psychomédia avec source : PLOS One.
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