Un mécanisme par lequel la morphine produit ses effets secondaires alors qu'elle mime pourtant l'action de molécules produites naturellement par le cerveau, les endorphines, a été mis à jour par une équipe de chercheurs français et américains dont les travaux sont publiés dans la revue Nature.
La morphine et des endorphines se fixent sur des récepteurs µ-opiacés exprimés à la surface des cellules du système nerveux central. Ces récepteurs relaient son action.
Les effets secondaires de la morphine, tels que la tolérance qui amène une augmentation des doses, la dépendance et la dépression respiratoire, s'expliquent par le fait que la morphine déclenche une réponse cellulaire différente de celle induite par les endorphines.
La morphine et les endorphines se liant au même récepteur, les chercheurs concluent que ces deux molécules stabiliseraient les récepteurs µ-opiacés dans des conformations spatiales distinctes à l'origine des différences de réponses.
« Dans le but de développer des molécules conservant les effets bénéfiques de la morphine sans pour autant induire d'effets secondaires, il est donc indispensable de comprendre les bases structurales de l'action de la morphine et des opiacés en général » explique Sébastien Granier, chercheur à l'Institut de génomique fonctionnelle (Inserm).
Son équipe et celle de Brian Kobilka à l'Université Stanford ont identifié la structure tridimensionnelle du récepteur µ-opiacé lorsqu'il est associé à une molécule présentant une structure chimique proche de celle de la morphine.
Ces travaux pourraient à terme mener à la conception de nouveaux médicaments analgésiques dépourvus des effets secondaires de la morphine.
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