« La plupart des antidépresseurs sont inefficaces, et certains peuvent être dangereux, pour les enfants et les adolescents souffrant de dépression majeure selon la comparaison la plus complète à date de ces médicaments
», résume le communiqué accompagnant une étude publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet.
Andrea Cipriani de l'Université d'Oxford (Royaume-Uni) et Peng Xie de l'Université médicale de Chongqing (Chine) ont, avec 17 collègues, réalisé une revue systématique des études publiées jusqu'en mai 2015.
Ils ont identifié 34 études randomisées en double-aveugle éligibles pour une méta-analyse. Elles impliquaient un total de 5260 participants et 14 antidépresseurs :
- amitriptyline (Élavil, Laroxyl)
- citalopram (Séropram, Celexa)
- clomipramine (Anafranil)
- désipramine (Pertofran)
- duloxétine (Cymbalta)
- escitalopram (Seroplex, Lexapro, Cipralex)
- fluoxétine (Prozac)
- imipramine (Tofranil)
- mirtazapine (Norset)
- néfazodone (Serzone)
- nortriptyline (Sensoval, Aventyl, Pamelor, Norpress, Allegron, Noritren, Nortrilen)
- paroxétine (Deroxat, Seroxat, Paxil)
- sertraline (Zoloft)
- venlafaxine (Effexor)
Parmi ceux-ci, seule la fluoxétine (Prozac) était statistiquement plus efficace que le placebo pour soulager les symptômes de la dépression. Elle était aussi mieux tolérée que la duloxétine (Cymbalta) et l'imipramine (Tofranil).
La venlafaxine (Effexor) était liée à un risque accru de pensées et de tentatives suicidaires comparativement au placebo et à cinq autres antidépresseurs. Les taux d'arrêt en raison des effets secondaires étaient plus élevés chez les participants qui ont reçu l'imipramine, la venlafaxine et la duloxétine que ceux ayant reçu le placebo.
Cependant, l'efficacité et les risques d'effets secondaires graves réels demeurent incertains en raison du petit nombre d'essais cliniques disponibles et de leur mauvaise conception, ainsi que la publication sélective des résultats, mettent en garde les auteurs.
« Lorsque l'on considère le profil risque-bénéfice des antidépresseurs dans le traitement aigu du trouble dépressif majeur, ces médicaments ne semblent pas offrir un avantage évident pour les enfants et les adolescents. La fluoxétine est probablement la meilleure option à considérer lors d'un traitement pharmacologique est indiqué
», concluent les chercheurs.
« Nous ne pouvons pas être totalement confiants quant à l'exactitude des informations contenues dans les essais publiés et non publiés
», explique Andrea Cipriani. Sans l'accès aux données des études au niveau individuel, il est difficile d'obtenir des estimations précises de l'effet de ces médicaments, explique-t-il. Il doit y avoir une transformation de la culture scientifique existante vers une culture où le partage des données devrait être la norme, dit-il.
La dépression majeure est fréquente chez les enfants et les adolescents, touchant environ 3 % des enfants âgés de 6 à 12 ans et 6 % des adolescents âgés de 13 à 18 ans, indiquent les auteurs. Les traitements psychologiques sont recommandés comme traitement de première ligne pour la dépression dans plusieurs directives cliniques, et en 2004, l'agence américaine du médicament, la Food and Drug Administration (FDA), a émis un avertissement contre l'utilisation d'antidépresseurs chez les jeunes jusqu'à 24 ans en raison de préoccupations concernant l'augmentation du risque de pensées suicidaires.
Cependant, l'utilisation d'antidépresseurs a augmenté lentement entre 2005 et 2012. La proportion d'enfants et d'adolescents (âgés de 0-19) prenant des antidépresseurs des États-Unis est passée de 1,3 % à 1,6 %, et au Royaume-Uni de 0,7 % à 1,1 %. La sertraline (Zoloft) est l'antidépresseur le plus prescrit aux Etats-Unis et la fluoxétine (Prozac) est le plus commun au Royaume-Uni.
L'étude qui a ouvert la porte à l'antidépresseur Déroxat/Paxil chez les ados était trompeuse
Pour plus d'informations sur les antidépresseurs, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : University of Oxford, The Lancet.
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