La découverte d'une molécule qui arrête de façon réversible la production de spermatozoïde, par des chercheurs américains dont les travaux sont publiés dans la revue Cell, alimente de nouveaux espoirs de développement d'une pilule contraceptive non-hormonale pour homme.
Plusieurs contraceptifs qui reposent sur les hormones stéroïdes sont en cours de développement. Mais la plupart des produits développés à date semble comporter des effets secondaires indésirables tels que l'acné et des perturbation des niveaux de cholestérol.
James Bradner du Dana-Farber Cancer Institute et Matthew Matzuk du Baylor College of Medicine ont testé, chez la souris, le potentiel contraceptif de la molécule JQ1 développée à l'origine pour le traitement de cancers.
La molécule inhibe la protéine BRDT essentielle à la spermatogenèse par les cellules germinales des testicules. À un stade précoce de ce processus, la BRDT pénètre dans le noyau de ces cellules et active des parties du génome qui déclenchent la maturation des cellules en spermatozoïde. La JQ1 se lie à la BRDT exactement à l'endroit qui se lie normalement au génome, l'empêchant de donner ses instructions à la cellule.
Des injections quotidiennes de la molécule pendant six semaines entraînaient une diminution du nombre et de la motilité des spermatozoïdes, amenant un effet contraceptif sans que les hormones et les comportements sexuels ne soient affectés. Après l'arrêt du traitement, la fertilité retournait au niveau de départ après 4 à 6 mois selon les doses reçues. Aucun effet secondaire n'était constaté (ce qui resterait évidemment à voir chez l'homme et à long terme…).
Les chercheurs estiment que la découverte devrait être transposable chez l'homme étant données les similarités entre la spermatogenèse chez la souris et l'homme. Les études à venir devront évaluer une utilisation à plus long terme et l'éventualité, notamment, de malformations congénitales, indiquent des experts.
La molécule présenterait le meilleur potentiel à date pour une pilule contraceptive masculine, selon certains experts. Il reste cependant un long chemin à parcourir avant une éventuelle commercialisation, précisent-ils. Des dérivés de la molécule sont actuellement testés dans des essais cliniques comme traitement du cancer.
D'autres travaux sont aussi en cours pour le développement d'une pilule non-hormonale de contraception masculine.
Plusieurs estiment toutefois que l'intérêt des compagnies pharmaceutiques est plutôt incertain notamment en raison de l'incertitude de l'intérêt des consommateurs.
Psychomédia avec source: Scientific American, Boston.com, New Scientist. Tous droits réservés.