Je croyais avoir réussi a acquérir quelques certitudes, mais au fond, je me rends compte qu'elles sont factices. Le rêve d'une vie épanouie et bien remplie s'éloigne de moi de jour en jour, je ne fais que végéter et tourner en rond, faute de savoir où aller. J'ai bientôt 28 ans, et je n'ai encore rien fait, rien construit. Les gens "normaux" de mon âge vivent une relation amoureuse, se marient, font des enfants, progressent dans leur carrière, et moi : rien. J'ai l'impression que ma vie est inutile et que je suis venue sur terre par erreur. Peut-être que si je n'arrive pas à trouver une place c'est qu'il n'y en a pas pour moi? Pendant mon adolescence, j'ai plus d'une fois pensé à "réparer l'erreur", mais jamais je n'aurais pu faire cela : il n'y a rien qui me terrifie plus qu'une mort violente, car lorsqu'on est jeune, la mort passe forcément par la violence.
Je n'arrive pas à trouver ma voie, rien ne m'intéresse.(ma psy appelle cela un "problème d'investissement"). Peu importe le nom que l'on donne a ma situation, après tout...
J'ai une habitude morbide : je consulte chaque jour les annonces nécrologiques, je regarde l'âge de la personne, ce qu'elle a réalisé, s'il elle avait une grande famille, des amis, si beaucoup de gens la regrettent. J'essaie de penser à ce qui serait écrit si c'était moi. Je pense aussi parfois à mon enterrement dans une église presque vide, car à part ma famille proche, personne ne me regretterait car je n'ai pas d'amis. J'ai des idées vraiment noires en ce moment.
J'en ai assez de chercher, chercher, chercher, sans jamais trouver. Des foules de questions, mais jamais de réponses. Ce n'est pas drôle de se dire qu'on ne sert à rien. J'ai eu une période où je me sentais optimiste, mais chez moi, ça ne dure jamais très longtemps. Je crois que je suis de nouveau sur la mauvaise pente...
Il y a des gens pour qui tout paraît tellement simple ! J'aimerais bien savoir comment ils font. Ils sont bien entourés, heureux, et n'ont aucun mal à trouver amour et amitié dans leur vie. La plupart des gens que je connaissais étant enfant ont un bon métier, un compagnon ou une compagne, et même des enfants. Alors pourquoi pas moi ? Je me sens tellement seule parfois, et je me dis que si je n'ai pas eu tout cela, c'est que je ne le mérite pas. A d'autres moments, je trouve cela terriblement injuste.
Pourquoi suis-je toujours exclue ? Je suis l'éternelle spectatrice, celle qui contemple le bonheur des autres en se disant :"oh que c'est beau ! ça a l'air tellement simple, tellement naturel", mais qui n'arrive jamais à rien si elle tente de faire pareil. Ce qui fait merveille chez les autres ne fonctionne jamais chez moi. Ca a l'air simple mais c'est un leurre, et je me fais toujours piéger. Les déceptions se suivent et se ressemblent, comme les jours gris et mornes d'un interminable hiver...