Autrefois j’ai croisé sans même me réveiller,
Un visage masqué sur un chemin boisé.
J’avançais yeux fermés comme le font les enfants,
Un jour je suis tombée dans le monde des grands.

Le visage a changé, il n’y avait plus de masque,
Juste la réalité et plus rien de fantasque.
Une réalité que j’ai crue sans songer,
Que c’était sous le masque qu’elle était inventée.

Alors j’ai pris le masque et je me suis cachée,
Tout au fond du boisé où je l’avais trouvé.
Et les yeux refermés j’ai pu recommencer
À respirer comme si rien ne s’était passé.

Un jour pas si lointain je me suis éloignée,
Assez loin pour ne plus avoir à me cacher.
Dans un lac j’ai pu voir mon visage masqué,
Mon visage transformé que j’avais oublié.

Je ne supportais plus ce visage emprunté
Cette image irréelle que je m’étais forgée.
Alors au pied d’un arbre je me suis adossée,
Pour enlever le masque qui allait m’étouffer.

Quand enfin dans une glace je me suis regardée
J’aurais voulu garder encore les yeux fermés.
Mais je les ai ouverts et j’ai vu mon visage,
Un visage d’enfant plein de peur et de rage.

Aujourd’hui je n’sais plus qui j’étais, qui je suis.
Je ne sais plus ce que je voudrais ni ce dont j’ai envie.
Parce qu’il y a sans cesse des peurs que je fuis,
Et parce que trop d’images accaparent mon esprit.

Il y a encore en moi une petite fille effrayée,
Qui voudrait se sauver pour aller se cacher.
Mais maintenant je ne veux plus jamais me masquer
Je veux pouvoir enfin vivre et avancer.

Pourtant les obstacles empêchent souvent mes pas
Des obstacles que je croise, d’autres qui viennent de moi
Alors même la musique ne peut plus m’apaiser,
J’ai envie d’arrêter, envie de reculer.


Ce n’est pas le passé que je veux ignorer,
C’est se que ce passé a fait de mes pensées.
Des pensées imprégnées d’une mémoire retrouvée,
Des images se confondent à la réalité.

Je ne veux plus me voir, surtout pas mon visage
Parce que le miroir me renvoie un mirage.
Ce ne sont pas mes yeux, mais les siens que je vois,
Comme si je ne pouvais plus être seulement moi.

Alors j’avance encore sur le chemin boisé,
En voyant bien que seule je ne peux pas changer.
J’ai besoin d’un regard pour me dire que j’existe,
J’ai besoin d’un visage pour que le mien subsiste.

Je poursuis mon chemin sans savoir si je vie,
Un visage me sourit et je vois qui je suis
Mais quand une main se tend mon visage s’éteint
La peur qui ressurgit, encore elle m’étreint.

Mais les yeux me regardent, ils ne me laissent pas,
Ils ne me laissent pas même si je suis moi.
Le visage sourit même s’il voit qui je suis,
Un visage sans masque, les yeux d’un ami.

Je peux juste être moi, sans plus rien à cacher
Je peux juste être moi avec toutes mes pensées.
J’ai le droit d’être moi, d’être telle que je suis
Parce que quoique je fasse un visage me sourit.

Alors je peux sourire et continuer ma route
Même si parfois la peur fait encore place au doute.
Je poursuis mon chemin, c’est un chemin sans fin
En espérant comme gain un visage serein.


Camille