J’étais nu comme un vers,
Je n’ faisais pas le fier,
L’amour a ses mystères
Et le corps ses frontières.

Et j’avais les mains moites
Et l’allure’ maladroite,
Et le cœur mélangé
D’ivresse et de danger.


Tu étais la première
A caresser ma chair
A tenir à tes bras
Un enfant maladroit.

Toi qui fut la première
A m’avoir dans la chair,
A me donner naissance,
Je te fais révérence.
Toi qui fut la première
A m’avoir dans la chair,
Qui m’enfanta moi-même,
Je veux dire que je t’aime.

Toi le bon professeur
Moi, j’apprenais par cœur
Les lignes de tes mains
Les courbes de tes reins.

Et la littérature
Fait place à l’aventure
Pour chasser le trésor
Palpitant à ton corps.

Et tes enseignements
Coulaient de l’eau de source,
Baignaient le firmament,
Promenaient la grande ourse.

Toi qui fut la première
A m’avoir dans la chair,
A me donner naissance,
Je te fais révérence.
Toi qui fut la première
A m’avoir dans la chair,
Qui m’enfanta moi-même,
Je veux dire que je t’aime.

Mon amie, mon enfant,
Ma sœur et puis ma mère,
Toutes une, à cet instant,
Prenaient vie dans ta chair.

Et l’on est orphelin
Et l’on est orpheline
Lorsque le moment vient
Et que l’amour termine.

Alors nu comme un vers,
C’est pas qu’on fasse le fier
Mais on a dans le cœur
Le parfum du bonheur.

Toi qui fut la première
A m’avoir dans la chair,
A me donner naissance,
Je te fais révérence.
Toi qui fut la première
A m’avoir dans la chair,
Qui m’enfanta moi-même,
Je veux te dire je t’aime.