Elle s'en va de ses pas réguliers
Le corps droit, la tête haute
Elle s'éloigne...

Comme s'éloignent mes souvenirs
La chevelure cuivrée dans le vent
L'image d'un arôme qui quitte un corps
D'une feuille qui se détache d'un arbre
D'un nuage poussé par la brise
Et d'un cœur qui recouvre sa liberté
Elle s'est emparée d'une feuille
D'une écriture effilée
Elle m'a laissé son testament
Juste un mot
Adieu...!

Elle est partie la tête haute
Vers un autre lever
Vers un autre horizon
Moi, je suis toujours là...!

Moi, je suis ailleurs...!
Déchiré entre l'appeler
La serrer entre les bras
L'embrasser pour la dernière fois
Ou la laisser suivre une autre destinée
Ma voix n'a plus de voix
Ma voix vient de perdre sa voie
Elle continue son lent cheminement
Ses pas enveloppent un corps aérien
Ses pas sont toujours réguliers
Digne, elle emporte sa grande fierté
La tête toujours haute...

Je regagne mon coin le plus isolé
Sur mon tronc d'arbre esseulé
Je tatoue son unique mot : Adieu...!

Je n'ai plus de regret
Je la regarde s'éloigner
Elle s'éteint derrière l'écran
Comme s'éteint la dernière étoile...

Je demeure avec son ombre
J'étreins son corps absent
Telle est ma destinée
L'oiseau apprivoisé depuis longtemps
Quitte sa cage dorée
Et avant de s'envoler
Chuchote à mes oreilles
Le même refrain : Adieu...!

Je n'aime plus ce mot
Je dois le remplacer
Sculpter un autre : Ravi...!


© kacem loubay
Kkénifra / Maroc
Vendredi 11 Octobre 2002
loubay_k@yahoo.fr
Le poète de l’autre rive