Témoigner? Pour qui? Pourquoi? Peut-être pour moi, tout simplement, égoïstement.

Par où commencer? Il est où ce début dont je ne vois plus, aujourd'hui, la fin? Cet état de tristesse semble établi depuis si longtemps que je ne rappelle aucunement la dernière fois où j'ai été heureuse. Vraiment heureuse. A croire que ma joie de vivre fait partie d'un autre siècle, d'une autre vie. A croire que cette boule d'angoisse, ce sentiment de lassitude sont présents depuis si longtemps qu'ils sont devenus mes copains, mes seuls copains dans cet univers.

J'essaie de donner le change depuis trop longtemps. Mais là, je n'en peux plus. Je suis fatiguée. Je me sens morte de l'intérieur. Morte, peut-être pas complètement en fait. Puisque quelque part, enfouie au plus profond de moi, doit se cacher l'envie de vivre et de ne pas baisser complètement les bras. Sinon, comment expliquer ce "témoignage"? Comment expliquer ce besoin de ne plus contempler la vie qu'à travers ce voile opaque qui s'est tout doucement interposé entre moi et le monde extérieur... Je n'ai plus envie de rien. Depuis si longtemps. Je me réveille le matin comme avec une chape sur ma poitrine et ne sort de mon lit que pour aller au travail. 

Je passe mes journées avec cette envie de rentrer chez moi, de me mettre au lit en regardant la télé... C'est devenu mon seul plaisir : la télé. Ca me permet de ne pas penser, de ne pas réfléchir, de "m'évader". De série stupide en émission encore plus stupide, je m'endors devant la télé pour me réveiller des fois en pleine nuit et recommencer à regarder la télé pour essayer de me rendormir... Je peux même passer des jours, des semaines comme ça... comme un zombie, les yeux rivés sur la télé ne sortant de mon canapé que pour aller à la cuisine, m'empiffrer et retourner vers mon canapé. Des fois, mon téléphone sonne. J'y jette un coup d'oeil et souvent, assez souvent même, laisse sonner. Tout simplement parce que je n'ai pas la force de répondre... Pendant tous ces mois, je me suis dit que ça allait passer. Que ma joie de vivre allait revenir. Et puis, tout à coup, ce matin, j'ai compris, pour la première fois depuis des mois que j'ai besoin d'une aide extérieur pour pouvoir émerger de ce monde qui m'emprisonne. Sur le net, j'ai appris que les symptômes que je traîne s'apparentent à la dépression et l'anxiété. Et là, en ce moment, je cherche l'adresse et le téléphone d'un bon médecin... Un psychiatre. Et dire que ce mot m'a fait tellement peur pendant des années !

Blueswoman