J'ai une fille qui a été diagnostiqué personnalité limite cette année. Comme le
milieu familial a beaucoup d'importance, je réfléchis souvent et j'aime lire des documents afin
de comprendre les problèmes de notre famille et de nous en tant que parents. Le premier enfant
de la famille semble très bien dans sa peau; c'est le second enfant qui a une personnalité
limite. Les deux enfants ont été désirés par les parents, principalement par moi la mère.
Nous avons eu des problèmes de couple marqués pendant l'enfance de notre fille. J'ai moi-même
pensé fortement à la séparation. De plus, j'ai été assez malade pendant une période de sa
petite enfance, je l'ai abandonné, sans que ce soit volontaire et malgré que j'ai fait mon
possible pour lui redonner confiance en moi j'ai toujours eu l'impression que je n'avais pas
entièrement réussi(elle avait 3 ans et demi à cette époque). J'ai consulté à diverses époques
de sa vie afin de comprendre les réactions de mon enfant; elle a souvent eu un comportement excessif. Elle faisait tout pour avoir l'attention de tout le monde, à l'école, en visite ou
ailleurs. Lorsque nous avons déménagé dans une autre ville alors qu'elle avait 8 ans elle a eu
de gros problèmes d'adaptation, là aussi j'ai consulté des spécialistes. Moi aussi pendant
cette période j'ai eu des problèmes d'adaptation, j'ai eu de la difficultés à me trouver un
emploi; j'ai terminé pendant cette période un baccalauréat afin de me trouver un emploi et
pour cela je partais de la maison 5 jours par semaine en me disant que son père allait devoir
s'en occuper. Je me faisait un devoir de l'appeler tous les soirs et de lui laisser la
possibilité de me rejoindre tous les soirs, chaque fois qu'elle avait besoin de parler. Cette
période a été très difficile pour moi, j'étais déchirée entre le désir de finir les études que
j'avais commencé et la douleur de voir souffrir mon enfant de mon absence. J'étais aussi faché
contre mon conjoint qui au fond se foutait pas mal de mes ambitions et de mon désir de
travailler. Comme je l'ai dit plus haut, la vie a été difficile pour mon enfant. Pour parler
de son père disons qu'il a toujours été préoccupé par sa carrière plus que tout, et quand des
obligations familiales se présentaient, il n'avait pas le choix il ne pouvait sacrifier son
travail pour quoi que ce soit... Je ne lui fais pas de critique, je suis restée avec lui.
J'aurais dû normalement abandonner ce conjoint qui ne voulait pas me permettre de m'épanouir,
je manquais de confiance en moi, j'avais plus peur de partir seule(c'est ce que je pensais à
cette époque). Mon conjoint avait aussi un problème de dépendance à l'alcool. Il est sobre
depuis 5 ans et moi aussi à travers ces épreuves j'ai beaucoup changé, du moins je le crois.
Ma fille a eu une thérapie de deux mois dans une clinique cet été; ça n'a pas tellement
fonctionné. Le psychiatre lui avait prescrit un stabilisateur d'humeur et à un moment donné
elle devenait de plus en plus dépressive. Elle a fait de gros efforts pendant cette période po
ur terminer son DEC, elle a essayé de travailler, sans succès... Elle avait toujours le suicide
en tête, nous l'avons accompagné plusieurs fois à l'urgence jusqu'à ce qu'elle rencontre un
autre psychiatre qui lui a proposé un autre genre de suivi et de thérapie.
La période de thérapie a été difficile pour elle mais elle a été fructueuse. Sa médication a
été complètement modifiée; elle prend autre chose qu'un stabilisateur d'humeur, elle prend des
''expressor'' et pendant la thérapie elle a beaucoup appris sur les pensées automatiques, elle
a repris contact avec nous, a rétabli un lien de confiance et présentement il me semble qu'elle
est plutôt bien même si j'hésite à dire qu'elle est parfaitement bien de peur que....Elle a
repris plein d'activités, elle a cessé d'avoir une vie désordonnée, elle ne parle plus de
suicide, elle a des projets d'avenir, elle s'est réinscrite à l'Université, elle continue
d'avoir des contacts avec son psychiatre et j'en suis très heureuse. Je suis triste d
e n'avoir pas su aimer mon enfant moi qui désirait tant avoir des enfants et qui aime tant les
enfants, je suis triste de n'avoir pas été assez forte pour faire les choix qui aurait pu faire
que mon enfant fusse mieux équilibre... etc...
Suzanne