Le mal de mère

Tu es une jeune femme heureuse, tu vis en couple avec l’homme de ta vie et un jour tu attends famille. Tu te sens comblée, accomplie, tu vas être maman. Tu as bien conscience qu’une nouvelle vie débute pour toi, que ta vie de mère commence le jour de la naissance de ton enfant. Un petit être à chérir, rien qu’à toi, rien que pour toi. Il est si fragile, ton petit. Il te prend tout ton temps, jour et nuit. Tu lui donnes, sans compter. Tu le nourris, tu le soignes, tu le vois grandir. Un lien très fort te relie à lui, irremplaçable, indestructible. Un jour, trop vite, vient la première séparation. Tu le conduis à l’école pour la première fois. Malgré ta propre tristesse, c’est toi qui dois le rassurer, il ne veut pas te quitter, il pleure, tu sèches ses larmes en retenant les tiennes.

Mais la vie continue, le temps passe, ton enfant grandit.
Il étudie, parfois au loin. Mais il revient régulièrement. La vie de famille continue, parfois avec des pointillés, avec ses hauts et ses bas.

Un jour, un jour que tu craignais inconsciemment mais que tu savais venir, il ramène une « amie » à la maison. Une autre femme. Ton cœur de mère se serre, mais tu fais bonne figure, tu sais que c’est la vie. Tu n’as pas envie de partager, mais il paraît si heureux que tu essaies de te mettre au diapason de son nouveau bonheur. C’est indéfinissablement dur pour toi mais tu sais faire semblant.

Tu as quelques mois pour te préparer à l’inévitable. Ce jour arrive, il se marie, il te quitte pour l’autre. On met les larmes que tu essuies furtivement sur le compte de l’émotion, de la cérémonie, mais toi tu sais que c’est le lien maternel qui est en cause. Ton mari ne t’est pas d’un grand secours, il voit les choses autrement. Les hommes sont différents.

Les années s’additionnent et de petits enfants viennent te faire de gros baisers, tu les prends sur tes genoux en pensant à ton propre enfant qui sera toujours présent pour toi.

C’est cela aussi, le mal de mère.


Auteur : Pheliny