LE BONHEUR À LA CARTE.

J'ai lu très peu d'histoires parlant du bonheur et je me demande même si j'en ai jamais vraiment lu. Chacun de nous le voit à sa façon, on est presque gêné de le ressentir et surtout d'en parler. C'est pourtant ce que je vais essayer de faire maintenant. Pourquoi avons-nous tendance à en faire si peu état ? Je crois qu'on le ressent comme fragile, à protéger de l'extérieur pour ne pas faire des envieux. Il serait presque indécent d'en parler dans notre monde impitoyable. Mais un petit enfant qui pleure, dont on sèche les larmes et que l'on parvient à faire rire, un enfant dont les yeux vous regarde jusqu'au fond de l'âme en vous mettant les bras autour du cou, ça, pour moi, c'est du bonheur.

Il y a bien longtemps, j'ai eu un ami inattendu, un homme de la campagne, tout simple, un piéton qui passait régulièrement alors que j'étais occupé en solitaire à la construction de ma première maison. Comme futur nouveau voisin, il m'a salué gentiment et m'a proposé un coup de main que je n'ai pas osé accepter ce jour là. Je le revoyais presque quotidiennement et un beau jour, sans rien dire, il a empoigné une pelle et m’a aidé à mélanger mon mortier. Nous avons fait connaissance, il m'a raconté que de braconnier il était devenu aide garde-chasse. J'ai vite constaté que lui, il était heureux. Il ne possédait rien, il ne pouvait travailler normalement suite à un accident et vivait d'une chiche pension. Mais il était spécialiste en bonheur simple, il connaissait tout des plantes et des animaux, un humain qui vivait au contact de la nature. Mes enfants l'ont adopté, ils en parlent encore maintenant comme on évoque une période inoubliable. Jules, celui qui n'avait rien et qui donnait tout. Cela aussi, c'était du bonheur. Un être cher qui vit dans l'angoisse d'un résultat d'analyse médicale et qui reçoit l'avis que ce n'est pas grave, pas ce qu'il craignait, connaît aussi le bonheur. Son entourage également, le bonheur partagé est plus grand encore. Mon grand-père me disait : "Ce que tu as à l'intérieur de toi-même, personne ne peut te le prendre". Il avait raison et la notion du bonheur en fait partie. J’utilise souvent l’expression : «du bonheur à la carte» dans mes souhaits. Petits bonheurs, grands bonheurs, chacun de nous y puise le sien, à sa mesure, selon les circonstances. Le bonheur, c'est pour moi la seule chose au monde que l'on puisse partager sans limites. Plus on le distribue, plus il augmente. C'est le meilleur placement que nous puissions faire !

Auteur : © Pheliny Copyright déposé chez Creasafe