Réponse à: YOLANDE (huit ans de dépression)
Surnom: YOLANDE
Pays: Canada
Âge: 36
Sexe: féminin
Bonjour J'ai 36 ans et je suis mariée depuis 12 ans. Nous n'avons pas d'enfant. Il y a 8 ans j'ai eu (2) grossese ectopique et depuis ma vie a completement change. Cela m'a pris 5 ans a accepter de ne pas avoir d'enfant et nous sommes maintenant comfortable avec cette décision.
MOn probleme est que je souffre constamment de depression. Je tremble souvent et je ne sais plus comment trouver la paix intérieure. J'ai tout pour être heureuse; un bon mari, un belle maison, de la stabilité mais je suis misérable.
Je ne travaille pas depuis 8 ans et je suis souvent malade. J'ai eu 3 opération pour réparer les dommages due à mes grossesse ectopique et je souffre maintenant de colite ulcéreuse. J'ai aussi grossi de 100 livres
depuis tout cela et je ne réussie plus à sortir de mon écorce.
Je prends depuis 6 ans du Clomipramine et cela m'aide un peu. Je suis fatiguée d'être malade, je voudrais tant retrouver la (joie de vivre) mais je me sens perdue en dedans. Souvent, je ne veux plus me lever du lit et j'ai commencer à vouloir me faire du mal avec un couteau. Par exemple; me grafignier la peau. Je rêve aussi qu'on me frappe et que je le mérite. (Je n'ai jamais été frappée).
Je n'aime pas ce que je suis devenue, mes parents on hâte de me voir "maigre" et "jolie" comme avant, mais je suis faible devant leurs exigences. Je voudrais qu'on soit fière de moi pour qui je suis non pour mon apparence. Je n'aime plus la vie.
Très chère Yolande.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la vie n'a pas été tendre avec vous. Deux grossesses menant à la stérilité, de nombreux problèmes physiques, un état dépressif qui semble revenir très souvent Votre histoire est très touchante, Yolande.
Il me semble pourtant que la clé qui pourrait vous aider se trouve dans votre dernier paragraphe. « Mes parents voudraient me voir » autrement que je suis; « je suis faible devant leurs exigences »; « je voudrais qu'on soit fière de moi ».
Je risque ici Yolande une hypothèse qu'il vous appartiendra de vérifier.
Vos parents voudraient vous voir et vous voudriez qu'ils vous voient Pourtant, leurs exigences semblent tellement grandes que vous n'y arrivez pas. Vous voudriez que les autres soient fiers de vous qu'ils vous voient donc comme vous êtes. Qu'ils vous reconnaissent simplement comme quelqu'un peut-être, au-delà de toute exigence.
Mais où sont vos yeux à vous, Yolande? Vous, vous vous voyez comment? À vous lire, on croirait qu'il n'y a que les autres qui ont le pouvoir de vous définir, de vous voir, de vous reconnaître.
Vous avez eu 2 grossesses ectopiques puis vous avez sombré dans une dépression qui ne finit plus. Huit ans déjà, Yolande. Et six sous médication.
À vous lire, j'ai l'impression que vous êtes en grève, Yolande. En grève d'être femme, en grève d'être maman, en grève d'être vous. À défaut de pouvoir vivre comme les autres vous le demandaient, c'est comme si vous aviez décidé de tout arrêter.
Mais où sont vos yeux, Yolande? Où se trouve cette capacité de vous voir comme vous êtes, de vous accepter comme vous êtes et de vous reconnaître le droit d'exister ainsi? Après huit ans de grève, vous posez une question à ce site. Y aurait-il quelque chose qui est en train de bouger pour vous? Y aurait-il une partie de vous qui veut commencer à vivre? Y aurait-il quelque part en vous, une volonté de vous donner enfin des yeux à vous plutôt que d'emprunter ceux de vos parents?
À vous lire, Yolande, j'ai l'impression que vous vous préparez à accoucher Après huit ans de stérilité, quelque chose en vous semble émerger. Vous dites ne plus aimer la vie, mais vous ne dites nulle part que vous voulez mourir. Serait-ce parce que vous voudriez aimer la vie autrement? Autrement qu'avec les yeux et les exigences des autres? Autrement qu'en espérant constamment que les autres soient fiers de vous?
Vous devriez profiter de ce qui bouge en vous pour consulter un psychologue et entreprendre le travail de vous donner des yeux, de vrais yeux à vous qui pourront vous apprécier.
Après huit ans de stérilité, donnez-vous la chance d'accoucher de vous-mêmes. Vous redeviendrez femme, vous redeviendrez jolie peu importe votre poids, vous commencerez à être mère, mère de vous et de votre fierté d'être.
Bon courage Yolande.
Jean Rochette, Psychologue