Réponse à: TOM (du conflit intérieur)

Surnom: TOM
Pays: France
Âge: 20
Sexe: masculin

Bonjour.

Je vis actuellement a Singapour depuis deux mois et demi, dans le cadre d'un stage en entreprise. C'est la premiere fois que je voyage seul sans

connaissances et que j'ai ma propre independance.

Tout se passe plutot bien. Le stage se deroule tranquillement, la ville et la region sont tres agreables et l'adaptation a une culture mi-internationale mi-chinoise n'a pas pose de problemes.

Pourtant depuis quelques temps j'ai des sentiments et des pensees que je

n'ai pas d'habitude qui me font un peu peur.

Je ne suis a la base pas xenophobe et j'adore lier contact avec etrangers pour decouvrir d'autres cultures. Il m'arrive pourtant d'avoir des pensees negatives par rapport a certaines ethnies, notemment malaysiennes, indonesiennes ou indiennes. Ils ont un comportement beaucoup plus physique que dans notre societe occidentalisee qui a tendance a asceptiser. Quelque part je trouve que etre plus proche tels qu'ils le sont entre eux (notamment entre les hommes) est tres humain. Il y a pourtant une partie de moi qui est comme degoutee.

D'ou est ce que ca peut venir ? Serait ce une peur de l'autre ? Serait ce une consequence d'une vision du contact physique que je peux avoir ?

Je sais que le contact physique entre les hommes est montre comme inexistant en Europe de l'ouest sauf d'une facon violente. Pourtant avec mes amis il nous arrivait de nous embrasser (pas enormement).

Je me sens aussi agace beaucoup plus facilement quand le comportement d'une personne ici ne me plait pas. Alors qu'en France j'etais plus cool, zen (voire des fois carrement j'm-en-foutiste ... ce qui n'est pas une solution non plus).

En esperant que mes questions soulevent des problemes interessants chez vous, merci et a bientot.

Bonjour Tom,

Une partie de vous trouve que le comportement plus physique, plus proche des Malaysiens est très humain et une autre partie est comme dégoûtée.

D'où cela peut-il bien venir ? La partie de vous qui trouve que c'est très humain manifeste peut-être une forme de sympathie, voire d'envie d'être comme eux. La partie de vous qui est comme dégoûtée réagit probablement à de vieilles peurs à connotations homosexuelles.

Vous dites, à juste titre, que le contact physique entre hommes dans le monde occidental se réduit à la violence . justement pour éviter une érotisation des contacts entre hommes qui pourrait laisser croire que la porte de l'homosexualité est ouverte. Observez bien l'abrazo des latins : on se place virilement poitrine contre poitrine et on se donne mutuellement de vigoureuses tapes dans le dos. Jamais la peau ne touche la peau et jamais on ne frotte le dos (ça ressemblerait trop à une caresse !). Le tout symbolise l'amitié et l'égalité entre hommes.

Vos réactions, l'agacement y compris, semblent être d'ordre transférentiel.

Qu'est-ce qu'un transfert ? C'est une nouvelle édition, une copie des tendances et des fantasmes du passé, qui sont réactualisées dans le présent. Une personne ou une situation du passé est remplacée par une personne ou une situation du présent (pour vous, les Malaysiens).

Ce sont les états psychiques du passé qui sont rejoués dans la relation actuelle. Comme un livre qui est épuisé, on fait une «réimpression». Et cette dernière est parfois «revue et corrigée», c'est-à-dire adaptée à la situation nouvelle.

J'ajoute qu'il existe un transfert positif (sentiments amicaux et tendres) et un transfert négatif (sentiments hostiles et rejet). Lorsque vous êtes en situation de transfert positif, vous adorez lier contact avec des étrangers et découvrir d'autres cultures. Lorsque vous êtes en situation de transfert négatif, vous expérimentez le dégoût.

Ces deux tendances cohabitent à l'intérieur de vous ce qui génère probablement un malaise (et non un Malaysien !). Ce malaise se dissipera à mesure que vous deviendrez de plus en plus conscient du phénomène et que vous vous autoriserez à le vivre, à l'expérimenter et à en assumer la paternité (du phénomène), si ce n'est déjà fait. C'est une étape vers l'acculturation.

Tom, je vous souhaite un stage très stimulant et profitable et merci d'avoir attiré l'attention de nos visiteurs sur ce phénomène.

Bien à vous,

Georges-Henri Arenstein, Psychologue