Réponse à: SWEETHEAVEN (abandon du père, soeur dépressive et dépendance affective)

Surnom: SWEETHEAVEN
Pays: Canada
Âge: 17
Sexe: féminin

Salut, je trouve très bien ce que vous faites pour nous. Je vais essayer de vous expliqué mes problèmes le plus clairement possible.

Pour commencer, mes parents sont séparés et mon père m'ignore complètement, j'ai appris qu'il violait ma mère, et ça m'inquiète de penser qu'elle nous a eu en se faisant violer. Avant j'étais très proche de lui, mais ça m'a fais vraiment mal de savoir ça. De plus, j'ai eu quelques diffilcultées sur le plan sexuelle, et mes 2 soeurs également.

Est-il possible qu'il nous ait violées et que l'on ne s'en souvienne pas?

Pour continuer, ma soeur est dépressive. Elle est traiter avec des médicaments mais elle ne suit pas de thérapie parce qu'elle n'a pas les moyens de les payer. Elle boit son argent, ce qui fait que ma mère et mon autre soeur la renient en quelque sorte. On dirait qu'elles veulent plus la fuir que l'aider. Ça me brise le coeur de la voir souffrir, je voudrais l'aider mais qu'est-ce que je peux faire?

Pour finir, je suis dépendante affective, et mon chum vient de me laissé. J'ai mal à en mourir, je ne suis plus capable de vivre normalement et personne ne veut comprendre.

Est-il possible que l'abandon de mon père soit la cause de ma dépendance? Comment faire pour ne plus être aussi accrocher après un gars?

Mon ex était un drogué et il m'a laissé en me disant que ça me faisait trop de mal. Je sais qu'il m'aime encore, mais pourquoi, s'il sait que la marijuana est un problème, il ne va pas chercher l'aide qu'il a besoin?

Merci infiniment.

Bonjour Sweetheaven,

Il n'est pas réjouissant, en effet, de prendre conscience du fait que ta mère t'a mise au monde suite au viol exercé par ton père sur elle. Ton défi, malgré tout, sera d'accepter cette réalité et de réussir à te défaire du côté souffrant de cette situation. Je reconnais que cela ne se fait pas du jour au lendemain : c'est un travail à long terme, parfois ardu, mais il est quand même réaliste d'y parvenir, par exemple en psychothérapie.

Tu nous demandes ensuite s'il est possible que ton père vous ait violées (je suppose que tu parles de tes s urs et de toi-même) sans que vous vous en souveniez. Il est possible, en effet, que la mémoire consciente ait refoulé ces souvenirs. Ceux-ci demeurent alors à l'état de "dormance" dans un coin reculé de ton cerveau. Ils peuvent, éventuellement, "se réveiller". Cependant, beaucoup d'experts prétendent que le corps, lui, se souvient très bien et que l'expérience dont ta mémoire ne se souvient pas, du moins pour l'instant, demeure inscrite dans tes muscles, sous forme de tensions. (Bien entendu, toutes les tensions musculaires ne sont pas dues à des causes violentes.) Certaines techniques de psychothérapie arrivent à raviver ces souvenirs.

Ta rupture récente n'arrange pas les choses : pour quelqu'un qui manifeste une dépendance affective, une rupture amoureuse est toujours une tragédie. Il est, en effet, possible, que l'abandon de ton père soit la cause de ta dépendance; d'autres facteurs viennent peut-être aussi s'y greffer. Comment faire pour ne plus "t'accrocher" à un gars ? Une psychothérapie te permettra vraisemblablement de faire la paix avec toi-même. Suite à quoi tu seras davantage en mesure d'aimer sans te perdre. Ce qui était tragédie deviendra alors graduellement un souvenir acceptable.

Tu désires aider ta s ur qui "boit son argent". C'est très beau de ta part de manifester cette solidarité envers elle. Le mieux que tu puisses faire est de lui partager ton inquiétude et de l'inciter à se faire aider, surtout pour elle-même. Il ne te sera pas possible d'aller plus loin car l'alcoolisme, les difficultés sexuelles, etc., relèvent d'une intervention spécialisée. Il serait sage, pour ton propre développement, de ne pas porter le poids des problèmes de ta s ur sur tes épaules. Quelques marques occasionnelles de soutien seraient sans doute les bienvenues pour elle. Mais sans plus.

Quant à ta dernière question (si ton ex-copain sait que la mari est un problème, pourquoi ne va-t-il pas chercher de l'aide), elle résume la situation paradoxale de toute personne dépendante à une substance : le désir de consommer est plus fort que la peur des effets nocifs, d'où le maintien du comportement. Et ce désir de consommer est évidemment amplifié par le plaisir qu'il apporte. Qui plus est, on considère que la consommation excessive est liée à un phénomène d'autodestruction. Une fois de plus, s'aider est un choix, une décision personnelle.

Je te souhaite bien de bonnes choses.

Bien à toi.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue