Réponse à: SUNNY36 (différents diagnostics pour un même patient)

Surnom: SUNNY36
Pays: Suisse
Âge: 19
Sexe: féminin

Durant mes nombreuses hospitalisations en milieu psychiatrique (pour la pluspart forcées), j'ai vu différents pédopsychiatres et ensuite psychiatres, qui ne s'entendaient pas sur le diagnostic.Mais comment est-ce possible qu'un jour on vous parle de troubles thymiques,une autre fois de bouffée délirante, ou encore de trouble de la personnalité émotionnel labile type borderline ??? (Et ce ne sont pas là les seules étiquettes que l'on m'ait mises.)

Je trouve cela assez difficile d'être psychiatrisé, sans avoir l'impression que, ne sachant pas de quoi vous souffrez, les médecins s'essaient à vous coller l'étiquette la plus adéquate pour vous cataloguer, vous classifier et vous traiter selon leur Bible, le DSM III,IV, ou je ne sais combien.

Bonjour Sunny36,

Je peux aisément comprendre votre désarroi face aux changements de diagnostics vous concernant.

Il faut comprendre toutefois que le DSM est un système de classification descriptif. Et tout système de classification descriptif risque parfois de voir l'étiquette changer au fil de l'évolution de la personne et des fluctuations de son état symptomatique et ce même lorsqu'il s'agit au départ de la même pathologie.

Il faut comprendre aussi que certains troubles psychiatriques demeurent stables longtemps et d'autres sont sujets à de grandes fluctuations surtout dans l'enfance et l'adolescence. Le DSM est un outil de classification, un outil de référence, qui renseigne et qui permet de comprendre certaines choses, mais certainement pas toutes. On dit parfois que c'est la «Bible» des psychiatres mais il s'agit là d'une expression sarcastique qu'il ne faudrait pas prendre au sens littéral ni au pied de la lettre. S'il demeure vrai qu'ils s'y réfèrent souvent, il est aussi exact de dire que le DSM ne rend pas compte de toute la complexité d'une psychopathologie. D'ailleurs, il ne nous renseigne ni sur les causes ni sur le traitement des maladies.

Cataloguer, classifier, étiqueter, peut vous sembler déplaisant; il reste que pour le spécialiste, le diagnostic et même les changements de diagnostic sont des instruments de travail qui permettent de voir plus clair.

Je reconnais que des hospitalisations forcées et multiples représentent des événements pénibles à vivre; j'espère que pour vous, le plus gros est passé. Courage !

Bien à vous.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue