Réponse à: STOCK (syndrome de Stockholm)
Surnom: STOCK
Pays: Canada
Âge: 34
Sexe: féminin
Je voudrais avoir des informations sur le syndrome de Stockolm, savoir ce que c'est exactement. Car je crois que cela a une influence dans ma vie puisque je reproduis des relations nocives pour mon bien-etre. Merci.
Bonjour Stock,
Vous vous intéressez au syndrome de Stockholm.
Stockholm est la capitale de la Suède. Dans cette ville, en 1973, six bandits ont commis un vol de banque avec prise d'otages. L'aventure dure six jours. À la surprise générale, les employés de la banque, loin de mépriser leurs agresseurs, leurs témoignent au contraire une réelle sympathie.
Le syndrome de Stockholm, c'est la victime qui adopte, au moins provisoirement, les valeurs de l'ennemi. Il ne s'agit pas d'une longue déprivation sensorielle ou d'une période de désinformation ou même d'un lavage de cerveau. Pour convertir les otages à leur cause, les bandits se montrent simplement compatissants envers eux en leur offrant des sandwichs et des jus et en leur parlant avec respect.
Comment cela se peut-il ?
Nous éprouvons tous le besoin quotidien d'un lieu et d'un espace pour discuter de notre perception de la réalité et pour partager quelques préoccupations. Ces échanges sont des rituels qui nous apportent la satisfaction d'être confirmés dans nos valeurs : "Telle chose est drôle, n'est-ce pas ? Tel accident est terrible, non ?, etc.". On s'attend à une confirmation quasi-automatique. Dans une prise d'otage, ces petits moments sont souvent bousculés, sinon absents. Un agresseur qui tient en joue des employés ne parlera ni d'actualité ni de la pluie et du beau temps avec ses victimes ! Ça ne ferait pas sérieux ! Les otages, eux, dans leur panique, ont pourtant besoin de s'en remettre à quelqu'un, de se relier.
Ce besoin est tellement fondamental que, en situation de crise, les otages adopteront les valeurs et les idées du groupe agresseur (même si elles sont hostiles) plutôt que de se retrouver dans un vide culturel. Mieux vaut des idées hostiles qu'un vide total.
C'est ainsi que lors des résolutions de situations problématiques où il y a prise d'otages, il faut tenir compte de l'existence de ce syndrome chez les victimes. Ces derniers ont parfois endossé, du fond du c ur, des idées nouvelles que pourtant ils ignoraient la veille. Plus longue est la prise d'otage, plus cette situation risque de se produire.
Ce même phénomène existe auprès des adeptes des sectes, adeptes considérés, parfois à tort et parfois à raison, comme des otages ! Le point commun entre les bandits et certaines sectes est que les "ravisseurs" font courir le bruit parmi les otages (et les adeptes) que le monde extérieur les a abandonnés. Bien que cruelle, cette attitude est d'une redoutable efficacité !
Il ne faut pas confondre le syndrome de Stockholm avec le syndrome du survivant. Suite à une situation catastrophique (camp de concentration, tremblement de terre, etc), les survivants ne sont pas simplement contents d'avoir échappé à la mort : ils se sentent aussi profondément coupables d'avoir laissé derrière eux des amis, des proches, des compagnons d'infortune. Cette culpabilité se transmet même aux générations suivantes. C'est cette culpabilité, sans fondement apparent, qu'on appelle le syndrome du survivant.
La dynamique des sectes s'inscrit presque toujours dans un scénario de catastrophe (fin du monde, cataclysmes divers, etc). L'anticipation d'une catastrophe, comme la fin du monde, par exemple, est capital pour le bon fonctionnement du groupe : "Les méchants seront anéantis; nous, les bons, nous survivrons !"
Personne ne leur dit, bien évidemment, que survivre avec une culpabilité dévorante est loin d'être confortable. De toutes façons il n'y a pas lieu de s'en faire : la fin du monde n'ayant pas en lieu, la culpabilité ne surgit pas, elle non plus. Mais, en attendant, le discours élitiste s'est avéré efficace !
Il est vraiment abusif d'utiliser l'expression "syndrome de Stockholm" ou "syndrome du survivant" lorsqu'on parle de relations de couple. Dans un couple, il ne saurait être question d'être l'otage de l'autre. Et quand bien même cela serait, l'autre ne nous a pas "kidnappé" : c'est une façon non-responsable de voir les choses.
Choisir un partenaire nocif pour notre bien-être résulte de notre blessure à nous (blessure ayant produit des carences, des comportements auto-destructeurs, etc.) et non du fait que l'autre nous maintienne captif.
Vous ne souffrez pas du syndrome de Stockholm, à moins qu'un ravisseur vous ait pris par la force ou la contrainte.
Je pense que vous avez voulu parler de la relation bourreau-victime ou de la relation dominant-dominé. Ce petit jeu se joue à deux dans le couple. Pour s'en sortir, il faut aller chercher les processus d'enfance et les modèles reçus ayant donné lieu à cet état de choses.
Bonne chance, Stock !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue