Réponse à: SOURIRE (ne se sent pas prête à cesser sa psychothérapie)
Surnom: SOURIRE
Pays: Canada
Âge: 36
Sexe: féminin
Bonjour,
Depuis que je suis née, je me sens toujours de trop. J'ai de la difficulté à prendre ma place. Je suis la dernière d'une famille de quatre enfants. J'ai été élevée dans l'idée qu'il ne fallait pas déranger. Conséquence, c'est que maintenant, je suis une femme de 36 ans et je me sens malheureuse. Je n'ai pas beaucoup d'amies (s). Ceux que j'ai me font souvent sentir qu'ils ont d'autres choses à faire que de passer quel- ques heures avec moi dans la semaine ou même dans le mois. Je vis seule en appartement. J'ai un petit handicap, mais je suis très autonome. Je suis pourtant positive, malgré tout, du moins, j'essaie. J'ai également beaucoup d'humour, mais cela n'attire personne. Je n'ai jamais connu l'amour. Je vis présentement une peine d'amour. Je ne suis pas capable de m'en sortir. L'homme que j'aime est pourtant un gars qui est près des gens, mais pas assez pour m'aimer telle que je suis. Lorsque je lui téléphone, il est toujours content de me parler, du moins, il semble l'être. Par contre, j'ai tellement le goût de le voir. Il ne reste pas dans la même région que moi.Nous restons à environ une heure de route. Que faire? C'est d'abord un ami, mais je sens toujours qu'il veut me faire sentir coupable de l'aimer.On dirait que je n'ai jamais le droit d'aimer et surtout d'être aimée. J'ai toujours eu des amours à sens unique. C'est très pénible à vivre. La seule personne qui m'a vraiment aimée, c'est mon père, mais voilà qu'il est décédé depuis dix ans.Mon père était le seul à me prendre dans ses bras et à me dire « Je t'aime». J'ai aussi de la difficulté à demander de la tendresse à quelqu'un. J'ai peur du refus. Peut-être que cette peur n'est pas fondée, mais je me risque très rarement à «quêter» de l'affection. J'ai demandé cet été à l'homme que j'aime de me serrer contre lui, mais il n'a pas voulu. Il dit qu'il ne serre jamais ses amies contre lui, alors pourquoi le ferait-il pour moi? Ce sont les mots qu'il a utilisés. Je me sens blessée et je dois refouler mes émotions. C'est d'ailleurs toujours ce que j'ai fait dans ma vie. Je n'avais pas le droit d'exprimer mes frustrations, mes colères ou quoi que ce soit. Les membres de ma famille me disent souvent que j'exagère ou que je ne comprends rien (lorsque je veux m'impliquer dans une conversation) alors je me tais. J'en ai gros sur le coeur, mais je ne veux pas abuser de votre temps. Voilà une phrase typique que je dis souvent. J'abuse des gens. Je vois présentement un psychologue, mais il me reste qu'une rencontre avec lui. Je me sens délaissée. Il me dit que je suis maintenant prête à voler de mes propres ailes. Moi au contraire, je me sens abandonnée comme tous les autres qui le font tôt ou tard. Je termine en disant que je fais beaucoup d'activités seules. En fait, je sors presque toujours seule. Je suis devenue une adepte des sorties en solitaires. Je fais tout mon possible pour ne pas déranger.
Merci de m'avoir écouté
Sourire
Bonjour Sourire.
Je compatis à votre souffrance et vous félicite d'avoir osé nous écrire pour nous poser votre question. C'est un grand pas en avant que d'oser se confier malgré cette impression continuelle que l'on va déranger.
En même temps, je m'étonne que votre thérapeute juge que vous n'avez plus besoin de ses services. L'idée qui me vient à l'esprit est que vous ne lui avez pas tout dit. Est-ce possible?
Est-ce possible que le fait d'avoir peur de déranger tout le monde vous ait empêché de lui dire, notamment que vous, vous ne vous sentiez pas prête à mettre un terme à la thérapie? Que plein de choses restaient encore à travailler? Il est très important, Sourire, de lui dire tout ce que vous vivez. Vous ne pouvez pas être de trop dans votre thérapie car c'est justement un lieu spécialement pour vous.
Il est possible également que lui-même juge que, dans le type de problème que vous avez, il ne puisse plus vous aider. Dans ce cas, il pourra vous référer à quelqu'un d'autre afin que vous puissiez continuer.
Enfin si vraiment il connaît tout de votre problème et qu'il vous juge prête à « voler de vos propres ailes » comme vous dites, il pourra sûrement vous expliquer les raisons qui font que lui trouve cela alors que vous ne vous sentez pas encore prête.
Mais dans tous les cas, vous devez lui dire que vous ne vous sentez pas prête à cesser votre suivi.
Au besoin, écrivez-le lui sur un bout de papier. Mais dites-lui. Cela est très important.
Bonne chance, Sourire.
Jean Rochette, Psychologue