Réponse à: RESET (en arrêt de travail et déprimée)
Surnom: RESET
Pays: Canada
Âge: 50
Sexe: féminin
Bonjour,
Voici ma question: Je suis en congé de maladie depuis 3 mois (trouble d'adaptation avec humeur dépressive). Le 1er mois je l'ai passé à pleurer, le 2e à trembler, dormir, pleurer... pendant tout ce temps j'avais une boule dans la gorge qui me donnait l'impression que quelqu'un était en train de m'étrangler. Depuis quelques semaines, j'ai réussi à me calmer (je n'ai pas accepté de prendre d'antidépresseurs et je n'en veux pas).
L'autre semaine, j'avais à aller voir mon médecin pour qu'elle évalue mon "cas". Pour moi, cette évaluation voulait dire : Ou bien elle me dit que je suis OK et me renvoie au travail ou bien elle me dit que je ne suis pas OK et me renouvelle mon congé de maladie. Pour moi, l'idée de retourner au travail n'était pas une éventualité à laquelle je voulais même penser... c'était hors de question. Il ne me restait plus que de démissionner. Pour moi, l'équation était celle-ci: Retour au travail = panique, déprime = suicide Démission = aller au bout de mes économies (3mois) = suicide Donc, je m'étais dit "Mourir pour mourir, je préfère démissionner". Or, je sais que raisonnement n'a pas de bon sens, mais c'est vraiment ce que je ressens.
Dans les dernières semaines j'ai essayé de trouver des solutions de rechange : congé sans traitement, retour aux études, entreprenariat, etc. J'en ai parlé avec mon médecin qui a dit qu'elle voyait que je faisais des efforts pour m'en sortir et qu'elle prolongerait mon congé de maladie pour que je concrétise mes efforts. Le problème, c'est que cette épisode (visite au médecin, séances d'information dans des cégeps, visite au médecin de mon lieu de travail) m'a tellement stressée que j'ai été malade pendant trois jours après (maux de tête, indigestion, tremblements, etc). Je me suis rendue compte que j'ai tellement peur de retourner au travail (j'ai l'impression qu'ils vont me manger tout rond) et tellement peur de démissionner parce que je sais ce que je suis prête à faire et parce que je ne vois pas de solutions ? que j'essaie de trouver n'importe quoi qui me libèrerait de cette tension insupportable. La vérité c'est que "ça ne pense plus"... je me sens vide, sans idées, je ne sais même plus ce que j'aime...j'ai juste envie d'avoir du temps pour moi et la paix tout en ne me mettant pas dans une situation financière difficile (ça fait 20 ans que je travaille au même endroit et j'ai de bonnes assurances collectives... il me semble que je dois avoir le droit de "guérir" à mon rythme). J'ai pensé demander à mon médecin de me référer à un psychiatre... mais je ne veux pas d'un "psy" qui va me donner des antidépresseurs, me faire coucher sur un divan, qui ne parlera pas et qui va me demander de lui raconter mes rêves dont je ne me souviens pratiquement jamais de toutes façons...
Que pensez-vous de tout ça?
Merci
Bonjour Reset
Tu ne me racontes pas ce qui t'a amenée à prendre un congé de maladie du milieu de travail où tu es depuis 20 ans. Cela manque : conflits avec les collègues ? difficultés relationnelles ? pression indue? changement de structure organisationnelle ? dans une grosse ou petit entreprise? pour le gouvernement ? entreprise familiale ? etc. Ces éléments m'auraient aidé à mieux voir clair dans ce qui t'arrive, au moins sur le plan du contexte.
Je suis étonné que ton milieu de travail n'ait pas de programme d'aide aux employés malgré le fait que tu aies de bonnes assurances, dis-tu . Il est souvent à conseiller de consulter sur la plan psychologique pour te supporter dans ces moments d'inactivité. Une médication bien dosée aide parfois aux humeurs à se stabiliser. Il n'y a pas de honte à prendre de la médication (pour dormir, pour quitter la dépression, pour stabiliser le système, entre autres). Pour quelques mois seulement, non pour la vie.
C'est sûr que de démissionner à 50 ans, après 20 ans dans le même environnement est à y penser deux fois. Y a-t-il d'autres avenues à considérer avant de sauter dans le vide? Cela ne t'aidera pas à solutionner tes difficultés d'angoisse et d'insécurité si tu quittes tout. Tu dis avoir fait des pieds et des mains pour te sortir de ce milieu de travail. Je suis étonné de toute l'énergie que tu déploies pour quitter (informations au Cégep, visite à ton médecin de la compagnie, recherches pour partir à ton compte, etc.) plutôt que de prendre ce temps-là pour refaire tes forces, te reposer, faire des activités sportives, de la marche, rencontrer des amis, visiter la famille, etc). Je comprends que cela t'ait mise toute à l'envers. De quoi as-tu le plus peur en retournant au travail ?On dirait que tu es seule là-dedans, à ne pas savoir par où aller pour t'en sortir. Tu portes des jugements prématurés, je trouve, quand tu parles d'un " psy " qui va te donner des anti- dépresseurs, va te faire étendre sur un divan, va te demander de raconter tes rêves, toi qui ne rêves pas. Ce n'est pas comme cela que ça marche. D'abord tu peux lui dire les croyances que tu as sur les psy pour enlever ces peurs négatives. Beaucoup parlent et utilisent davantage le présent pour confronter les obstacles qui assaillent la personne. Tous ne font pas travailler leur client ou patient sur le divan, tous ne font pas travailler les rêves, sauf, s'il y en a qui sont importants- et dont la personne se rappelle, il va s'en dire. Tu as vraiment des idées toutes faites qu'il te faudra remettre en question.
Je ne sais pas si tes bonnes assurances collectives peuvent te permettre -par un Programme d'Aide ou en privé- d'aller consulter, mais cela te ferait du bien. D'abord pour aller plus loin dans ce fond dépressif- il se peut qu'il soit lié aux transformations physiologiques et psychologiques reliées à ton âge-, et ensuite pour mieux retrouver un rythme qui est le tien et non celui imposé par un milieu de travail, quelqu'il soit d'ailleurs. Tu parles peu de ta vie affective et personnelle. Mariée, en union de fait, des enfants, un ami de coeur ? Des amitiés solides ?
Je sais bien aussi que ce ne sont pas tous les employeurs qui attendent que la personne en arrêt de travail soit tout à fait prête au retour. Ce sont des retours parfois prématurés qui amènent plus de trouble. Essaie de voir si tu aurais droit à un retour graduel, profite de tes moments d'arrêt pour refaire le plein, te détendre, faire de la relaxation, lire, méditer.
Voilà mes réflexions, et retrouve ton rythme intérieur.
Norbert Fournier, Psychologue