Réponse à: PUSSY (acte de pédophilie subi pendant l'enfance)

Surnom: PUSSY
Pays: France
Âge: 37
Sexe: féminin

J'ai été victime lorsque j'avais 6 ans d'un pédophile. Je n'ai jamais oublié cet événement qui a dû marquer mon enfance, mon adolescence et ma vie d'adulte puisqu'aujourd'hui des souvenirs précis s'imposent à ma mémoire qui me bousculent dans ma vie familiale. Je suis mariée et mère d'une petite fille de 6 ans.

Je me suis souvent dit que mon dégoût pour le sexe était surmontable et qu'avec beaucoup d'amour et de compréhension tout s'arrangerait. Or, au fil des années, ce dégoût est de plus en plus prononcé. Les signes précurseurs ne m'ont pas amené directement à ce que j'avais subi à 6 ans. J'ai commencé par avoir peur de la mort, avoir le sentiment que je ne m'étais pas réalisée bref plus des symptômes de dépression.

Puis, ne comprenant pas vraiment ce qui m'arrivait, et devant l'incompréhension de mon mari, je me suis décidé à aller consulter un psychiatre. Le 1er rendez-vous a été révélateur. Des souvenirs précis de mon agression sont revenus me faisant prendre conscience que j'avais certainement inconsciemment transposé mes angoisses sur ma petite fille. Elle vient d'avoir 6 ans, et je réalise, comme mes souvenirs sont bien précis, que cet événement s'est produit il y a 31 ans à la date anniversaire des 6 ans de ma fille.

Réaliser que mon accouchement prématuré inexpliqué en soit une conséquence. C'est effroyable de penser que les angoisses nocturnes, cette peur de s'endormir seule, d'avoir toujours besoin de moi à côté d'elle, sont liés à ce que j'ai vécu.

Serait-il vraiment possible que j'ai pu provoquer tous ces déséquilibres chez elle et dans ce cas, ne faudrait-il pas qu'elle soit suivie elle aussi ?

Ceci est plus un témoignage car mon psy m'apportera j'espère des réponses et une solution à mon problème et à ceux de ma fille.

Bonjour Pussy,

Votre témoignage démontre à quel point les enfants peuvent être « fidèles» aux traumatismes subis par leurs parents. Ce que vous nous racontez est connu en psychologie sous le nom de «fidélité» transgénérationnelle».

Une réserve toutefois : ce n'est pas vous qui avez «provoqué» tous ces déséquilibres chez votre fille. Vous ne lui avez rien infligé ni transposé. C'est elle qui, par sa sensibilité d'enfant, par ses processus d'apprentissage par imitation, par amour pour sa maman a, en quelque sorte, détecté, capté et fait sienne cette peur. Elle l'a ingurgitée avec amour, comme les bébés le font avec le lait, sans se douter que c'était toxique. Vous ne pouviez pas faire autrement puisque vous portiez cette souffrance en vous.

Je ne suis pas sûr qu'il faudrait qu'elle soit suivie; mais il serait sans doute bénéfique que vous lui expliquiez un jour (prochain) que vous avez certaines peurs à cause d'un événement lointain et que vous vous en occupez de la bonne façon et qu'elles disparaissent petit à petit.

Les enfants «sentent» tellement de choses ! Mais ils ne peuvent mettre des mots ni des idées sur ce qu'ils sentent. C'est là où nous pouvons les aider en leur expliquant, de façon directe et simple, ce qui se passe. Alors, ils comprennent. Ce n'est qu'à ce moment qu'ils sont apaisés.

Votre dégoût pour le sexe, votre peur de la mort, devraient s'estomper à mesure que votre psychothérapie progresse. Tant mieux si votre premier rendez-vous a déjà été révélateur. L'émoi que peuvent causer des réminiscences d'une agression est là pour la bonne cause; qui plus est, dans votre cas, il est solidement et professionnellement encadré.

Pussy, je vous souhaite une psychothérapie stimulante et féconde.

Bien à vous,

Georges-Henri Arenstein, Psychologue