Réponse à: PTITPOUCET (aider son conjoint à vivre avec la culpabilité d'un inceste)

Surnom: PTITPOUCET
Pays: Belgique
Âge: 31
Sexe: féminin

Bonjour,

Je vit depuis peu avec un jeune homme auteur d'un inceste sur sa soeur cadette à l'âge de douze ans. Sa culpabilité est immense et je souhaite pouvoir l'aider à comprendre son geste et lui offrir du réconfort.

Visiblement il n'y a eu que des attouchements , sans violence et avec consentement.

Les parents avertis par la gamine de la situation ont fortement dramatisé les faits en exigeant un examen gynécologique de l'enfant et en refusant d'écouter mon ami qui affirmait haut et fort l'absence de pénétration.

De fait , il a été envoyé chez un psy durant plusieures années. Conséquences : Nous nous connaissons depuis un an et au-paravant nos relations étaient moins profondes et nos rapports essentiellement sexuelles et épisodiques. A cette époque nous n'avions aucun problèmes à ce niveau. Depuis que nous sommes réellement en couple il ne veut plus me toucher et rejette mes caresses car il ne parvient pas à chasser cette image de son esprit; il refuse toute thérapie à l'heure actuelle malgré la culpabilité et l'incompréhension qui le dévore.

Il ne se donne pas le droit de construire une relation positive avec moi. Il s'auto-détruit par le jeu , la boisson (même si il n'est pas alcoolique). Il me parle souvent de suicide, de mourrir jeune ... Que puis-je faire pour l'aider à comprendre et accepter son geste ?

Il n'envisage pas de parler à sa soeur pour l'instant, même si il sait que un jour la confrontation sera inévitable.

Il a surtout peur des conséquences pour elle. Il sait que je ne le juge pas alors que j'ai été moi-même victime d'un viol vers l'âge de 20 ans.

Aidez-moi à lui apporter un peu de réconfort face à son désaroi et l'aider à trouver les réponses à ces questions car je suis perdue et ne sais que faire

Merci d'avance.

Bonjour Ptitpoucet,

Pour aider un jeune homme auteur d'inceste à comprendre son geste, il faudrait d'abord et avant tout que vous le compreniez vous-même.

Or tel ne semble pas être le cas. En effet, vous nous dites que « visiblement, il n'y a eu que des attouchements, sans violence, et avec consentement». Déjà par cette phrase, vous minimisez la portée du geste ce qui entraîne une vision tronquée de la réalité. Je n'ai pas dit qu'il fallait l'amplifier non plus mais le voir tel qu'il est.

Ce que je veux dire par «tel qu'il est», ce n'est pas «sans violence», c'est «avec violence» (il n'est pas nécessaire de frapper ou de pointer un couteau pour que ce soit violent : un envahissement par des attouchements est une forme de violence); quant au fait de dire qu'il y ait eu consentement c'est, encore là, faire preuve d'une grave distortion de la réalité. Il est si facile d'obtenir, pour ne pas dire d'arracher, le consentement d'une mineure . qu'il n'y a pas de quoi parader.

Vous nous dites qu'il a été envoyé chez un psy. Bonne chose. Et chez qui d'autre auriez-vous voulu qu'on l'envoie ?

Les parents de la jeune fille ont fortement dramatisé les faits .. et c'est compréhensible. Vous vous attendiez à quoi ? Qu'ils haussent les épaules et passent l'éponge ? Encore une fois ce n'est pas réaliste. Ils ont exigé un examen gynécologique et ils ont bien fait. Ils ont refusé d'écouter votre ami qui proclamait l'absence de pénétration on peut certainement comprendre ces parents de se méfier de l'agresseur de leur fille.

Votre ami semble maintenant vivre une situation de crise et d'auto-destruction. Il est dommage qu'il refuse toute thérapie car celle-ci pourrait pourtant lui apporter soutien, réconfort et acceptation. Une thérapie comporte des étapes et s'il y a interruption du processus lors d'un moment-clé, il est bien évident que la blessure demeure ouverte.

Vous nous demandez quoi faire pour l'aider à comprendre et accepter son geste. Selon moi, le plus sage est de l'inviter à poursuivre sa thérapie. C'est une affaire personnelle entre lui et lui, vous ne pouvez pas vraiment intervenir dans ce processus, si ce n'est par des encouragements occasionnels à se regarder et à s'accepter dans sa démarche intérieure. Voilà le meilleur réconfort que vous pourriez lui apporter. En effet, il est possible en thérapie de dépasser cette souffrance et cette détresse et de se «reconstruire» une bonne image de soi.

Il a peur des conséquences pour elle. Il a raison : les conséquences d'un inceste (avec ou sans pénétration) sont presque toujours nocives pour le développement psychosexuel de l'enfant. L'absence de pénétration ne rend pas l'événement banal. Il est à souhaiter que la jeune fille reçoive elle aussi de l'aide appropriée.

Tant mieux si vous ne le jugez pas : c'est tout à votre honneur, car vous auriez de bonnes raisons de juger les agresseurs puisque vous avez été vous même une victime.

À vous deux, je dis courage !

Bien à vous.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue