Réponse à: MONET (phénomène du souffre-douleur)
Surnom: MONET
Pays: Canada
Âge: 54
Sexe: masculin
Je travaille avec des adolescents et adolescentes dans une école secondaire. Il m'arrive de rencontrer ce que l'on appelle des souffre-douleur. Quelle serait la meilleure définition ou description du souffre-douleur? Quelles sont les causes générales? Quel rôle l'école peut-elle jouer pour aider un jeune aux prises avec ce problème? Quelles sont les approches à privilégier?
Bonjour Monet,
Le bouc-émissaire (ou souffre-douleur) est la personne (jeune ou adulte) rendue responsable par un groupe d'un dysfonctionnement spécifique de ce groupe ou d'un malaise général dans une société donnée.
Tout se passe comme si le souffre-douleur se sacrifie (contre son gré, bien sûr) en vue de l'expiation d'une faute du groupe (réelle ou imaginaire).
L'adolescent bouc-émissaire est inhibé, il présente une capacité relationnelle faible. Il vit de la culpabilité pour un "crime" qu'il n'a jamais commis et reçoit avec complaisance les quolibets de ses compagnons. On pourrait croire que son estime de lui est faible mais pourtant ce n'est pas le cas.
L'école a un rôle à jouer en ce sens que les manifestations du groupe contre le bouc-émissaire sont parfois cruelles et humiliantes. C'est une situation particulièrement délicate car l'intervention de l'autorité pour protéger la victime est tout aussi humiliante pour elle : elle met en relief son incapacité à se défendre seul.
Il serait sage qu'un adulte désigné dans l'école (psychoéducateur ? T.S. ?) prenne la situation en main en vue de protéger le souffre-douleur de façon à la fois discrète et subtile.
Une façon efficace de procéder, serait de créer des liens où il n'y en a pas. Par exemple en favorisant une relation amicale entre le bouc-émissaire et deux ou trois élèves de sa classe qui accepteraient d'entrer en relation avec lui. Ou en permettant au jeune de rencontrer un mentor dans l'école, une heure par semaine. La qualité de cette relation privilégiée va engendrer une plus grande affirmation personnelle.
L'intervention de groupe, telle que pratiquée par les psychoéducateurs, intervention qui met l'accent sur les forces de chaque membre du groupe et sur sa cohésion, peut aussi donner de bons résultats (exemple : une tâche collective à réaliser, tâche où le fameux bouc-émissaire a une chance de briller).
Bonne chance, Monet !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue