Réponse à: MARTIN (fréquence des abus sexuels)
Surnom: MARTIN
Pays: Canada
Âge: 25
Sexe: masculin
Bonjour,
lorsque je lis les rubriques de ces témoignages je suis très frappé par la fréquence des abus sexuels dont sont victimes les enfants. Je commence même à me demander si ce ne sont pas des histoires.
## Moi je me demande plutôt si ce n'est pas la pointe de l'iceberg.
Mais le but réel de mon intervention est que j'ai l'impression que ce qui traumatise le plus les victimes d'abus sexuels ce n'est pas l'abus lui même mais le constat qu'on a été la proie de quelque chose de sale, tabou, malsain et toute la publicité qui est faite pour diaboliser cet acte, de sorte que la victime est plus affectée par cela que par l'acte lui même.
## Le constat dont vous parlez découle quasiment à 100 % de l'abus.
Loin d'encourrager un tel comportement de la part d'adultes, je tiens à dire que certains témoignages le démontrent. Une personne qui commence à se remémorer un abus à cause d'un témoignage qu'elle a entendu et trouve sa vie tout à coup bouleversée par des souvenirs.
## Oui, cela arrive. Et c'est très bien qu'il en soit ainsi. L'abus sexuel a un impact certain sur le comportement et les émotions de la victime; même occulté et oublié, il influence les victimes au niveau inconscient. Il est donc utile et pertinent de se remémorer l'abus malgré le bouleversement qui en résulte. Je suis néanmoins d'accord avec vous sur ce point : le tapage excessif qu'on peut faire dans les médias, dans les familles, etc., peut parfois nuire aux victimes plus que les aider.
Je pense que dans le cas des abus sexuels ou de toutes autres cas d'agressions, il faut éviter le plus possible de remuer le couteau dans la plaie. Il faut apprendre aux gens à pardonner car c'est le pardon seul qui donne la paix. Pour pardonner il faut apprendre à comprendre.
## Personne ne remue le couteau dans la plaie juste pour le plaisir ! Quant à pardonner . c'est une bonne idée, oui, mais je ne suis pas d'accord avec vous comme quoi le pardon seul donne la paix. Le pardon est la dernière étape (facultative) d'un travail de guérison. Je ne suis pas d'accord non plus avec votre affirmation «Pour pardonner il faut apprendre à comprendre ». Mon expérience professionnelle dans ce domaine me porte à penser que pour pardonner, il faut surtout accepter. Accepter des choses incompréhensibles, voilà le défi.
Un acte d'inceste, de pédophilie et tout autres crimes n'est pas l'oeuvre de montres, ce sont bel et bien des humains.
## Je suis d'accord avec vous sur ce point.
C'est cela l'imperfection de la race humaine. Nous avons tous en nous cette imperfection que nous exprimons différemment et que nous n'avons pas eu la malchance d'exprimer heureusement. Il faut changer les approches de thérapie car l'expérience prouve que ce n'est pas en cherchant à tuer celui qui a tué que le meurtre n'existe plus.
## Les approches thérapeutiques ne cherchent certainement pas à tuer celui qui a tué.
Il y a des gens qui même après avoir emprisonné leur bourreau ne sont pas en paix pour cela.
## Exact. Mais l'emprisonnement des criminels n'a pas pour but premier d'apporter la paix aux victimes. Il a pour but d'imposer une sanction à celui qui a commis un délit.
Pensez vous que les gens sont capables de faire justice eux même à tous les niveaux?
## Certains seraient sans doute capables de le faire . mais cette option ne m'apparaît pas souhaitable : ce serait l'anarchie.
Certains peuples ont été massacrés, exterminés pratiquement, menés en exclavage, alors que les bourreaux sont démeurés impunis; leurs déscendants jouissent aujourd'hui des résultats de ces meurtres. Si ces peuples n'avaient pas pardonnés serait il possible de cohabiter aujourd'hui?
## Les descendants de qui ? Des peuples massacrés ou des bourreaux impunis ? J'ignore si les peuples ont pardonné ou non mais si on se fie à l'histoire des guerres, la cohabitation de certains peuples demeure problématique depuis des milliers d'années. En matière de pardon, l'histoire ne fourmille pas d'exemples !
Enseigner aux victimes à pardonner et à chercher à comprendre les actes qui sont posés par des inconscients de sorte que l'enfant ayant réussi à
comprendre l'acte qui a été posé et ayant su que c'est bel et bien naturel que certaines personnes réagissent de la sorte, pourra se sentir moins marginal, et malsain.
## Naturel, vraiment ? Permettez-moi d'être surpris. Et vous suggérez à des enfants de chercher à comprendre des actes posés par des inconscients ? Ceci ne m'apparaît pas réaliste.
De sorte que la petite fille qui a été victime de ces choses et qui a grandi pourra se sentir moins différente. Car on est satisfait que lorsqu'on a l'impression que notre bourreau reconnaît avoir mal agit.
## Ceci aide un peu, dans certains cas. Mais on est encore bien loin de la guérison complète du traumatisme subi.
Pour terminer méditer sur cela : lorsque j'ai été offensé humilié, ma seul vengeance ce n'est pas de chercher à offenser et à humilier l'autre cela crée un cercle vicieux,c'est plutôt que l'autre soit témoins de mon élévation et de ma grandeur, de sorte qu'il se rende compte de la fitulité et de la bassesse de son acte. S'il n'est plus là pour observer ça je ne serai jamais satisfait.(Le plus grand ce n'est pas celui qui offense ou qui replique aux offenses mais bien celui qui pardonne car c'est là une attitude constructive pour tous)
## Je suis bien d'accord avec vous, il est préférable d'éviter vengeance et humiliation, car cela crée un cercle vicieux.
## Cependant, si l'agresseur est témoin de l'«élévation» et de la «grandeur » de la victime, loin de se rendre compte de la bassesse de son acte, il se dépêchera de recommencer avec d'autres victimes afin de les «élever» et de les «faire grandir» encore !
## Pardonner est une attitude constructive pour tous . je vous crois. Mais il y a bien des étapes à parcourir avant d'y arriver.
Merci !
## Merci à vous pour ces quelques commentaires et pour m'avoir permis d'apporter ces précisions.
## Bien à vous.
Georges-Henri Arenstein, Psychologue