Réponse à: MARIE-JEANNE (abus sexuels de mon père)
Surnom: MARIE-JEANNE
Pays: France
Âge: 18
Sexe: féminin
J'ai parlé hier à un ami de mon père, de ce qu'il m'a fait. Il me touchait. C'est très dur à dire à quelqu'un. Petite, ( à environ quatre ans ), j'en avais parlé à ma mère. Elle a dédramatisé, elle a dit que ce n'était pas grave, qu'il m'aimait et ne pensait pas à mal.
Est ce que je dramatise en disant que ma vie en a été bouleversée ?
Ensuite, j'ai vu une psychatre pour le divorce de mes parents ( comme si
c'était plus traumatisant que des attouchements ), et j'ai été confrontée à une femme qui ne me disait rien. Alors je ne lui ai rien dit non plus, et je crois que ça a achevé de me faire perdre confiance en les autres. J'ai cette impression que personne ne s'intéresse à ce sujet en donnant de vrais réponses.
Je doute sur tellement de choses...
J'ai peur quand j'en parle qu'on me trouve bizarre, qu'on me fuit. J'aimerais qu'on me dise quelque chose qui me réconforte. Ne plus vivre dans cet isolement qui est une des choses les plus dures que provoque ce problème.
Je me méfie de tout, des autres, de moi.
J'ai des phantasmes étranges contre lesquels je lutte. Je me sens anormale. La situation est difficile à assumer, car je revois mon père. Une partie de moi lui pardonne, l'autre serait prête à le tuer.
Dois je essayer de lui pardonner, ou cesser tout contact avec lui. Je serais tentée par la seconde solution, mais j'ai peur que les relations que j'ai avec lui soient déterminantes dans mes relations avec les hommes, et que c'est en reglant le problème avec lui que je reglerai le problème avec moi et les autres. En même temps, si je lui en parle, il niera.
Votre site est une petite lueur dans la nuit, merci.
help .
Bonjour jeune fille,
Ta vie a été bouleversée à cause des abus sexuels de ton père. Je ne crois pas que tu dramatises; je crois que tu t'exprimes tel que tu le ressens.
Il est malheureux que la psychiatre que tu as rencontrée était si distante et silencieuse. Tous ne sont pas ainsi.
Mais tu as raison : une situation comme la tienne apporte isolement, doute, perte de confiance et parfois fantasmes étranges . une kyrielle de symptômes désagréables. Il est bien normal que tu veuilles pardonner ton père et le tuer en même temps. C'est bien là le drame des victimes d'abus, à plus forte raison lorsque l'abuseur est une personne chère.
Voici une bonne nouvelle Marie-Jeanne : il est possible de se sortir d'un tel traumatisme. Cela demande un travail psychologique assidu et une aide professionnelle de qualité.
Si tu lui en parle, il niera, dis-tu. C'est très possible. Mais c'est sans importance. Si tu choisis de lui dire, mon souhait pour toi, c'est que tu lui dises, non pour qu'il avoue, mais pour te libérer. Voilà l'essentiel.
C'est en réglant le problème avec lui que tu régleras le problème avec toi et les autres, dis-tu. Pas vraiment. Tu peux t'attaquer à ton problème sans lui et sans ses aveux. Il te faut te réconcilier avec la petite fille blessée en toi (quatre ans) et te faire consoler par la jeune adulte en toi (dix-huit ans). De cette réconciliation naîtra une paix qui te placera en position de parler à ton père avec force et intensité, mais sans haine.
Tes relations avec les hommes sont colorées par ta relation avec ton père, oui, mais pas nécessairement déterminées par elle.
Tu es jeune, Marie-Jeanne, et hautement motivée à changer. Ce sont de très bons atouts pour réussir une psychothérapie. Si tu m'écris (email) où tu habites (la ville et la région) je te fournirai les noms de psychothérapeutes un peu plus bavards et plus chaleureux que ton ancienne psychiatre et ce dans ta région.
Je te souhaite bon succès ! Je te présente aussi ma reconnaissance pour tes bons mots relativement à notre site.
Georges-Henri Arenstein, Psychologue