Réponse à: MALHEUR (crise après une thérapie)

Surnom: MALHEUR
Pays: Canada
Âge: 41
Sexe: féminin

Bonjour, je dois vous dire que je ne sais plus du tout ce qui se passe, je ne me comprends plus, je ne me reconnaîs plus mais malgré tout je garde la tête hors de l'eau mais pour combien de temps, je ne le sais pas.

D'abord je vous résume ce qu'a été ma vie: points marquants: un père alcoolique, une mère débordée et souvent malade par la charge de plusieurs enfants(10) dont moi la 7e...petite fille très renfermée, 1ère de classe, triste à l'intérieur mais montrant une façade toujours joyeuse. Mariée à 18 ans. Terminée des études secrétariats malgré le rêve de devenir musicienne (manque de confiance) 2 enfants avant 23 ans. Beaucoup d'immaturité de la part du conjoint, et moi agressive face à ça. Mais une grande détermination à donner à mes enfants ce que je n'ai pas eu. Alors avec le conjoint, 3 enfants à élever car j'avais affaire à un gars très renfermée, qui ne démontrait aucune affection aux enfants mais qu'il a appris avec ma patience. Beaucoup de conflits durant ces années car j'étais révolté, les idées bien arrêtées, dû à un père alcoolique qui nous abaissais continuellement, j'étais déterminée à ne pas me laisser faire comme ma mère l'avait fait. Dépression majeure à 35 ans, tentatives suicidaires. Après avoir décidé de vivre, démarche en psychothérapie individiduelle et de couple. Quatres années d'acharnements à démystifier, analyser mon passé, mes réactions face à ce passé. Acquérir un équilibre, des outils pour contrôler ces comportements, que je dirais d'obsessif,compulsif, passive-dépendante, manque de confiance qui sont ressortis amplifiés lors de cette dépression.

Un poste d'importance au travail depuis 17 ans, des enfants équilibrés, un mari qui se montre plus affectueux, plus attentifs grâce à la thérapie de couple, nous formons un couple très indépendant vivons un à côté de l'autre, activités personnels, aucune jalousie, voyages agréable où l'on se retrouve, belle complicité, relation amicale, et amour réciproque. Donc à me lire je n'ai plus de problèmes, ma vie semble être sur contrôle et j'ai réussis à surmonter les obstacles.

Mais voilà que lors d'une soirée un gars avec qui je travaille me laisse entrevoir que je l'intéresse. Mais comme j'ai toujours été fidèle et jamais eu l'idée de tromper mon mari car j'attache une grande importance à l'honnêteté. Mais ce gars ne me laisse pas indifférente et voilà que je tombe dans le piège. Lui, il est libre, il accepte que je ne sois pas toujours disponible car ne veut pas me perdre. Je retrouve en sa présence des moments de bonheur qui me déroute.

J'aime mon mari et ce que j'ai construis avec, mais mon raisonnement me fait dire que je ne veux pas tout détruire car quand je crois réellement où ça me mènerait, je quitterais mon mari mais pas pour aller rester avec ce copain, dans un appartement sans attache avec qui que ce soit. Je sais très bien que ces moments intenses que je vis avec ce gars n'est pas la réalité de tout les jours. Je sais ce que c'est de vivre à deux à tous les jours et tout ce que ça comporte. Mais je ne suis pas capable de mettre fin à cette relation et en même temps je me sens incapable de la continuer car je me sens malhonnête. Tout ça me décourage car je me dis avec tout le travail que j'ai fait sur moi, tout les efforts que j'ai fait pour retrouver goût à la vie, pourquoi cela est arrivé, et je ne trouve pas de réponses. Mes jours se passent entre le raisonnement et le lâcher prise pour me donner le temps d'y voir clair mais je sens que je m'enfonce parce que je ne réussis pas à prendre de décision.

Qu'est-ce qui se cache entre ces lignes, il y a quelques choses qui m'échappent et je ne trouve pas. J'ai de plus en plus de moments d'angoisse car à présent je ne me sens plus bien avec un comme avec l'autre. Aurais-je tout fait cette thérapie pour en arriver à me noyer...je suis désespéré.. Merci de porter attention à ce que je vis.

Chère « malheur ».

Je compatis à vos souffrances et comprends vos inquiétudes. Chargée d'un passé extrêmement lourd, vous avez gagné votre bonheur pas à pas et voici que resurgit dans votre vie, une sorte de crise imprévue qui vous fait douter de ce que vous avez arraché à la vie miette par miette.

Rassurez-vous d'abord. La thérapie que vous avez faite n'est pas perdue, loin de là. Songez seulement à comment vous vous sentiriez si ce qui vous arrive maintenant vous était arrivé à 35 ans!

Les quatre années passées en thérapie vous ont sans doute permis de régler bien des choses et ont sans doute augmenté votre capacité d'adaptation dans les situations courantes de la vie.

Seulement voilà. Ce que vous vivez maintenant est moins courant que la vie ordinaire. Ce n'est pas quelque chose qui arrive tous les jours, n'est-ce pas? Vous arrivez à bien voir votre ambivalence et c'est probablement maintenant le temps de la travailler.

En retournant en thérapie pour vous aider à solutionner ce nouveau problème, vous ne tourneriez pas en rond, au contraire. Vous progresseriez vers une vie encore meilleure et votre travail de thérapie serait facilité par le fait que vous avez déjà travaillé abondamment sur vous-mêmes.

Le fait de faire une thérapie à un moment donné de sa vie ne signifie pas que l'on a obtenu un vaccin contre les crises. Il peut arriver qu'on ait encore besoin (souvent beaucoup moins longtemps d'ailleurs) de faire le point dans un contexte thérapeutique.

Ne vous découragez-vous pas. Ce qui vous arrive n'est probablement pas l'indice que vous ne vous en êtes pas sortie mais simplement la manifestation d'une crise que beaucoup de personnes, parvenues au milieu de leur vie, font également.

Vous vous dites probablement : vais-je devoir passer ma vie en thérapie, vais-je toujours avoir à recommencer à tous les 5 ans? Je vous encourage à voir les choses sous un autre angle. Non, vous n'aurez pas à passer votre vie en thérapie. Mais il peut arriver que vous ayez besoin momentanément d'aide pour régler des situations un peu particulières. Retourner en thérapie à ce moment-ci, ce n'est pas un échec, c'est simplement prendre les moyens de préserver le bonheur que vous avez gagné difficilement et qui est compromis par une crise particulièrement pénible. C'est une occasion de grandir encore plus.

Courage, « malheur », résistez et battez-vous.

Jean Rochette, Psychologue