Réponse à: LOUISE (répétition = fatalité ?)

Surnom: LOUISE
Pays: France
Âge: 32
Sexe: féminin

Bonjour,

A 9 ans j'ai été abusée par le grand-père de mes demis-soeurs, homme que je ne vois plus depuis des années. J'ai suivi une thérapie qui m'a sauvée pendant 4 ans. Aujourd'hui, j'ai 32 ans, une petite fille de 6 mois. Mon compagnon connait mon passé et hormis quelques périodes de ma vie ou la blessure se réveille, je suis en harmonie avec moi-même.

Voilà mon problème : j'ai travaillé au sein d'une association contre la maltraitance et dans 90% des cas, les enfants abusés avaient des mères qui elles-mêmes avait été abusées plus jeunes et "profitaient" pour ainsi dire de cet évènement douloureux pour travailler sur elles.

J'ai fait une thérapie et travaillé une bonne partie de ma vie pour éviter d'avoir à connaitre une telle situation. je ne peux pas m'empêcher parfois d'avoir très peur pour ma fille, comme si il y avait un mécanisme de fatalité dans la répétition. Par exemple, sa première nounou avait un mari particulièrement agressif, elle n'y est restée que 4 jours et nous l'avons retirée estimant qu'elle pouvait être en danger.

Pensez-vous que le fait d'avoir travaillé sur soi empêche ce genre de situation de se répéter.Je le crois profondément mais j'ai peur bien que je sois consciente qu'il s'agit d'une projection de ma part. Merci de m'éclairer.

Bonjour Louise,

Vous avez raison, on peut noter un phénomène de «répétition» dans certaines familles où, par exemple, des filles de femmes ayant été victimes d'agression(s) dans leur enfance ou adolescence, se font agresser à leur tour.

J'ai même connu une jeune fille de 14 ans qui s'est fait agresser dans le même parc où sa mère avait été agressée . lorsqu'elle avait exactement le même âge ! Dans certains écrits, ce phénomène porte pour nom «fidélité transgénérationnelle».

Je ne peux que vous donner raison lorsque vous affirmez avoir « travaillé» fort pour éviter que le scénario se répète avec votre fille. Mais attention, ce n'est pas une «fatalité». C'est un ensemble de processus inconscients, très difficiles à cerner, il est vrai, qui se déploient chez la mère; l'anxiété de celle-ci est suffisamment éloquente pour être «décodée» par le radar des enfants (on parle d'un langage infra-verbal); l'anxiété contribue, mine de rien, à «précipiter » un événement qui est justement celui qu'on veut éviter.

Oui, je suis pour ma part convaincu qu'une personne qui a travaillé sur ses propres mécanismes générateurs d'anxiété diminue ainsi considérablement les risques (on n'oserait dire «empêche») de répétition du scénario (pour elle-même et pour ses enfants).

Il s'agit bel et bien d'une forme de projection, mais cette dernière peut être déjouée.

Merci, Louise, d'avoir attiré notre attention sur ce phénomène. Je vous souhaite le meilleur à vous et à votre famille.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue