Réponse à: LIMBES (abusée sexuellement)
Surnom: LIMBES
Pays: Canada
Âge: 44
Sexe: féminin
Bonjour et merci d'écouter ce qui me torture. Juste le fait de savoir que je serai lue m'est réconfortant.
## Bonjour Limbes, je t'ai lue avec attention.
Une de mes soeur a été abusée sexuellement par un de mes frères. Elle avait dix ans et lui dix-huit. Cela a duré jusqu'au jour où, à quatorze ans, elle s'est sentie assez forte pour lui dire "c'est assez. " Ce qui n'empêche que vingt ans plus tard, elle souffre encore de ces quatre années. De grands pans de sa vie sont perturbés.
## Il est vrai que l'inceste entraîne souvent des séquelles à long terme. Pourquoi ne pas suggérer à ta s ur de consulter afin d'apaiser sa souffrance.
Aujourd'hui, ce frère a des enfants dont une fille. A la naissance de celle-ci, il a fait une dépression majeure qui m'a semblé incompréhensible à cette époque. Depuis que ma soeur m'a confié ce qui est arrivé, j'ai l'impression que cette dépression est reliée à ce qui est arrivé alors qu'il avait entre 18 et 22 ans. (sourire: mais c'est un diagnostic personnel et très amateur!).
## Ton diagnostic est loin d'être farfelu, c'est une hypothèse plausible.
Sa fille a maintenant près de onze ans et son comportement avec elle a changé. Alors qu'avant il était plutôt froid et distant, j'ai constaté qu'il lui demande maintenant de venir le trouver, de s'asseoir près de lui sur un divan, il la serre, il lui dit publiquement "Christ que t'es belle..." Si on ne sait pas l'histoire il a l'air d'un père normal qui aime sa fille et a une relation proche avec elle. Mais moi je suis inquiète. Très inquiète. Légalement je me sens tenue d'avertir ma belle-soeur d'un danger qui ne m'apparaît pas farfelu. Je pense qu'il faut protéger sa fille.
Mais voilà, ma soeur n'est pas prète à cela. Pas du tout. Elle est consciente du risque. Je lui ai dit mes peurs et je lui en parle régulièrement. Elle pense aussi que cela peut arriver, elle est inquiète, mais elle est paralysée. Elle a peur ! de cette peur typique chez les abusées devant l'Agresseur. Elle fait du chemin tranquillement. Récemment elle a commencé une thérapie. Elle a parlé de son histoire avec le psy. C'est un pas énorme! Elle ne s'était confiée qu'à moi jusqu'à maintenant.
## C'est en effet un grand pas en avant. Je suppose que tu parles de ta belle-s ur et non de ta s ur.
Je ne veux pas briser le lien que j'ai avec elle. Mais tu vois, pendant que j'écris je me dis: mon frère est peut-être en train de marquer ma nièce de la même manière qu'il a blessé ma soeur et d'enfermer cette enfant dans les même peurs que ma soeur vit.
## Le fait que ton frère ait abusé d'une de ses s urs ne le rend pas « automatiquement» suspect quant au risque de récidive avec sa propre fille. Cependant, une surveillance discrète mais efficace s'impose, c'est une sage précaution.
Dis-moi Georges-Henri, il y a des manières délicates et efficaces pour aborder ce problème? Je pense que je ne pourrai plus me taire longtemps. Je me reproche déjà d'avoir attendu. S'il était déjà arrivé quelque chose! Je me sens complice du possible crime de mon frère par mon silence. Je sais que je ne fabule pas. Dois-je me préparer à encourir la brisure de confiance avec ma soeur qui est une adulte maintenant... Avant de bouger, j'aimerais savoir s'il y a des moyens de faire les choses en générant le moins de dommage possible.
## Toute chose peut se dire de façon brutale ou de façon délicate et ton désir de le dire de façon délicate et efficace et d'attendre que ta s ur soit «prête» à probablement retardé ton intervention.
## Tu crains qu'il soit déjà «arrivé quelque chose», tu te sens «complice»; la peur comme la culpabilité sont ici mauvaises conseillères.
## Je crois comprendre de ton récit que ta belle-s ur n'est pas au courant de ce que son mari a fait dans sa jeunesse. Et je crois comprendre que tu hésites à en parler à ta belle-s ur pour ne pas trahir le lien de confiance. ## Pourquoi ne pas aborder le sujet avec ta s ur et l'inviter elle à informer la belle-s ur ? Ou encore demander à ta s ur la permission de le faire afin de protéger la nièce ? Ce détour aurait le mérite de ne blesser personne. Faire les choses «derrière le dos» demeure une solution valable mais peu éthique, moralement parlant, car tout se passe en cachette du principal intéressé : votre frère.
## Pourquoi ne pas organiser une confrontation (paisible) entre les deux s urs et votre frère ? Il serait de bonne politique de l'informer que vous veillez au grain.
Je te précise que depuis plusieurs mois maintenant, je ne vois plus la famille de mon frère. Il y a eu des événements qui ont provoqué l'éloignement. Je ne suis donc pas en mesure de faire des observations, ni de parler à ma nièce... Je pourrais seulement contacter ma belle-soeur au besoin.
## Oui et ce besoin se fait de plus en plus pressant si je me fie à ta lettre.
Merci d'écouter ce long discours. A toi et à toute l'équipe, je souhaite une bonne période des Fêtes.
## Merci Limbes : message reçu et transmis. Heureuse année 2001 pour toi et pour toute la famille.
Georges-Henri Arenstein, Psychologue