Réponse à: LIFELESS (recherche d'identité, état d'âme ?)
Surnom: LIFELESS
Pays: Canada
Âge: 16
Sexe: masculin
Bonjour...
Tout d'abord, je voudrais vous dire à quelle point ce site que vous entretenez m'impressionne. J'ai lu plusieurs de vos suggestions dans les textes précédents et les ai trouvé très utile pour mon apprentissage de la vie.
Je n'osais pas exposer mon problème car je croyais que mon problème n'était pas si...dramatique ou important et que je risquerai de vous déranger avec un problème de si petite envergure. Mais disons que je pouvais plus supporter de mener mon existence ainsi.
Comme vous pouvez le constater, je recherche ma véritable identité, mon vrai moi. Et mon problème c'est qu'il me semble qu'à chaque fois que je me 'recherche', j'essaye d'adopter une personalité (qui n'est pas la mienne) et si elle ne me conviens pas, je la rejette comme un manteau et j'en essaye une autre. Ne sachant pas s'il s'agit d'une situation de multiples personalités, j'erre dans l'ignorance et la peur. Cette situation me tue littéralement. Ça m'énerve.
Je change constamment de caractère en fonction de la personne avec qui j'entre en contacte. Il se peut que je ne suis pas vraiment moi-même en ce moment. Il faut toujours qu'il y ait cette marge de politesse entre deux personnes. Pas de vulgarités...pas de familiarité...
Je parle 5 langues: français, anglais, vietnamien, espagnol et japonais.
Selon la langue que je parle, ma façon de m'exprimer change incroyablement. En plus, j'ai remarqué que je suis d'une tendance extrêmement influençable. La télé, la radio, l'internet, mes amis, mes parents... tous ces informations me rentrent dans le crâne depuis ma tendre enfance et ont en quelque sorte bâti une sorte de récepteur. Dès que je vois, j'entends quelque chose qui me plaît, je l'enrigistre automatiquement dans ma tête afin de le réutiliser plus tard. Dès que je trouve l'élément plus utilisable, je l'oublie. Parfois je me sens habité par une joie excessive et une énergie explosive. Je parle très fort. Je me fais trop remarquer. Je fais des blagues. J'adopte plusieurs styles de langages. Mais je retrouve aussi triste, dépressif, fatigué (peut-être même au délà de la limite de la paresse au point de ne plus avoir la volonté, la force d'ouvrir une simple porte).
Parfois même, j'ai des pensées noires comme la mort, s'il n'y a vraiment un Dieu ou un entité après la mort, pourquoi on vit(bon, ce ne sont que des questions d'existence, certes).........et quand j'essaye de répondre à ces questions pour voir comment j'analyse (ainsi cela m'aidera à cerner mon moi), je me retrouve avec des réponses toutes étranges, l'une après l'autre. Même si je me dis que ces réponses venaient de moi et qu'elles ne pouvaient être que vrais, j'en suis confus car je ne me reconnaissais pas. N'est-ce pas ironique???
Je me retrouve dans un océan de comportement à adopter et je ne peux même pas reconnaître la mienne tellement qu'il ne me dit rien. Ce que je veux dire c'est que je ne me sens pas du tout moi-même même si j'adopte mon 'vrai' moi. Je ressens que de l'indifférence tout comme lorsque j'agis autrement.
Avec mes amis, mes professeurs, ma propre famille !!! Tout le monde... en fait, non...personne ne m'a vu sous mon vrai jour. Cela m'angoisse surtout sur le plan de mon estime. Pour dire la vérité, plus je pense à cela, plus je me fais des idées sombres sur moi. Je me trouve hypocrite.
Je ne m'attends pas néccessairement à ce que vous me répondiez. J'avais juste envie de le raconter à quelqu'un et vous me semblez digne de confiance et de respect.
Mais si vous pouvez me répondre, je vous demande de me donner quelques conseils pour m'aider dans mon quête sans fin d'identité.
Je vous remercie infiniement pour avoir eu la peine d'avoir au moins lu ce texte et vous demande pardon pour avoir pris un peu de votre temps...
Cela dit, Aurevoir...
Bonjour Lifeless,
Merci pour tes bons mots relativement à notre site et tant mieux si tu le trouves utile ! Je t'assure que tu ne nous déranges pas et que tu ne «prends» pas de notre temps. C'est nous qui décidons d'en donner et ce avec plaisir.
Je crois déceler dans la description de ce que tu es une recherche de ton identité profonde, ce qui me semble bien normal à l'adolescence. Tu le mentionnes d'ailleurs très bien toi-même en nous demandant des conseils pour t'aider dans ta «quête sans fin d'identité».
Apprendre à être vraiment soi-même peut prendre plusieurs années . il s'agit donc d'être patient. Une identité se construit une brique à la fois ! Les périodes de doute et d'insécurité peuvent donc être nombreuses et parfois troublantes. D'autant plus que l'édifice en construction n'a pas toujours l'air de ce que nous avons imaginé. Y as-tu pensé : dans la construction de notre identité, nous sommes à la fois le concepteur, l'architecte, l'entrepreneur, le superviseur . et l'ouvrier. Ça fait du monde !
Il est merveilleux de constater qu'à l'âge de 16 ans, tu parles déjà cinq langues ! C'est une très grande force et je te souhaite de l'utiliser à ton profit. Tu nous rapportes que, selon la langue que tu parles, ta façon de t'exprimer change incroyablement. Ta façon de te sentir aussi très certainement. Ceci est normal : chaque langue est porteuse d'un bagage culturel, d'habitudes de vie, de manières de penser et de sentir, on les endosse toujours ne fût-ce que partiellement, lorsqu'on parle une autre langue.
Personne ne t'a vu sous ton vrai jour, crois-tu. C'est trompeur : en fait tout le monde te voit sous ton vrai jour ! Toutes les facettes de toi sont toutes «vraies» en ce sens que tu les a adoptées, même temporairement. Certaines vont disparaître et d'autres vont rester. Loin d'être hypocrite, c'est d'ailleurs ainsi qu'on se bâtit une personnalité et c'est ainsi que se déroule la transition entre l'adolescence et l'âge du jeune adulte. Rien de ce que tu nous dis ne fait penser à une situation de personnalités multiples.
La seule suggestion que j'ai envie de t'apporter, Lifeless, est la suivante : observe bien les autres et demande-toi ce que ça te fait et comment tu vis cela. Ton corps et ses réactions sont, à ce moment, d'une aide précieuse.
Bonne chance, Lifeless et bien à toi !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue