Réponse à: lAURENCE (deuil de mon enfant)

Surnom: lAURENCE
Pays: France
Âge: 26
Sexe: féminin

Bonjour,

Je ne sais pas l'exprimer par des mots tant ma douleur est grande. Ma petite Allison s'est éteinte dans mes bras le 27 décembre dernier à l'aube de ses 10 ans. Allison avait une maladie génétique rare, une ostéopétrose. Nous avons gagné tant de batailles inespérée, elle aimait la vie, nous aimions la vie. La médecine n'a jamais été d'aucun soutien, bien au contraire, des propos à jamais dans ma mémoire car pour la médecine avec une telle maladie, Allison n'aurait pas dû être la petite fille pleine de vie, d'intelligence et d'amour qu'elle était. Allison allait, vivait à l'encontre de leur pronostic, la médecine n'aime pas avoir tort. Mais pire encore, Allison a passé son dernier mois de vie à l'hopital (en 10 ans, elle s'y rendait très peu) mais ce dernier mois de vie l'a tuée. Elle a subi un acharnement qui n'a pas de nom, subissant des actes médicaux sans anesthésie ou prémédication telle la pose d'une sonde gastrique jusqu'à ce qu'elle saigne par le nez et la bouche. C'est horrible et inimaginable. Il faut que je vous précise qu'Allison était et sera mon enfant pour l'éternité mais qu'en même temps, je ne suis pas sa maman biologique, Allison a été abandonnée par sa maman, à l'époque j'avais 16 ans, (les circonstances de notre rencontre sont complexes et nous n'avions aucun lien de parenté). Seulement, à 16 ans, j'étais trop jeune pour obtenir la garde malgré mon plus grand désir. ALors c'est sa grand mère maternelle qui l'a obtenue après un "marché". J'élevais Allison, sa grand-mère percevait l'argent qu'un enfant Handicapé "peut rapporté". Elle n'a jamais aimé cette petite fille si adorable. Mais peu m'importait, nous n'avions pas besoin d'argent, seulement, beaucoup d'amour et d'espoir. MOn enfant m'a quittée ce lendemain de Noel 99, elle a attendu 4 jour que je lui dise qu'elle pouvait rejoindre un monde sans souffrances, je lui ai promis de continuer à vivre et ellle s'est endormie dans mes bras. Mais mois aussi, je suis morte ce jour. Jusqu'à aujourd'hui j'ai essayé, mis toute mes forces pour survivre (médicament et je vois une psychologue avec qui cela se passe très bien). Mais ma douleur et trop intense, ma culpabilité, elle me manque trop. Dépresssive, anorexique, j'arrive au bout de mon chemin aussi. Allison était ma seule raison de vivre. Certains vous disent, il faut vous reconstruire. Mais pour toute construction, ne faut-il pas des fondations ? Allison était mes fondations, ma construction et son contenu. J'ai une maman que j'aime, un frère et soeur. Un petit neveu que j'adore mais je ne peux continuer à vivre pour eux tant ma douleur est immense. MOn enfant est en paix, je souffre dans cette vie, quelles réponses apporter à ma douleur qu'aucun appareil de mesure ne peut mesurer. Je vous prends du temps, voici un bref résumé d'une vie remplie de bonheur avec une petite fille hors du commun, comme tout enfant est pour sa mère. Merci de m'avoir lue Sincèrement Laurence

Serge GINGER

Chere Laurence,

Ton temoignage m'a beaucoup touche.

De tous les deuils, le plus difficile a depasser est le deuil d'un enfant, et lorsqu'il est handicape, c'est encore plus difficile. Donc, je comprends que tu sois desesperee et il est normal que ce type de deuil dure longtemps. Il va cependant s'attenuer progressivement, surtout si tu le transforme en energie d'amour.

Vous avez vecu 10 annees si intenses que rien ne peut les remplacer. Maintenant, tu vas pouvoir partager l'amour que tu as developpe aupres d'Allison et en faire profiter ton entourage, tes proches et d'autres enfants. Ainsi, c'est comme si elle continuait a vivre a travers toi, en tout cas, a rayonner de l'amour. C'est ainsi que cette experience n'aura pas ete inutile.

Je suis de tout coeur avec toi.

Serge Ginger, Psychologue