Réponse à: JACQUELINE (se sent bien seule et mal quand il est là)

Surnom: JACQUELINE
Pays: Canada
Âge: 40
Sexe: féminin

J'ai lu l'histoire de Tendresse et la mienne y ressemble un peu. Je pense ne plus aimer mon conjoint. Je suis mariée depuis bientôt 20 ans et 2 enfants. Comme tendresse, il travaille à l'extérieur, ne revient que les fins de semaine. La dernière année, il a été absent beaucoup de fins de semaine et j'avoue que ça faisait bien mon affaire. Je me sens bien toute seule. Je me sens mal quand il est là. Il me stresse. Il m'empêche de faire des choses, pas lui, mais moi je m'en empêche. Il y a cinq ans, il m'a trompé. Je l'ai découvert tout de go. J'ai essayé de lui en parlé à maintes et maintes reprises. Comme dans le cas de Tendresse, il change de sujet. Je l'ai mis à la porte, il y a quelques mois. J'étais bien contente. Car, mon deuil est fait pour moi. Je suis incapable de lui pardonner son infidélité. Je n'ai plus rien à partager avec lui. Je suis incapable de sortir avec lui. Sauf, que lui ne veut pas ça. Il veut qu'on continue. Il a avoué sa faute mais ça m'a tout pris pour lui faire avouer. Il était au pied du mur. Il dit qu'il n'était pas capable de me l'avouer, qu'il était malheureux de vivre cette situation, qu'il avait peur de me perdre. Au cours des cinq dernières années, j'ai développé beaucoup d'agressivité envers lui. J'aurais sauté dessus. Je l'aurais fessé. Quand il m'a avoué sa faute, mon agressivité s'est estompé de beaucoup. Il a beaucoup pleuré. En principe, on ne devait plus rester ensemble. Mais il m'appelait sans arrêt, me demandait pour venir jaser, souper. Bref, me reconquérir. Petit à petit, il en est venu à coucher à la maison et à se retrouver dans mon lit. Il me faisait pitié. Oui, c'est de la pitié que j'ai eu pour lui. Il pleurait sans cesse. J'étais contente, ma décision était prise. Mais voilà que la pitié a pris le dessus. On n'était plus ensemble. Par contre, je me demandais ce qu'il faisait quand il n'était pas avec moi. Je le pensais avec une autre ou dans un bar et je dois vous dire que ça me tracaissait énormément. Quand il n'était pas là, j'aurais voulu qu'il me donne signe de vie et quand il était là, j'aurais voulu qu'il n'y soit pas. Il s'est très bien réinstallé à la maison petit à petit. Sauf, que pour moi, ce n'est pas réglé. Je veux qu'on reparle de la situation. Je ne suis pas bien. Je veux aller vivre seule mais j'aimerais qu'on en discute. Des fois, je me dis que je devrais partir pendant qu'il n'est pas là. Je rêve de vivre dans mon chez- moi, décorée par moi, avec mes affaires. Que dois-je faire? Je sens que quelque chose m'accroche à lui mais je ne sais pas quoi? Pourquoi je reste? Il fait tout pour moi depuis qu'il est venu se réinstaller. Le ménage, la bouffe... sauf communiquer, dialoguer avec moi. Lui, il a réglé son problème. Il s'est vidé de l'enfer qu'il vivait avec son péché qu'il devait cacher et il se sent très bien. Sauf que moi, je suis incapable de lui pardonner. J'ai perdu toute confiance en lui. Il voudrait que j'oublie tout ca mais je ne peux pas. Aidez-moi à voir clair. Mes idées sont toutes embrouillées. Une journée, je pars, le lendemain, je reste. Je me décourage, je m'encourage. Je suis tannée de vivre cette tension.

A l'aide!

Bonjour Jacqueline,

Je crois comprendre que vos idées sont toutes embrouillées. Permettez-moi d'essayer de les clarifier. Si vous le voulez bien, parlons de vous en premier.

Je vous cite : "Il a été absent beaucoup de fins de semaine et j'avoue que ça faisait bien mon affaire . je me sens bien toute seule et je me sens mal quand il est là . je l'ai mis à la porte et j'étais bien contente . je suis incapable de lui pardonner son infidélité je n'ai plus rien à partager avec lui . je suis incapable de sortir avec lui . j'ai développé beaucoup d'agressivité envers lui . je l'aurais fessé . j'ai de la pitié pour lui . je veux aller vivre seule . j'ai perdu toute confiance en lui". Ouff ! Cet aspect là de votre message est vraiment très clair. J'espère qu'il est aussi clair pour vous.

Parlons de votre conjoint à présent.

Votre conjoint à manifestement peur de vous perdre, Jacqueline. Il vous sollicite, réussit à vous reconquérir par ses larmes. Il règle son problème . sans trop se préoccuper du vôtre (il ne communique pas et ne dialogue pas ) et finalement se sent très bien. Quant à sa peur de vous perdre, c'est à lui et non à vous, de s'en occuper. Et voilà que la valse reprend : vous vous accrochez, vous restez et c'est le statu quo. C'est la valse des dépendants affectifs à qui les mots autonomie, liberté, initiative, font très peur.

Les livres "Volez de vos propres ailes" et "Adieu", du psychologue américain H. Halpern, décrivent bien cette situation.

Il est important que vous compreniez les nombreux mécanismes subtils de la dépendance affective. Ce sont eux qui vous rendent la vie insupportable.

Consultez sans délai en psychothérapie pour voir clair; il n'est pas évident de se sortir seule d'une situation de confusion.

Bonne chance, Jacqueline !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue