Réponse à: GUIMAUVE (souffre-douleur)
Surnom: GUIMAUVE
Pays: Québec
Âge: 24
Sexe: féminin
Depuis quelques temps j'allais visiter votre site avec curiosité mais je commence à vous faire assez confiance pour m'y exposer moi-même. Voilà, cette introduction exprime bien une partie de ma vie...
## Merci Guimauve.
Pendant mon enfance, de l'âge scolaire jusqu'à 10 ans, j'ai vécu en "rejet" ou "souffre-douleur" si vous préférez. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi. Dans ma tête j'étais poutant comme les autres, physiquement aussi, mais j'étais la risée des enfants du village et personne n'a jamais pris ma défense, malgré mes plaintes aux professeurs, conducteur d'autobus, mes parents, etc. Si vous saviez comme c'est dur en dedans d'être traitée de tous les noms et cathaloguée par ses semblables...
## J'imagine, en effet, que c'est un départ très dur dans la vie.
J'avais pourtant essayé quelques stratégies : l'ignorance intentionnelle que me suggérait mes parents, leur répondre du tac au tac aussi, faire pitié (pleurer). Mais rien n'y faisait. Je me répète mais encore aujourd'hui je ne comprends pas pourquoi c'était ainsi puisque quand nous sommes déménagés dans une ville plus grande, ma vie sociale a complètement changée. En arrivant dans ma nouvelle école j'ai tout de suite été acceptée et même que je suis devenue plutôt populaire. Quelle chance j'ai eue de déménager!
## Parfois, c'est un mystère. Les enfants font d'un des leurs un souffre-douleur. Parfois, la tendance à se laisser faire agit comme une incitation.
Cela fait 14 ans cette année que cet enfer est terminé. Mais je me rends compte depuis quelques temps des ravages que mon enfance a laissée sur ma personne aujourd'hui adulte. Évidemment au niveau social. J'ai eu bcp d'amies. Aucune ne sont restées. Je n'arrive pas à faire confiance entièrement. Dès que la relation devient plus intime, je me mets à prêter des mauvaises intentions à la personne concernée, je lui dit et là j'ai l'air d'une vraie innocente parce que j'avais tort. Évidemment, j'ai blessé mon amie (car dans mon délire je n'y suis pas allée avec le dos de la cuillère)et j'ai donc perdue pour la troisième fois une amie très chère.
## C'est très malheureux, en effet. Tout se passe comme si vous ne faisiez pas confiance en l'amitié d'autrui. Vous avez été trop échaudée.
Même chose au travail. Je sais d'un point de vue rationnel que mon travail est énormément apprécié et que ma réputation n'est plus à faire. Pourtant, j'ai tellement peur d'être mal jugée que je m'obstine à travailler comme une folle jusqu'à, j'en ai bien peur, ce que l'épuisement vienne me chercher. J'ai l'impression que pour être reconnue (et ce dans toutes les sphères de ma vie) il va tjrs faloir que j'en fasse plus que les autres.
## Il y va de votre vie professionnelle comme de votre vie sociale.
Heureusement en amour que tout va bien. J'ai entièrement confiance en mon conjoint et il m'est d'un grand support moral. Quoi qu'il ne peut pas m'aider vraiment...
## En effet, tant mieux si cet aspect là est heureux.
Moi je pensais qu'il fallait identifier son problème pour que tout s'arrange par la suite. Je crois maintenant avoir identifié le mien.
## Il est utile de bien l'identifier, en effet, afin de prendre des mesures appropriées. Ce n'est pas encore la solution en soi, mais c'est un pas dans la bonne direction.
Est-ce suffisant pour que tout entre dans l'ordre dans un avenir proche? J'en ai pas l'impression...
## Je crains bien que non. Les choses ne rentrent pas dans l'ordre par elles-mêmes.
Alors devrais-je commencer une thérapie?
## C'est une excellente idée.
Mais avez-vous idée de combien ça coûte??? hi!hi! C'est une blague, je pense que ma vie vaut plus qu'un bas de laine troué... J'ai réellement envie de me débarasser de ces bibittes.
## Oui ! Ça coûte environ de 50 à 55 $ jusqu'à 90 à 95 $ la séance. Ça peut avoir l'air cher, mais c'est une question de priorité et de choix. Plusieurs plans d'assurance remboursent (en totalité ou en partie) les honoraires de psychologues.
Est-ce vraiment possible? J'ai de la difficulté à croire que je puisse réellement finir par accepter ce passage de ma vie. Bien sûr, je vis de la honte...
## C'est très possible et très réaliste. Votre sens de l'humour étant conservé, vous avez un atout très précieux !
Je sais que ma lettre est longue, mais ça m'a fait du bien d'en parler je pense... J'attendrai votre opinion avec impatience. Mille mercis de considérer ma lettre.
## Avec plaisir, Guimauve. Portez-vous bien.
Bien à vous,
Georges-Henri Arenstein, Psychologue