Réponse à: Carl

Âge: 29
Sexe: masculin
La question concerne un problème que vous vivez ? OUI
Considérez-vous ce problème comme étant grave ? GRAVE

Bonjour, il y a de cela 3 ans j'ai consulté un psychiatre qui a déterminé que je souffrait d'idées obsédantes. (ex. j'ai vu il y a quelques temps un film d'horreur (L'Exorciste) et récemment un soir chez moi je me suis a avoir des flash du film a un tel point que j'ai été pris de panique pensant que j'étais entrain de devenir fou... Je pourrais vous expliquer que c'est comme si lorsque que ces images mentales viennent (je crois qu'il s'agit d'obessions) je suis pris de panique ayant peur de finir par croire que ce qui se passe dans mes pensée soit vraies.

Je suis très lucide et je ne vous dit pas que quelque choses s' acharne après moi ce n'est pas vrai. C'est dans ma tête que ça se passe J'aimerais avoir des trucs pour me rassurer.. Je prends du rivotril .5 mg (3comprimés au coucher cela m'aide un peu... Et j'aimerais savoir comment en parler ouvertement à mon médeçin sans qu'il puisse envisager la psychiatrie.

Un gros merci....

Personne en besoin d'aide!!!

M.E.P. Séligman, psychologue américain reconnu, utilise l'analogie suivante pour décrire les idées obsédantes. C'est comme si un canal (comme à la télévision) émettait des paroles, de la musique (ex. un bout de chanson qu'on a en tête) et/ou des images (ex. vues dans un film) qui sont captés par la conscience. Si on l'ignore, l'émission diminue lentement d'intensité. La plupart du temps, le canal n'est pas tout à fait conscient. Mais quand on le remarque, on peut se mettre à son écoute. Il peut alors être difficile de l'éteindre. Chez certains, le volume est plus fort que chez d'autres. Une part importante de la vie émotionnelle est retransmise sur le canal (ex. elle m'a abandonné, elle ne reviendra jamais). Vous reconnaissez le concept de pensées automatiques dont on a souvent parlé ? (Voir notamment nos dossiers sur les troubles de la personnalité et la dépression). Certains, sur le canal, entendent et voient des choses désagréables ou encore effrayantes. De plus, pour certains le volume est puissant et le canal émet fréquemment ces contenus indésirables. Les gens qui sont le plus bouleversés par les scènes d'horreur dans les films ou les nouvelles seraient ceux qui ont le plus de difficulté à oublier les images. L'idée horrifiante devient bouleversante si l'on ne peut s'en défaire. Plus on est bouleversé, plus il est difficile de s'en défaire. On devient d'autant plus angoissé.

Il y a des évidences indiquant qu'il y aurait un facteur biologique à l'origine des pensées obsessionnelles tout comme pour les crises de panique. La médication est souvent efficace pour les atténuer.

Par ailleurs, il y a aussi des facteurs psychologiques. Ladouceur et Cottraux soutiennent que plus de 90 % des gens présentent ou ont déjà présenté des idées obsédantes. Ils affirment qu'il n'y a pas de différence de contenu entre les obsessions des sujets normaux et des patients obsessionnels. Cependant, ces derniers s'habituent moins à leur pensées obsessionnelles qui sont plus fréquentes et de plus longue durée. Ils présentent aussi des croyances (schémas cognitifs) qui alimentent l'anxiété et nuisent à l'habituation (qui consiste à devenir moins sensible). Vous donnez des exemples de ce type de croyances : qu'en vivant les pensées obsessionnelles et la panique vous pouvez devenir fou, qu'il vous soit possible d'en arriver à croire que ce qui se passe dans vos pensées soit vrai. Moins vous vous inquiétez de vos pensées obsessionnelles (les laisser passer, ne pas leur accorder d'importance) plus elles perdent de leur vigueur. Pour ce qui est de la panique, voyez nos questions fréquentes qui s'y rapportent.

Vous pouvez en parler en toute confiance à votre médecin. Celui-ci est probablement familier avec la problématique des idées obsédantes et des crises de panique. Il s'agit de troubles anxieux qu'il ne confondra pas avec des troubles psychotiques. Si jamais il n'était pas familier, il pourrait vous référer à un psychiatre pour s'assurer du diagnostic et/ou du choix d'une médication mais ces problèmes ne nécessitent pas d'hospitalisation. N'ayez pas peur d'être jugé et décrivez-lui ce qui en est.

Références: Ladouceur, R., Cottraux, J. Ruminations obsédantes dans Thérapie comportementale et cognitive, Masson, 1992.

Seligman, Martin, E. P. Changer, oui, c'est possible, Les Éditions de l'Homme, 1995 (version anglaise 1993)

Hélène Lebel
Richard Paquette

Psychologues, M.A.
PsychoMédia