Réponse à: BEEBOP (limites dans la relation d'aide)
Surnom: BEEBOP
Pays: France
Âge: 33
Sexe: masculin
Je travaille dans une structure d'hébergement et de réinsertion pour adulte (à partir de 18 ans). Le personnel encadrant est constitué, entre autre, d'éducateurs et d'animateurs chargés du suivi social de ces personnes accueilli. Notre relation d'aide s'adresse à des personnes dont on a la charge de gérer, selon la situation, le temps, le budget, de régler leurs difficultés administratives, de recevoir leurs problèmes affectifs et, de temps en temps, faire preuve d'autorité dans le cadre de la vie en collectivité. Le problème que rencontre l'équipe éducative est le suivant : Nous nous apercevons que certain membres de cette équipe invite les personnes résidentes, chez eux, au restaurant, que sais j'encore... Ceci ce passe hors de leurs horaires professionnels et ne fait pas parti d'une action éducative. Je fais parti de ceux qui pense que cela tend à prendre certain risque à plusieurs niveaux : d'un point de vue affectif, de la gestion du transfert (bien connu) et d'autres difficultés inhérent la collectivité car ces " complaisances" ne s'adressent pas à tout le monde... L'avis d'un professionnel de la relation d'aide m'intéresserait pour la question suivante. Existe-t-il d'un point de vue théorique une définition concernant les limites à s'imposer dans la relation d'aide dans le milieu éducatif, comme celles qui existent pour le psychanalyste et son patient ? Ceci vient de créer un débat dans l'équipe et nous aurions besoin de référence, des avis extérieurs de professionnels permettant d'établir une base de réflexion.
Je vous remercie pour votre réponse instructive..
Bonjour Beebop,
Vous posez là une question fort importante, pour ne pas dire essentielle. Si, dans le contexte d'une psychothérapie individuelle, le cadre est très strictement défini (aucune relation amicale, ni sociale avec le patient), dans une structure d'hébergement et de réinsertion, lorsque les éducateurs et les animateurs s'occupent du suivi social des usagers et de la solution de leurs difficultés personnelles du quotidien, le cadre habituel ne s'applique plus nécessairement de la même façon.
Dans une perspective de justice pour tous, le bon sens recommande que la sortie au restaurant, par exemple, soit ouverte à tous, sans distinction. Si l'offre ne concerne que certains heureux élus, d'inévitables et malheureuses inégalités en résulteraient.
Pour ce qui est d'inviter les résidents au domicile des éducateurs, je pense exactement comme vous : c'est une liberté qui transgresse une règle d'or, la vie privée de l'intervenant (mis à part quelques rares dévoilements qui appartiennent à "la relation réelle") doit rester cloisonnée.
On aura beau accuser les tenants de cette règle d'or de puritains ou de perfectionnistes, il n'en reste pas moins que sa raison d'être repose autant sur des vieux concepts psychanalytiques (auxquels on peut choisir d'adhérer ou non) que sur une considération plus prosaïque : la frontière de l'intervenant, sa protection, la ligne qu'il trace entre vie à la maison et vie au travail. Lorsqu'une telle frontière devient floue, la porte est grande ouverte aux risques et aux abus de toutes sortes. Sans compter la confusion qui ne manquera pas de s'installer chez l'usager.
Je demeure convaincu que les inconvénients sont plus grands que les bénéfices qui en résulteraient. Après tout, les éducateurs et les animateurs ont un statut qui ne les amène pas normalement à devenir les amis des usagers. Ignorer ce fait c'est ignorer ce qui est. Bonne réflexion, Beebop !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue