Réponse à: BART (que dois-je faire ?)
Surnom: BART
Pays: Canada
Âge: 16
Sexe: masculin
Bonjour!
Avant de raconter mon histoire, je tiens à dire que c'est vraiment super de faire du bénévolat comme vous le faites. Ça doit vraiment vous demander beaucoup de temps!
Excusez-moi d'avance si ce n'est pas très ordonné dans la lettre, mais je fais mon possible, je me sens tellement bizarre.
Premierement, en octobre dernier je suis tombé en amour avec une de mes amies. Le problème, c'est que j'ai eu quelques histoires avec cette fille. Elle m'a déjà dit qu'elle m'aimait, mais par après elle a refusée quand je lui ai demandée de sortir avec. Mais encore aujourd'hui (après plus de 6 mois), je pense toujours à cette fille, c'est une des seules personnes que j'ai aimé dans toute ma vie, et je ne suis pas capable de me la sortir de la tête. J'en rêve souvent la nuit, que je sors avec elle, qu'elle déclare son amour pour moi, mais je me fais réveiller par ma mère qui me crie après pour que je me lève, et ma journée est déjà gâchée.
Son amie était au courant que j'y pensais toujours, et elle trouvait que ça n'avait plus de sens comment j'y pensais, qu'on ne pouvait pas aimer quelqu'un à ce point à 16 ans. Elle me mentait souvent aussi en me disant que celle que j'aimais me détestait, seulement pour que je l'oublie. Alors je n'en parle plus, et elle pense que je l'ai oubliée. Mais je garde tout pour moi, et la je capote! Comment je pourrais arrêter d'y penser, il n'y a personne d'autre qui compte à mes yeux. C'est rendu que je ne considère plus du tout les autres filles tellement elles ne valent rien à coté d'elle. J'ai peur de ne plus pouvoir regarder ailleurs qu'elle.
Aussi, j'ai un problème de jalousie envers un de mes amis. Il capable de sortir avec toutes les filles qu'il veut (demandez-moi pas pourquoi, je ne le sais pas) et lui, il me considere comme son meilleur ami. Mais il est toujours en train de jouer avec mes sentiments. Je fais tout pour lui, mais ce n'est jamais assez. Il en veut toujours plus, et du moment que je lui refuse la moindre affaire, il dit « Un vrai meilleur ami ça ne fait pas ça à son meilleur ami. » alors je me sens obligé de faire tout ce qu'il veut. Il m'appelle des fois seulement pour que je le reconduise chez un autre ami, ou à la banque, ou bien pour que je lui amène du pot (mon voisin en vend...).
Mais lui, ce n'est pas le seul qui me fait ça, depuis que j'ai mon permis de conduire c'est l'enfer (j'ai été le premier à l'avoir). Cet ami, aujourd'hui, faisait une sortie seul avec celle que j'aime. C'est peut-etre cela qui me rend si triste en ce moment, je ne sais pas. Mais il est au courant que je l'aime encore... on dirait qu'il fait tout pour me rendre triste. Si jamais il sort avec cette fille, je crois vraiment que je vais péter une crise, ou bien pleurer des jours de temps...
Ce que je ne comprends pas, c'est que tous ces problèmes (yen a d'autres mineurs) j'y pensais seulement le soir en me couchant. J'y pensais tellement que je ne dormais presque plus pendant la nuit. Je me sentais tellement triste, mais aussi manipulé par mes amis, on dirait qu'ils se servent de moi, qui me jouent dans le dos des fois. Des fois, je pleure pendant plus d'une heure le soir en me couchant. D'autres fois je me fais des plans dans la tête, comme « qu'est-ce que je ferais si je me suicidait ??» J'ai jamais vraiment songé au suicide, mais le soir j'y pense de plus en plus souvent à poser le geste seulement pour montrer aux autres le mal qu'ils me font. Quand je dis que j'y pensais seulement le soir, c'est que depuis une semaine je ne suis plus capable de voir mes amis tellement je suis à bout. Le coeur me serre depuis tout ce temps et j'ai toujours envie de pleurer.
Je ne sais plus quoi faire, je voudrais retrouver ma bonne humeur comme avant, pouvoir voir mes amis sans être très bête. Que dois-je faire?
Bonjour Bart,
Merci en premier pour ton gentil commentaire relatif à notre travail.
Tu sembles passer un très «mauvais quart d'heure» comme on dit. Examinons tout cela ensemble.
Tu nous dis que tu aimes cette fille, mais qu'elle a refusé de sortir avec toi. Tu es donc bien informé de sa position : elle-ne-veut-pas ! Il te reste donc à t'ajuster à cette réalité. Tu nous dis que tu n'es pas capable de te la sortir de la tête ? Parfait; qu'elle y reste ! Elle fait partie de tes plus beaux souvenirs. Quelle chance tu as il y a des gens qui n'ont même pas de beaux souvenirs.
Je comprends aussi que tu fais une «fixation» sur cette fille, au point que personne d'autre ne compte à tes yeux. C'est possible, mais c'est temporaire. Même si tu trouves ça long, cette période est quand même utile et nécessaire. Elle te permet de te rendre compte que tu es capable de survivre sans elle et que tu peux réussir à t'en passer sans trop de mal (sauf l'impression de «capoter» de temps en temps).
Ce que je crois, c'est qu'un jour ton regard sera attiré par une autre fille et que tu la trouveras formidable.
Tu nous parles ensuite de cet ami qui «joue» avec tes sentiments. Tu fais tout pour lui et ce n'est jamais assez, il en veut toujours plus. Je vois bien que tu te sens obligé de faire tout ce qu'il veut (donner des lifts, etc.) pour être aimé de lui et pour conserver ton statut de «meilleur ami». Cependant, je constate que tu n'es pas son meilleur ami mais plutôt son meilleur esclave : il t'appelle et tu accours !
Peut-être as-tu peur de lui refuser la moindre affaire car il pourrait te retirer son «amitié». Mais penses-y un moment. Est-ce bien d'amitié dont il s'agit ? En fait, c'est d'un taxi dont il a besoin (n'importe quel chauffeur ferait l'affaire !). En plus cet ami fait tout pour te rendre triste ! Qui a besoin d'un tel ami ?
Je peux cependant bien comprendre ta tristesse, Bart : tout se passe comme si tu donnais beaucoup de positif aux autres et toi, tu ne récoltes pas grand chose. Pas étonnant que tu aies le goût de pleurer et que tu broies du noir. Tu envisages même le suicide pour démontrer aux autres le mal qu'ils te font. Je crains que ce ne soit pas une méthode efficace : es-tu si sûr que c'est ça qu'ils vont comprendre ? Et même s'ils comprennent tu ne seras pas là pour savourer ta victoire.
Je te propose plutôt d'apprendre à fermer la porte, soit à dire non à ce qui ne fait pas ton affaire. Si tu refusais un lift, ton «ami» te dirait «Un vrai meilleur ami ne fait pas ça à son meilleur ami», ce à quoi tu pourrais répondre «Moi oui, je fais ça». Tu sais Bart, il suffit de demeurer ferme une première fois; les fois d'après tout est beaucoup plus facile. Il est possible que tu perdes son amitié mais tu auras gagné de l'aplomb, de l'assurance.
Je t'invite à considérer la possibilité de changer d'attitude envers toi-même. Désormais, tu pourrais faire ce qui te tente vraiment et non ce que les autres veulent.
Je reconnais que c'est un gros programme et que tu as une côte à remonter. Mais ça peut se faire. Commence aujourd'hui. C'est ce que je te souhaite.
Bien à toi et courage !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue